3D : le jeu dans une autre dimension


3D : le jeu dans une autre dimension

Lors du dernier E3 de Los Angeles, Nintendo a fait sensation avec la présentation de la 3DS, la première console portable entièrement dédiée à la 3D relief. De son côté, Sony vient tout juste d'annoncer que plus de 50 jeux sont en cours de conversion 3D pour la PS3. Microsoft communique moins sur le sujet, mais il est tout de même déjà possible de jouer en relief sur certains jeux Xbox 360. Et sur PC, c'est carrément la fête depuis mai 2009, date de la sortie du kit 3D Vision de NVIDIA qui permet de jouer en 3D stéréoscopique dans les meilleures conditions. Et là, ce sont carrément plus de 500 jeux, des plus vieux aux plus récents, des plus obscurs aux plus célèbres, qui sont praticables ! On a décidé de faire un point sur cette révolution en cours car, croyez-nous, 2011 sera 3D ou ne sera pas.


Avant toute chose, commençons par éclaircir un point : dans ce dossier, lorsque nous évoquerons le terme 3D, nous parlerons bel et bien de jeux en relief et non de jeux simplement calculés en 3D temps réel. Le terme le plus exact serait "3D stéréoscopique",  puisque le principe de base consiste à envoyer deux images légèrement différentes à chaque œil, afin que le cerveau reconstitue les effets de profondeur et de relief du monde réel. Cependant, l'industrie du jeu vidéo a décidé de suivre celle du cinéma et donc d'utiliser le plus souvent un simple "3D", pour des raisons évidentes d'accessibilité et de familiarité. D'ailleurs quasiment tout le monde a déjà vu un film en 3D, que ce soit dans une salle de cinéma moderne ou grâce à une antique paire de lunettes en plastique rouge/cyan. Mais les impressions laissées par ces deux solutions peuvent être contre-productives. La seconde, à oublier et à proscrire définitivement, dénature totalement les couleurs tandis que la première, aussi avancée soit-elle, a tendance à donner un sacré mal de tête à certains spectateurs, et à en laisser d'autres sur le carreau, incapables de faire la mise au point lorsque des objets sortent trop rapidement de l'écran. Si vous faites partie des déçus de la 3D, réjouissez-vous : le jeu vidéo, grâce aux technologies actuellement employées et de par sa nature interactive, s'affranchit en grande partie de tous ces problèmes. Les couleurs sont parfaites et le fait de pouvoir diriger soi-même la caméra permet d'éviter la plupart des soucis de mise au point. En fin de dossier, nous reviendrons plus en détails sur l'intérêt général de la troisième dimension dans le domaine ludique. Mais avant cela, il convient de faire un point sur les différentes solutions disponibles pour passer à la 3D, chacune possédant ses avantages et ses inconvénients.

Les consoles à l'abordage de la 3D

Pour les adeptes des consoles portables, il va bien entendu falloir attendre la sortie de la 3DS en mars prochain. En attendant de pouvoir tester de vrais jeux en conditions réelles, nous vous renvoyons à nos premières impressions datant de l'E3. Rien d'autre à attendre du côté de chez Nintendo pour le moment, puisque la Wii n'est pas assez puissante pour gérer correctement la 3D. En effet, pour introduire un effet de relief il faut calculer deux fois plus d'images qu'à l'accoutumée (une image pour chaque œil), ce qui demande grosso modo deux fois plus de puissance. La Wii étant déjà à la peine en temps normal, ceux qui ne jurent que par les consoles doivent donc se tourner vers la PS3 ou la Xbox 360. Il suffit alors de les brancher à une télé 3D pour que les jeux compatibles 3D s'affichent en relief. James Cameron's Avatar : The Game et Call of Duty : Black Ops disposent par exemple d'une option 3D sur les deux plateformes, et il en sera de même pour Crysis 2 l'année prochaine. La PS3 accueillera également Killzone 3, et permet déjà de faire tourner Gran Turismo 5 en 3D. Les titres disposant d'une option 3D vont clairement se multiplier dans les mois, et encore plus les années, à venir. Mais pour en profiter, reste évidemment à posséder l'équipement adéquat, à savoir une télé 3D et les lunettes qui vont avec. Les prix sont encore élevés (entre 1 000 et 3 000€) mais ils vont rapidement baisser. De plus, il s'agit d'un investissement qui permet aussi de profiter des films 3D. Cependant, il faut garder deux choses à l'esprit : pour que les consoles puissent afficher sereinement deux fois plus d'images que ce pour quoi était prévu le jeu à la base, elles doivent faire des concessions. Selon les cas, on obtiendra donc des détails moins élevés et/ou une résolution revue à la baisse (puis upscalée pour correspondre aux résolutions standards). Une baisse de qualité regrettable mais, heureusement, le fait de voir une scène de jeu en 3D diminue l'importance des raffinements graphiques. Certainement parce que le cerveau interprète d'emblée l'image comme étant plus réaliste, puisqu'en relief.

