"Charlatans", "Menteurs", le créateur d'Ori étrille les responsables de Cyberpunk, No Man's Sky et Peter Molyneux
Voilà un coup de sang que personne n'a vu venir. Thomas Mahler, fondateur de Moon Studios et Game Director sur les jeux Ori and the Blind Forest et Ori and the Will of the Wisps, vient de s'exprimer autour de la polémique de Cyberpunk 2077, des promesses non tenues du studio CD Projekt Red, mais aussi des pratiques utilisées dans le milieu du jeu vidéo par certains créateurs et studios pour créer de la hype et vendre un maximum de jeux en pré-commande. Dans un long message posté sur les forums de ResetEra et intitulé "Pourquoi les joueurs continuent de faire confiance aux charlatans, et même leur pardonner ?", Thomas Mahler s'en prend également à Peter Molyneux, le créateur de la série Fable, mais aussi au studio Hello Games et son fondateur Sean Murray qui a lui aussi menti sur le contenu de No Man's Sky au moment de sa sortie.
C'est quelque chose qui me dérange depuis un moment et qui me met hors de moi à chaque fois que cela se produit. Et à chaque fois, c'est la même chanson, les gens continuent de se faire avoir. Tout a commencé avec Molyneux. C'est le roi du "plutôt que de vous détailler ce qu'est mon produit, laissez-moi m'enflammer sur ce que le jeu pourrait être afin de vous hyper". Et il n'y avait aucun problème jusqu'au moment où vous dépensez votre argent et que vous vous rendez compte que le jeu n'a rien à voir avec la hype propagée par Peter. Il a fait ça pendant une décennie, et journalistes comme joueurs adoraient écouter Oncle Peter et toutes ces choses extraordinaires qu'ils pourraient faire pour l'industrie.
Thomas Mahler reproche en effet à Peter Molyneux d'être l'un des spécialistes de la vente de poudre de perlimpinpin, de promettre monts et merveilles aux joueurs et ne pas respecter ses engagements. Il est vrai que le premier Fable sorti en 2004 sur Xbox avait des ambitions démesurées, comme le fait que le héros principal puisse évoluer, de jeune enfant à adulte expérimenté. Mais les passages entre les différents âges étaient au final assez peu exploitées, tandis que les possibilités de gameplay bien plus limitées par rapport à ce qui était annoncé par Peter Molyneux. Son Project Milo développé sur Xbox 360 avait pour but de montrer toutes les possibilités d'interaction entre le jeu vidéo et son utilisateur via Kinect. Là encore, Peter Molyneux nous avait proposé des démos qui semblaient irréalisablee, comme la possibilité de transmettre des objets IRL que le personnage dans le jeu pouvait alors récupérer dans son univers en 3D. Finalement, le Project Milo n'est jamais arrivé à son terme et a donc été abandonné. Mais Peter Molyneux n'est pas le seul à avoir été la cible de Thomas Mahler, Sean Murray, le fondateur de Hello Games, et créateur du jeu No Man's Sky en a pris aussi pour son grade. Morceaux choisis :
Ensuite, il y a eu Sean Murray, qui a visiblement tout appris du livre d'apprentissage de Peter Molyneux. Apparemment, ce mec adoooorait être sous le feu des projecteurs. Les jours qui ont précédé la sortie de No Man's Sky, il vantait les mérites du mode multijoueur qui n'existait même pas et s'enorgueillissait de voir les gens penser que No Man's Sky était le "Minecraft dans l'Espace," un jeu dans lequel vous pouvez littéralement faire n'importe quoi (le fait de pouvoir faire n'importe quoi est généralement un thème utilisé par les charlatans du jeu vidéo pour attirer du monde). Bien sûr, il y a eu un bad buzz phénoménal au moment de la sortie de No Man's Sky et le produit ne ressemblait à rien de ce que nous avait promis Sean Murray. Et qu'est-ce qui s'est passé après ?
Maintenant qu'ils ont sorti tout un tas de mises à jour, oublions donc tous les mensonges, les enfumades, et hey, pourquoi on ne le couvrerait pas de récompenses car il a d'une certainement manière respecté ce qu'il avait dit au sujet de son jeu des années auparavant. Merci Geoff Keighley. Récompenser ce type de comportement va certainement aider l'industrie à évoluer.
Si Thomas Mahler se montre aussi vindicatif à propos de Sean Murray, c'est aussi parce qu'il se rappelle qu'au moment de la sortie de son jeu Ori and the Blind Forest, un magazine spécialisé (qu'il ne cite pas d'ailleurs) a préféré choisir faire sa couverture sur No Man's Sky plutôt que son jeu, après avoir estimé que le titre de Hello Games allait sans doute devenir le GOTY de l'année. Amer, le fondateur de Moon Studios n'a évidemment pas manqué de revenir sur l'affaire de Cyberpunk 2077, qu'il explique être le sommum en matière de tromperie sur la marchandise, puisque cette fois-ci, tout le département marketing s'en est mêlé.
Et puis est arrivé Cyberpunk 2077. Etant donné qu'il était créé par les mecs derrière The Witcher 3, il allait forcément être bon. "Voici l'univers de Cyberpunk et - faites-nous confiance - vous allez pouvoir faire ce que vous voulez dans le jeu ! Cette fois-ci, tout le département RP (relations publiques) de CD Projekt RED a repris toutes les méthodes utilisées par Molyneux et Murray et s'en est donné à coeur joie. Les joueurs se sont emballés sur le fait que ça allait être le GTA sauce science-fiction. Comment ne pas tomber amoureux ? Chaque vidéo créée par CD Projekt Red a été étudiée scrupuleusement pour faire croire aux joueurs que le jeu allait être de la pure folie. Ils se sont arrêtés juste avant ed nous faire croire que leur jeu allait soigner le cancer. Cette stratégie a réussi à générer un total hallucinant de 8 millions de précommandes. Que s'est-il passé après ? Tout n'était que mensonges. Le produit final n'est qu'une partie mineure de ce que les développeurs avaient promis, et le pire de tout, c'est qu'il tournait à peine sur les consoles où il était supposé "fonctionner étonnamment bien !
C'est un véritable pavé que Thomas Mahler a jeté dans la mare, au point que ResetEra a été obligé de fermer le topic pour éviter tout débordement. Si le créateur des deux épisodes d'Ori a été largement soutenu par les joueurs, d'autres n'ont pas hésité à lui rappeler que ses jeux étaient loin d'être parfaits à leur sortie et que des soucis techniques étaient également connus. Toujours est-il qu'une telle prise de parole dans cette industrie est inédite, les développeurs n'ayant pas l'habitude de se tacler de la sorte entre eux ; un exercice laissé habituellement aux joueurs et aux journalistes. Doit-on y voir une certaine prise de conscience et une ouverture de la parole entre concepteurs de jeux vidéo ? Entre temps, sachez que Thomas Mahler est revenu sur ses propos, s'est excusé de s'être emporté aussi violemment et d'avoir nommé des personnes qu'il n'aurait pas dû.