Assassin's Creed Shadows : un autre scénario, sans le samouraï noir, aurait été prévu au départ...
Un jour un drama. Et cette fois-ci, ça concerne Assassin's Creed Shadows qui se trouve en ce moment au coeur d'une nouvelle polémique, ça n'arrête plus. Il y a deux jours, Ubisoft a dévoilé le nom définitif du jeu, son premier trailer CGI, des détails sur son gameplay, ses personnages, leur histoire, l'open world, les éditions collector, leur prix aussi. Plusieurs choses sont évoquées, mais là, il est question de Yasuke, el famoso samouraï noir, celui qui ne serait pas à sa place selon certaines personnes, qui remettent en doute d'ailleurs son existence. Avec tout ce pataquès, une personne est sortie du bois, révélant avoir travaillé pour Ubisoft sur cet Assassin's Creed au Japon, notamment sur l'histoire. Selon ses dires et son message posté sur Twitter, au départ, aucun samouraï noir n'était prévu dans cet épisode au pays du Soleil-Levant, c'était une toute autre histoire. On apprend d'ailleurs que les premières ébauches sur cet Assassin's Creed au Japon remontent à 2013-2014, ce qui signifie que cela fait plus de 10 ans que l'éditeur songe à transporter sa série fétiche dans ce pays si iconique de la culture populaire, notamment dans le jeu vidéo. Voici la traduction de son tweet :
"J'ai travaillé sur certains éléments narratifs de l'ère Sengoku du Japon pour Assassin's Creed en 2013-2014, lorsque je travaillais sous contrat à San Jose/Tokyo. Je suppose qu'ils ont abandonné tout ça pour ce samouraï noir.
Je suis tellement content de ne plus faire partie de cette industrie. Je suppose qu'il est tout à fait normal que mes contributions à ces studios disparaissent comme tout ce sur quoi j'ai travaillé (tous les jeux de tir MMO sur lesquels j'ai travaillé ont été abandonnés). Voici un bref résumé de l'histoire originale (d'après ce dont je me souviens – cela fait une décennie) :
L'intrigue se concentrait sur le jeune moine « Yamauchi Taka » en tant qu'ancêtre jouable. "Taka" signifie "Hawk" pour coïncider avec la nomenclature de l'époque selon laquelle chaque héros jouable était nommé d'après un oiseau de proie (je ne sais pas si cela a changé avec tous ces jeux plus récents et décousus qui n'ont plus Desmond comme héros principal qui liait). Le conflit principal concernait « L'épée d'Eden » (alias « Excalibur », « Honjō Masamune », « L'épée de Gengis Khan », etc.). et comment il avait donné à son dernier porteur, Oda Nobunaga, un avantage injuste dans sa conquête du Japon. Après l'assassinat de Nobunaga par Hattori Hanzo, Taka devient membre de la confrérie et, sous Hanzo, il est formé comme un assassin, un Shinobi. La confrérie tente de transporter l'épée récupérée hors du Japon mais est le pays est assiégé par des navires jésuites (qui sont les Templiers dans le jeu) et l'épée est perdue.
Pour empirer les choses, Hattori Hanzo est assassiné alors qu'il envisage de prendre sa retraite en tant que moine. Son seigneur, Tokugawa Ieyasu, charge Taka de retrouver le tueur (et de récupérer l'épée). Malgré l'acquisition de l'épée par le successeur de Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et un déchaînement qui s'étend jusqu'en Corée, Taka vole l'épée et le Daimyo fou perd son pouvoir, affaiblissant sa campagne en Corée. Irrité par le vol, Toyotomi croit avoir été trahi par les Templiers et extermine pratiquement tous les Jésuites (Templiers) du Japon. Taka s'infiltre dans le château de Toyotomi et lui fait face dans une bataille finale, entraînant la mort de Toyotomi. L'ambitieux daimyo meurt alors que Taka s'éloigne avant que ses serviteurs ne puissent l'intercepter. L'assassin désormais chevronné épargne le jeune héritier de Toyotomi, sachant que le clan a perdu ses dents et finira par dépérir sans Hideyoshi. Commence alors son ambitieuse prise de pouvoir, exigeant que Taka et la Confrérie lui donnent l'épée et l'aident à éliminer tous ses ennemis du Japon pour l'unir pleinement sous les bannières de son clan. Taka et la Confrérie déclinent et disparaissent dans l'ombre avec l'épée."
