Alien Isolation : coups de flippe en plein E3 2014 !

Après le scandale provoqué par le très mauvais Alien Colonial Marines que l'on doit officiellement à Gearbox Software, mais en réalité sous-traité chez plusieurs studios dont Timegate ou encore Demiurge, et dont le résultat final avait même valu un procès aux créateurs de Borderlands, nous n'étions pas très confiants dans les chances de succès de ce nouveau projet édité par SEGA. D'ailleurs, le studio choisi, The Creative Assembly est davantage connu pour ses jeux de stratégie que pour ses travaux dans le domaine du survival-horror. Qu'importe, on voit mal comment le résultat aurait pu être pire que sur Colonial Marines, et c'est donc avec une excitation teintée de méfiance que nous nous sommes rendus à la séance de démo où nous avons pu essayer le jeu pendant environ trois quart d'heure. Rentrons d'ailleurs dans le vif du sujet. Nous sommes en 2136, quatorze ans après les événements du premier Alien et le joueur endosse le rôle d'Amanda, la fille de Ripley. Notre héroïne découvre donc que la boîte noire du vaisseau de sa maman chérie, le Nostromo, a été repérée sur la station spatiale de Sevastopol et décide donc de se rendre sur les lieux. Une fois sur place, vous imaginez bien que tout part en vrille... On découvre des lieux apparemment abandonnés dans lesquels il va falloir mener l'enquête. Avec une vue subjective, un détecteur de Xénomorphe dans la main gauche et une sélection d'armes dans la main droite, on commence donc l'exploration dans cet environnement malsain, et extrêmement fidèle au film dont il s'inspire grâce en partie à des graphismes assez séduisants.

Bip-bip et Coyote

Comme dans tout bon survival-horror qui se respecte, l'objectif principal d'Alien Isolation est de survivre dans un environnement hostile, ce qui ne sera pas chose aisée puisque plusieurs ennemis vont s'en prendre violemment à vous. Tout d'abord, un alien rôde dans les parages. Il est invincible, se déplace à une vitesse supersonique et vous oneshote sans rémission à la moindre erreur de votre part, d'où l'importance du détecteur dont vous êtes équipé. Ce dernier est un excellent outil pour faire monter la pression de plusieurs crans puisqu'il émet un bip qui s'intensifie en fonction de la proximité de l'animal, et ce indépendamment de son emplacement. De plus, un écran à balayage vous permet de situer la bestiole, à condition qu'elle soit face à vous, dans l'angle de balayage de l'instrument (environ 45°). On se retrouve donc assez souvent à entendre des bips sans aucun spot sur l'écran, et à se tourner dans tous les sens pour essayer de trouver l'écho, ce qui est assez efficace pour assurer de franches montées de stress. Enfin dernier point qui contribue à la paranoïa du joueur dans une telle situation : le détecteur peut afficher un signal si le monstre est situé à des étages différents du vôtre. Après de timides observations, on comprend que la mort nous guette à l'étage du dessous ou dans la prochaine conduite d'aération. On apprend très vite également que l'outil de détection ne nous sauvera pas la mise, et que seule une couardise poussée permettra de se défaire des longs et sombres niveaux concoctés par le studio de développement. Pour éviter de se faire étriper, la recette est simple : se cacher ! N'importe où, mais de préférence dans un placard ou un casier qui ferme, à défaut sous une table, sans oublier de se contorsionner et de retenir sa respiration lorsque l'Alien se rapproche. Car désormais, ces bestioles sont diaboliquement intelligentes et même planqué, le souffle haletant d'Amanda aura tôt fait d'alerter le Xénomorphe. Sur ce point, oubliez les psychopathes d'Outlast, ce n'est pas avec un sprint que vous allez vous défaire d'un de ces prédateurs.

