Ant-Man 3 Quantumania : Marvel fait du mauvais Star Wars et rend son Kang inoffensif (Critique)
Après deux ans d’une Phase 4 copieuse (7 films au cinoche et 9 séries sur Disney+), longue également, mais surtout très inégale, Ant-Man et la Guêpe Quantumania était attendu au tournant par tous les amateurs du MCU et des films de super-héros de manière générale. Forcément, il s’agit du premier film de la Phase 5, dont l’objectif est de nous introduire le nouvel antagoniste, Kang le Conquérant, joué par le très charismatique Jonathan Majors et qui est censé remplacer Thanos comme véritable menace.
Les trailers nous avaient d’ailleurs teasé un film au ton plus sérieux, plus grave, mais il nous avait aussi caché beaucoup de choses, comme son approche kistch, certes assumée, mais qui n’était pas prévu dans le programme. Et ça, ça fait tout de suite moins rêver… Pourtant les 15 premières minutes démarraient vraiment bien, avec une intro au ton grave qui place directement Kang dans le contexte, suivi d’un petit résumé de ce qui s’est passé pour Scott Lang après les événements d’Avengers Endgame. Comme nous l'avions anticipé dans notre vidéo décryptage et théorie du 2ème trailer, Scott Lang est devenu enfin un vrai héros, et même s’il n’a pas encore la stature d’un Iron Man ou d’un Captain America, (étant donné que certaines personnes le confondent encore avec Spider-Man), il est désormais reconnu dans la rue, signe des autographes, et il a même écrit son autobiographie. Et puis le film nous permet aussi de nous introduire dans cette grande famille reconstituée, avec Hank Pym, Janet et Hope Van Dyne et bien sûr Cassandra, ou Cassie, la fille de Scott qui est désormais une jeune femme. Une jeune femme qui a appris de son père en tant que voleuse, mais aussi de son grand-père Hank, pour le côté scientifique McGyver. Le film se permet d’ailleurs quelques raccourcis qui font de ces adulescents de véritables génies de l’invention, le MCU en est décidément bien fourni.
Mais qu’importe, passons, parce que ce qui est bien au départ, c’est que l’humour est plutôt bien dosé. On est loin des blagues douteuses de Thor Love & Thunder où chaque personnage était devenu une caricature d’eux-mêmes. Et puis rapidement, le ton va devenir plus grave, et nos protagonistes vont être propulsés dans le royaume quantique où ils vont découvrir un nouvel univers. Parce que oui, le royaume quantique qu’on avait aperçu dans les derniers Avengers n’a plus rien à voir avec celui de Ant-Man 3. On va découvrir tout un pan de cet univers qui n’a jamais été exploré. D’ailleurs, je ne sais pas si vous êtes au courant, mais le royaume quantique est aussi appelé Microverse dans les comics, mais au cinéma, Marvel Studios ne peut utiliser le terme car il est détenu par Paramount Pictures qui a les droits cinématographiques des Micronautes. Et c’est là où le film bascule dans ce côté kitsch et Star Wars version Wish qui a été pointé du doigt par de nombreux journalistes il y a une dizaine de jours, et clairement, ils n’ont pas tout à faire tort. Comme vous le savez, créer le royaume quantique nécessite évidemment de créer des effets visuels et malheureusement, comme tout le film se passe dans ce Microverse, on va baigner 2 heures dans cet univers numérique full CGI. Autant vous dire qu’il va falloir s’accrocher. Alors, attention, tout n’est pas si dégueulasse contrairement à ce qu'on a pu lire ici et là, mais disons que tout n’est pas traité avec la même qualité. Autant au début, lors du transfert et de l’arrivée, c’est assez clean, mais une fois que nos héros vont se retrouver dans certaines zones du royaume quantique, on aperçoit assez facilement les limites des fonds verts et des détourages grossiers. Par ailleur, le passage vers le royaume quantique rappelle un peu Dr Strange in the Multiverse of Madness quand il traversait les différentes dimensions, tandis que les premiers environnements qu’on découvre nous a donné l’impression de replonger dans Avalonia, le dernier Disney qui n’avait pas eu droit à sa sortie ciné en France, mais uniquement sur Disney+.