Quantité et qualité : le PC à l'avant-garde !

Mais alors que les consoles commencent seulement à prendre le virage 3D, le PC à déjà une grosse longueur d'avance. Il y a un an et demi sortaient le kit 3D Vision de NVIDIA (lunettes actives, émetteur infrarouge et pilotes 3D) ainsi que les premiers écrans LCD 120 Hz. Le principe est simple : avec un écran fonctionnant à 120 Hz, il devient possible d'avoir une fréquence de 60 Hz sur chaque œil, via l'obturation des lunettes, et donc d'obtenir une image 3D qui ne scintille pas. Le surcoût par rapport à un écran LCD standard n'est que de 50 ou 100€ en moyenne (ce qui nous amène à un prix d'environ 300 euros) tandis que le kit 3D Vision se négocie à 140€. Seul inconvénient de cette solution made in NVIDIA : il faut impérativement posséder une carte graphique de la marque pour en profiter. Et de préférence une bien costaud, pour pouvoir gérer sans problème le surplus de puissance nécessaire à la 3D. Mais, PC oblige, la solution reste souple. Chaque utilisateur peut baisser les détails ou la résolution de chaque jeu comme il le souhaite, afin de trouver le meilleur compromis entre fluidité et qualité graphique. Et surtout, le système gère une quantité de jeux phénoménale. Théoriquement, n'importe quel jeu DirectX/Direct3D (soit 90% de la production sur PC depuis dix ans) est susceptible de fonctionner en 3D ! Pas besoin qu'il dispose d'une option 3D, c'est le driver qui s'occupe alors de créer les deux images à partir des instructions de programmation initiales.

Théoriquement, n'importe quel jeu DirectX/Direct3D (soit 90% de la production sur PC depuis dix ans) est susceptible de fonctionner en 3D !"

Seul problème éventuel : les éléments 2D (curseur de visée, éléments d'interface) des jeux non prévus pour la 3D sont par défaut affichés pile au niveau de l'écran, en permanence, ce qui peut perturber la bonne vision de la scène située en profondeur ou des éléments en devant. Pour remédier à cela, le driver NVIDIA s'occupe de repositionner correctement, c'est à dire en profondeur, les éléments 2D des jeux les plus célèbres. Il  liste par ailleurs près de 500 jeux en précisant les réglages à effectuer pour profiter de chacun dans les meilleures conditions (désactiver les ombres dans les options graphiques par exemple). Pour les FPS il est même possible d'activer un viseur 3D pour le cas où celui du jeu ne conviendrait pas. Concernant la scène 3D en elle-même, une mollette située sur l'émetteur infrarouge permet d'en régler instantanément la profondeur (plus elle est élevée, plus l'effet sera impressionnant mais également difficile à "capter" rapidement pour un non habitué à la 3D). Et un raccourci clavier autorise le changement de convergence, qui permet de minimiser ou maximiser les effets de pop-out (objets qui sortent de l'écran) en décalant la scène entière vers l'avant ou l'arrière par rapport à l'écran. Toutes ces possibilités combinées font qu'on arrive presque toujours à trouver un bon compromis pour afficher en 3D un jeu pas forcément prévu pour cela à la base. Quant à ceux pensés dès le départ pour la 3D , ils fonctionnent naturellement à merveille sans qu'aucun réglage ne soit nécessaire. La liste de jeux disponibles dans le driver NVIDIA précise d'ailleurs aussi leur niveau de compatibilité (certifié 3D Vision, excellent, bon, correct, non recommandé). Les adeptes du combo canapé + grand écran seront également heureux d'apprendre qu'il est possible de dériver le signal 3D du PC vers une télé 3D grâce à l'option 3DTV. Enfin, en marge du jeu vidéo, la solution de la 3D sur PC offre une compatibilité et une évolutivité maximale pour lire tous les formats de vidéos et images 3D.

Et alors, ça vaut le coup ou pas ?