Mac Ripley

Mais s'il n'y avait qu'un Alien à esquiver, les choses seraient assez faciles et le jeu presque hospitalier. Non, même les humains croisés seront hostiles, et prêts à tout pour survivre, y compris vous plomber le crâne, sans aucun esprit de fraternité ni aucune intelligence puisque le moindre bruit fait accourir le Xénomorphe. Heureusement, on peut ici compter sur les talents de bricoleuse d'Amanda pour se tirer d'un certain nombre de mauvais pas. Tout d'abord grâce à un système de craft assez basique. Concrètement, on récupère des éléments à droite et à gauche afin d'obtenir un inventaire fourni, pour ensuite remplir des slots sur un plan ; et via le menu de craft, on peut se confectionner des babioles assez intéressantes. On pourra donc se la jouer McGyver pour réaliser des cocktails Molotov, des seringues de vie, des EMP, des générateurs de bruit (pour attirer l'Alien histoire qu'il zigouille certains ennemis pour vous) ou encore des munitions pour les armes telles que le Colt Python ou le lance-flammes. D'ailleurs, histoire de bien vous laisser galérer, il sera impossible de crafter tranquillement planqué dans un casier, vous serez donc immobiles au beau milieu du niveau pendant vos subtiles séances de bidouille, à la merci du premier ennemi venu. Il faudra donc anticiper vos besoins, et prendre soin de bien scanner les alentours au détecteur avant de se lancer dans le crafting d'objets variés.

Exomorphe for life !

Malgré son ambiance pesante et très fidèle aux films, Alien Isolation souffre quand même d'une certaine rigidité au niveau du gameplay. Par exemple, dans d'une salle, on devait rétablir le courant, et pour cela, libérer un très antipathique androïde, qui lui seul peut nous allumer le PC à pirater. Et bien que le système de piratage nous propose un mini-jeu assez sympathique, il n'y avait pas vraiment moyen d'éviter l'affrontement (heureusement ici, pas de souci, l'Alien ne peut pas venir, sans que l'on sache vraiment pourquoi), ce qui tranche avec le rôle de rongeur luttant pour sa survie. Qu'importe, on grille les circuits du méchant robot avec un EMP et on lui explose la tête à coups de 44 Magnum sans le moindre effet. Pas plus de succès avec le lance-flammes ou les cocktails Molotov d'ailleurs. Après un énervement et les conseils avisés d'un des développeurs, on y retourne pour découvrir qu'il suffit de deux coups au corps-à-corps pour anéantir le robot. Comme quoi  dans un vaisseau, un tuyau rouillé est bien plus dangereux et efficace qu'un énorme revolver ou qu'un lance-flammes... Bizarre tout de même. Autre exemple de rigidité du gameplay : la salle en question offre plusieurs conduits d'aération afin de se faufiler dans le dos de notre androïde allergique à la plomberie. Sauf que voilà, impossible d'ouvrir une trappe en étant accroupi, il faut obligatoirement être debout. Ca n'a l'air de rien comme ça, mais quand on doit se taper de reprendre le jeu depuis le dernier point de sauvegarde à cause de ce genre de gags, on regrette un petit manque de flexibilité du gameplay. Et nos idées tactiques lumineuses, on peut se les garder !

Avec une date de sortie calée à cet automne, on espère qu'Alien Isolation subira quelques modifications dans son gameplay pour que le résultat soit plus cohérent. En attendant, l'épisode Alien Colonial Marines semble mort et enterré, avec une approche plus fidèle à la vision de Ridlkey Scott. Rangez vos fusils et enfilez vos couches car The Creative Assembly a complètement retourné le concept d'Alien pour nous en livrer une interprétation bien plus proche de l'ambiance du premier film. On flippe beaucoup, la pression est constante et bien que les "jump scares" soient nettement moins présentes et violentes que dans un Outlast ou un Amnésia, Alien Isolation promet sans conteste des heures de suées froides à se demander d'où viendra la prochaine attaque. Avec un gameplay qui penche radicalement du côté de l'infiltration en vous faisant clairement sentir que la survie passe par la discrétion avant tout, ce FPS nous fait entrevoir tout son potentiel. Si le produit fini est à la hauteur de ce qu'on a pu apercevoir lors de cette preview, Ridley Scott aura de quoi être fier du boulot effectué par le studio anglais.