Un scénario pour le moins intéressant, et qui servira sans doute la soupe aux anti-wokistes qui ont du mal à supporter la présence de Yasuke, malgré sa légitimité. Parce que non, choisir d'angler le prochain Assassin's Creed à travers les yeux de Yasuke, c'est aussi proposer une histoire différente, atypique et presque inédite. L'occasion pour l'éditeur français de se démarquer des autres jeux de samouraïs déjà existants. D'ailleurs, de ce que l'on sait, Yasuke est né sur l’île de Mozambique dans les années 1530 ou 1540. Il appartenait à la communauté makua, un clan réputé pour la chasse et la pêche. C’est en recherchant la trace d’un lion blessé par sa sagaie qu’il est alors capturé par des trafiquants d’esclaves. Le jeune homme est alors arraché à son île. Il va être emmené de force dans un bâteau où s’amassent un tas d’hommes noirs, enchaînés les uns aux autres, prostrés, accablés, découragés. Les lieux sont répugnants avec une odeur particulièrement forte, dûe au mélange d’urine, de selles et de sueur. L’air est irrespirable, mais Yasuke va passer plusieurs mois sur ce bateau, jusqu'à arriver à Goa, en Inde, qui était sous la tutelle des Portugais à l’époque.
C'est là que Yasuke va être acheté par un jésuite qui va lui demander de réaliser des tâches quotidiennes comme aller chercher de l’eau à une source et à la ramener dans de grandes cruches. Il va faireça toute la journée. La tâche n’est pas épuisante, mais elle est répétitive et dans sa communauté les Makua, cette tâche est normalement réservée aux femmes, ce que Yasuke ressent comme une humiliation. Mais le 6 septembre 1574, son destin va basculer lorsqu'un certan Alessandro Valignano, qui est un prêtre chargé d’inspecter les missions jésuites de sa juridiction, cherche un homme puissant et fort pour le servir et assurer sa protection. Il choisit Yasuke. Le 20 septembre 1577, les deux hommes embarquent pour un voyage qui va durer près de deux ans. Après des escales à Malacca, qui est l’actuelle Malaisie, et Macao (c'est en Chine), ils arrivent au Japon le 25 juillet 1579. En arrivant sur place, il va créer une sorte d'hystérie auprès de la population, qui n'a jamais vu d'homme noir et il y a même des soldats qui ont parcouru des centaines de kilomètres juste pour le voir et l'approcher. D'ailleurs, à l'époque, le fait d'exhiber un esclave africain pour gagner de l’argent était monnaie courante chez les prêtres jésuites. C'est en 1581 que Yasuke va croiser la route d'Oda Nobunaga, le puissant seigneur de guerre, qui va être subjugué par sa taille (il faisait plus de 1.90m), sa puissance mais aussi son intelligence. Car selon les récits, Yasuka a appris à parler le Japonais et c'est ainsi que Nobunaga va faire de lui son garde du corps, lui donner une lance, en plus des deux sabres qu’il a le droit de porter.
Alors bien sûr, Ubisoft a certainement remodelé le récit de Yasuke à sa convenance, comme c'était déjà le cas avec d'autres personnages historiques dans les précédents Assassin's Creed, à tel point que ces remaniements historiques avaient sortir Jean-Luc Mélanchon de ses gonds lors de la sortie de Unity en 2014, il y a 10 ans, notamment parce que Robespierre avait été transformé en vil antagoniste méchant. Et puis, rappelez-vous, dans la trilogie Ezio Auditore, ce dernier était aidé par Leonardo De Vinci, improvisé en génial inventeur. Sans oublier que dans Assassin’s Origins, on tue Jules César en personne. Donc Ubisoft tort les faits historiques à sa façon pour raconter sa propre histoire, et c'est tant mieux ! Et puis, pour en revenir à Yasuke, il faut aussi rappeler que c'est lui qui a inspiré pas mal d'oeuvres de la pop culture. Le manga et l'animé Afro Samurai par exemple, ou bien encore dans Nioh, où ce samouraï noir fait une apparition et est même un des boss à abattre, face à William, le samouraï blanc, qui n'a pas fait l'objet d'un lynchage au moment de la sortie du jeu.