KANG, LE PAS TRÈS MÉCHANT
Pour le côté Star Wars du pauvre relayé par d'autres confrères, difficile de ne pas partager le même ressenti face au spectacle peu réjouissant proposé par le film de Peyton Reed. Parce qu’avant que nos super-héros parviennent jusqu’à Kang, ces derniers vont faire la connaissance de plusieurs tribus, qui rappellent évidemment les différents peuples qu’on peut trouver dans les films Star Wars. A la différence près que dans la saga de George Lucas, il y a eu plusieurs films qui ont permis de donner de la profondeur à ces autochtones, alors qu’ici, c’est évidemment survolé, juste pour faire illusion. Et on ne vous parle même pas du look assez cheap de ces personnages, qui donnent le sentiment d’être en face d'un groupe de cosplayeurs embauchés last minute pour les besoins du film. C’est raté, tout comme Kang qui n’est malheureusement pas le méchant qu’on nous avait tant promis. Non pas que Jonathan Majors ne transpire pas la classe dans le costume de maître du Multiverse, l’acteur est même très convaincant, mais c’est plutôt dans la proposition du personnage que ça pêche là aussi. Pourquoi ça ne fonctionne pas ? Parce que dans la version MCU de Ant-Man 3, on n’a pas affaire au Kang le Conquérant des comics, mais davantage à un silmili Dark Vador du royaume quantique, qui se retrouve à la tête d’une armée et d’un empire qu’il a lui-même bâti. Le problème, c’est que Kang passe son temps à être menaçant sans vraiment passer à l’action. Il va falloir attendre la fin du film pour comprendre un peu l’étendue de ses pouvoirs et c’est bien ça qui est déroutant. Le film passe trop de temps avec les tribus du royaume quantique, à placer des moments d’humour pas toujours très intéressants, sans jamais creuser la piste Kang qui aurait dû être le fil rouge de cette histoire.
LE CAS M.O.D.O.K.
En lieu et place, on doit composer avec des personnages secondaires et complètement dispensables, à l'image de Lord Krylar joué par Bill Murray, aussi inutile qu’inintéressant, ou bien encore MODOK, qui est sans doute le personnage qu'on n'aurait même pas osé adapter tellement il est compliqué à gérer, surtout dans un film live-action. Pour le MCU, Kevin Feige a pris ce risque inconsidéré, en optant pour une nouvelle lecture via le personnage de Yellowjacket. Sur le papier, c'est loin d'être une mauvaise idée, surtout si on se souvient de ce qui lui est arrivé à la fin du premier Ant-Man. Dans les faits, le résultat est tout de suite irritant, à la fois à la vue de son design, mais aussi pour le rôle qu'il joue dans le film. De toutes les façons, Marvel savait parfaitement qu’en transposant MODOK dans le MCU, il allait créer un déséquilibre, surtout en prenant le parti-pris d’en faire un personnage volontairement ridicule. Dans son rendu visuel, mais aussi dans son écriture. MODOK n'a qu'à seul objectif ans le film : détendre l’atmosphère. C'est le clown, le guignol de service, et le simple fait de le voir à l'écran va soit provoquer un rejet immédiat, soit un rire gêné. Et c’est volontaire, c’est ça qui est dramatique. C’est d'ailleurs en focalisant le film sur des personnages ridicules comme M.O.D.O.K. que la menace Kang ne parvient jamais à être palpable, ni même crédible.
CARPE DIEM
Que pensez de ce Ant-Man 3 Quantumania ? On est franchement très partagé, même si avec du recul et un brin de lucidité, il est difficile de sortir satisfait d'une telle projectoin. Alors attention, on reste tout de même au-dessus d’un Thor Love & Thunder en termes de proposition, qui reste le pire film de la Phase 4 du MCU, mais la déception pour ce 3ème épisode d'Ant-Man reste suffisamment grande pour se dire que l'introduction de Kang le Conquérant est un énorme gâchis. Il y avait pourtant tellement des pistes intéressantes à explorer, mais il semblerait que Marvel soit aujourd'hui figé dans chacun de ses choix artistiques, obligé penser ses production avec un coup d'avance ; avec ce besoin d’anticipation perpétuel qui oublie le moment présent. Oui, Marvel a déjà plusieurs coups d'avance et prépare la suite avec les innombrables variants de Kang, et de fait, les deux scènes post-génériques sont primordiale pour la suite des événements et des programmes. Mais Marvel oublie aussi qu’il faut avant tout penser à l’instant présent. Car comme le disait si bien Keating dans Le Cercle des Poètes Disparus : carpe diem.
NOTRE NOTE : 5/10