Bully / Canis.Canem.Edit
On n’y croyait plus ! Annoncé peu avant l’E3 2005 puis passé sous silence pour des raisons obscures, Bully fait un retour fracassant sur le devant de la scène, avec un titre flambant neuf pour l’Europe. Canis.Canem.Edit ne faisant pas l’unanimité ici, on continuera à l’appeler Bully, histoire de jouer les rebelles. La production du jeu touchant bientôt à sa fin, Rockstar Games semble fin prêt à communiquer autour de son nouveau titre qui a déjà engendré une polémique avant même sa sortie. Une politique assez classique chez l’éditeur certes, mais y a-t-il de quoi vraiment être scandalisé ? Pour en avoir le cœur net, nous nous sommes rendus dans le fief londonien de la firme pour mettre la main sur le jeu. Premières impressions à chaud.
"To bully". Littéralement intimider. Dans le cas du nouveau jeu signé Rockstar Games, il s’agit plutôt de bizutage, le nouveau credo de ce projet en développement depuis quelques années chez Rockstar Vancouver (anciennement appelé Barking Dog Studios) récemment rendu célèbre grâce à l’adaptation du film de Walter Hill : The Warriors, avec lequel il partage d’ailleurs quelques points en commun. Côté scénario, on est tout de même loin des gangs déambulant dans les rues de New York, à la recherche du moindre flacon de produits illicites. En effet, l’histoire de Bully / Canis.Canem.Edit suit les pérégrinations de James Hopkins, intimement appelé Jimmy, jeune garçon de 15 ans au caractère bien trempé. Détestant son beau-père au point de le considérer comme un inconnu, Jimmy est donc abandonné par sa mère, préférant aller roucouler tranquillement avec son nouvel amant. Agé tout juste de 15 ans, notre sosie de Wayne Rooney est un enfant jugé difficile, collectionnant les renvois de toutes les écoles publiques. C’est pourquoi, il est placé à la Bullworth Academy, lycée réputé pour sa sévérité et dernier bastion pour notre héros en culotte courte pour pouvoir intégrer un cursus scolaire normal. Il va donc devoir apprendre à respecter les règles qui régissent sa nouvelle école et se tenir à carreau. Chose pas franchement facile pour un nouveau venu, souvent victime de bizutage.
Bully Bill
L’apprentissage de la vie, l’initiation vers le monde adulte, c’est autour de ces deux thèmes qu’est construit le concept de Bully / Canis.Canem.Edit. Un parcours initiatique qui se fera au travers de nombreuses missions - un peu dans la même veine que GTA - auxquelles s’ajoutent divers ingrédients repiqués à The Warriors. Le système de combat par exemple nous fait irrémédiablement penser au beat’em all de Rockstar Vancouver avec de nombreux combos possibles et des chopes traitées ici avec humour. Si les impacts et certains coups (notamment ceux placés entre les jambes) nous obligent à plisser des yeux et à réagir avec douleur, Bully / Canis.Canem.Edit ne baigne à aucun moment dans la violence gratuite, loin de là. D’ailleurs la recommandation PEGI 16+ confirme qu’après Table Tennis, Rockstar Games semble décidé à limiter les scandales. Pas de sang, pas d’armes à feu ni d’armes blanches, il y a au pire une batte de base-ball qui permet d’assommer les camarades de classe un peu récalcitrants. D’ailleurs, si vous comptiez tuer des gens dans Bully / Canis.Canem.Edit, il y a de grandes chances pour que vous soyez déçus. Car, il faut bien avouer que dans le fond, Jimmy n’est pas un bad boy comme on aurait pu l’imaginer. Certes, les bagarres sont légions dans Bully / Canis.Canem.Edit mais elles restent dans le domaine du politiquement correct.
S’il s’autoproclame comme un enfant rebelle, il n’est pas du genre à chercher les poux dans la tête des autres élèves de l’académie et préfère en revanche se rendre dans le dortoir des filles pour aller récupérer quelques strings perdus, ou jeter un œil dans les douches. A 15 ans, la puberté est en plein éveil et Jimmy n’est pas du genre à laisser traîner sa langue dans sa poche. Toutefois, conquérir le cœur d’une charmante demoiselle ne sera pas chose facile et Jimmy devra essuyer quelques râteaux et quelques coups de pied dans les coucougnettes avant de pouvoir flirter comme un grand. Si les castagnes ont la part belle dans le jeu, les phases de séduction permettent à notre héros en culotte courte de gagner en confiance et ainsi faire grimper son niveau de vie.
Bullymique
Le gameplay de Bully / Canis.Canem.Edit est construit avec une très grande cohérence et l’environnement a été travaillé de façon à plonger le joueur dans une année scolaire typique des classes aux Etats-Unis. Découpé en 5 chapitres distincts, le jeu joue avec le temps et les missions varient en fonction des saisons. Si l’on est tenté de faire l’école buissonnière en allant zoner dans la ville, il ne faudra pas oublier de se rendre en classe, lorsque la sonnette retentit. Assister à un cours, qu’il soit de chimie, d’art, de mathématiques ou de langues, permet d’améliorer les compétences de Jimmy. Les cours ont à ce propos été traités de façon originale puisqu’il s’agira de mini-jeux, découpés en plusieurs niveaux de difficulté. Bien évidemment, les plus rebelles peuvent refuser de se rendre en classe mais gare au préfet qui veille au grain et qui n’hésitera pas à courir après notre garnement et l’envoyer illico presto en cours ou le sanctionner d’un blame, d’autres petites épreuves liés eux aussi au gameplay du jeu.
S’il existe une certaine liberté dans le jeu, elle sera limitée par les différentes missions principales qui obligent le joueur à suivre une certaine ligne directrice. Tant mieux ! Trop de liberté tue la liberté et les quelques missions auxquelles nous avons joué offraient une certaine diversité dans le gameplay pour nous tenir en haleine jusqu’à la fin. Très fins, bien travaillés et toujours aussi bien doublés (en VO j’entends) les dialogues de Bully / Canis.Canem.Edit apportent à l’ensemble un certain cachet. S’ils sont caricaturaux, chacun des protagonistes du jeu dégage un charisme affirmé - ce qui permet au joueur de rentrer totalement dans l’ambiance du titre - et ce, malgré une réalisation un peu légère, proche de The Warriors. La bande sonore n’est pas en reste avec des références musicales qui permettront de tendre l’oreille régulièrement. A mi-chemin entre GTA et The Warriors, Bully / Canis.Canem.Edit est un jeu à prendre au second degré, bardé de petites références et à l'ambiance rafraîchissante. En somme, un cocktail explosif qui arrivera en Europe à la fin du mois d'octobre sur PlayStation 2 uniquement.