Condemned
Si les ambiances pour le moins remuantes du X05 et de l’E3 ne nous avaient pas permis jusqu’ici d’apprécier Condemned dans de bonnes conditions, le mal est désormais réparé. Seul dans le noir, le jeu d’action de Monolith Productions va vous coller au siège.
Dès le générique du jeu, le ton est donné, images syncopées, esthétique étrange, nous sommes dans l’univers tendu du thriller, la lignée Se7en venant immédiatement à l’esprit. Comme le personnage incarné par Brad Pitt dans le film de David Fincher, vous commencez d’ailleurs par enquêter sur un meurtre sordide commis par un serial killer. Devancé par un planton de base, vous, Ethan Thomas, membre du Serial Crime Unit (SCU), pénétrez dans un sous-sol sordide où la crasse suinte et où le bourdonnement ambiant servira d’unique ambiance sonore. Le décor étant planté, très vite, vous allez devoir commencer vos investigations en partant à la recherche d’indices. Pour cela, une lampe verte fluo se chargera de trouver des traces organiques qui, une fois repérées et photographiées, pourront être envoyées à votre correspondante au labo. Ces premiers pas dans le monde de Condemned sont l’occasion de découvrir le magnifique travail effectué sur le design général du jeu avec des textures travaillées, des effets de lumières savamment étudiés ou encore une foule de petits détails prompts à refroidir le plus guilleret d’entre vous. Toutefois, le jeu ne pouvant s’en tenir qu’à une simple enquête policière, très vite les événements vont le faire basculer dans l’action horrifique. En effet, vous allez devoir lutter à coup de tuyaux avec d’impressionnants fous furieux animés par une drogue destructrice. Pour cela, vous pouvez dans un premier temps arracher des éléments de tuyauterie avant, par la suite, d’accéder à d’autres armes : pied-de-biche, planche clouée, hache, marteau mais également pistolet et fusil à pompe. Ne vous réjouissez pas trop toutefois à l’évocation d’armes à feu, elles ne contiendront qu’un nombre minimal de balles et deviendront très vite aussi utiles qu’un morceau de bois. Monolith Productions encourage d’ailleurs leur non utilisation puisque le joueur n’utilisant aucune arme à feu dans les passages qu’il nous a été possible d’essayer, sera gratifié de points supplémentaires sur sa carte de joueur, nouvel élément du Xbox Live à la sauce 360. D’autres éléments seront également à découvrir (oiseaux morts et plaques de fer) afin d’améliorer votre score sur le jeu.
Les combats dans Condemned se basent sur le duo : bloquer / frapper. Cela nécessite une certaine maîtrise du timing qui s’acquiert à peine après quelques morts violentes. Chaque arme que vous pourrez utiliser ayant ses propres capacités, vous pourrez à loisir comparer leurs performances respectives dans les domaines de l’impact, de la vitesse, de la portée et de l’esquive. Le bruit asséné par les coups et l’effet visuel qui les accompagne étant assez impressionnants, mieux vaudra alors garder son sang froid sous peine de devenir une cible facile. Heureusement, les ennemis, sur le début du jeu, n’attaquent jamais à plus de deux à la fois et vous pouvez toujours utiliser en cas d’extrême urgence votre tazer pour les immobiliser temporairement. Vos charges électriques étant également réduites à la portion congrue, il conviendra toutefois d’être très économe dans ce domaine. Vos armes ne vous serviront pas uniquement à vous défendre puisque les plus lourdes (hache, marteau) seront également là pour vous frayer un chemin en démolissant une porte ou pour briser un cadenas. Si nous ne vous dévoilons pas d’autres éléments de scénario, sachez toutefois que Condemned emprunte, dans sa manière de narrer une histoire, des éléments du cinéma. Entre visions et flash-back, votre progression dans les événements ne se fait pas de façon linéaire, contribuant à renforcer cette sensation d’étrange qui reste collé au corps pendant le jeu. Les apparitions d’ennemis font également l’objet d’une savante mise en scène, entre ombres se faufilant à proximité, entrée grandiloquente dans une nimbe de lumière ou surgissement depuis la pénombre. D'autres facteurs artistiques tels que le lèger filtre granuleux parfois perceptible, la décolorisation volontaire de l'image, le travail sur les teintes sépias ou encore la multitude de détails dans les décors renforcent une immersion qui vous prend aux tripes. C’est dans cette optique que l’on se rend compte que Monolith Productions compte déjà une avance substantielle sur ses concurrents dans le domaine de l’utilisation d’une console next gen’. En effet, plutôt que de nous resservir un jeu actuel simplement embelli, les développeurs de Condemned utilisent les progrès techniques et la puissance de la Xbox 360 pour créer une véritable ambiance oppressante servie par une direction artistique déjà bluffante à l’issue de l’heure passée dans les tréfonds de Condemned. De là à conclure que Condemned est, à ce jour, le jeu le plus prometteur du line up de sortie de la 360, il n’y a qu’un pas. Que nous franchissons allègrement. Vous savez désormais quel sera mon premier jeu next gen’…