Après avoir fait ce petit tour des possibilités pour jouer en 3D, il reste à en déterminer l'intérêt. C'est bien simple, il est tout simplement énorme ! Et c'est un déçu du cinéma en 3D, à la vue imparfaite qui plus est, qui vous le dit. Car en jeu, le réalisme et l'immersion se trouvent fortement accrus. Les effets de profondeur transforment l'écran en une fenêtre ouverte sur un monde réel. Plus rares, mais bien réels contrairement à ce que vous pourrez lire ici ou là, les effets de jaillissement hors de l'écran font véritablement de l'effet puisqu'ils donnent l'impression de pouvoir toucher les objets situés en avant-plan. Et lorsqu'un projectile se dirige vers nous depuis le fond de la scène représentée, le sentiment de danger est décuplé. Preuve ultime de l'intérêt de la 3D : lorsqu'on la désactive ou qu'on repasse sur un jeu 2D, tout paraît plus fade, plus plat. Et c'est bien le cas d'ailleurs. Evidemment, certains types de jeux se prêtent mieux au passage à la 3D que d'autres. Les jeux d'aventure sont par exemple encore souvent réalisés à base de décors 2D et la plupart sont donc incompatibles. A l'opposé, les FPS et les TPS donnent d'excellents résultats. Batman Arkham Asylum, Just Cause 2, Metro 2033, Call of Duty : Black Ops et même World of Warcraft sont autant de jeux qu'il faut absolument avoir essayé au moins une fois en 3D. Du côté des inconvénients liés au fait de jouer en relief, car il y en a, oubliez tous les préjugés du type maux de tête. Il faut certes un certain temps pour s'y habituer, mais on prend très rapidement ses marques et il est parfaitement envisageable de jouer plusieurs heures de suite sans aucun problème. Pour cela, mieux vaut tout de même jouer dans la pénombre, les lumières extérieures venant perturber la vision générale. Le seul vrai souci provient des limitations technologiques de certains écrans, qui introduisent des effets d'images fantômes. Concrètement : lorsqu'une scène affiche un fort taux de contraste (objet foncé sur fond clair ou inversement), il arrive que l’œil gauche perçoive une partie de l'image destinée à l’œil droit et réciproquement. Dans ce cas, une réplique des contours de l'objet contrasté apparaît en transparence à sa gauche et à sa droite. C'est un peu gênant, mais ce problème n'est que ponctuel et est de toutes manières appelé à disparaître avec les progrès réalisés par les télés, écrans LCD et vidéoprojecteurs. Pas de quoi gâcher la fête, l'expérience du jeu en 3D est d'ores et déjà formidable.

Preuve ultime de l'intérêt de la 3D : lorsqu'on la désactive ou qu'on repasse sur un jeu 2D, tout paraît plus fade, plus plat. Et c'est bien le cas d'ailleurs."

Pour vous en convaincre, le mieux est d'essayer par vous-mêmes dès que vous en aurez l'occasion. A défaut, il va falloir faire travailler votre imagination. Les captures de la galerie ci-dessous ont été réalisées en 3D puis converties en 2D pour que tout le monde puisse les voir. S'il est difficile de décrire l'effet de profondeur qu'on peut ressentir en 3D, les effets de jaillissement sont plus faciles à imaginer. Ainsi dans les captures de Drakensang : the river of time, certaines particules, l'arc du héros puis la main du garde sont en avant par rapport à l'écran. Dans la première capture de Black Ops on perçoit la profondeur de la lunette de visée sur toute sa longueur, tandis que la seconde donne l'impression que les inscriptions et rayures des jumelles sont réellement sur la vitre de l'écran. La première capture de Mafia II illustre le fait que la technologie PhysX, qui multiplie les débris à l'écran, est encore plus appréciable en 3D puisque certains d'entre eux peuvent jaillir sur le joueur. La seconde prouve une nouvelle fois l'existence des effets de pop-out puisque le canon du flingue et même le revers de la veste de Joe sortent très nettement de l'écran. Mais, une nouvelle fois, rien ne vaut l'expérience réelle. Notre conseil : courrez chez un ami bien équipé, ou en magasin, pour essayer dès maintenant le jeu vidéo tel qu'il sera demain. Quant aux chanceux qui possèdent déjà l'équipement adéquat, qu'ils n'hésitent pas à télécharger le fichier zip ci-dessous, qui contient les captures en 3D au format jps (jpeg stéréoscopique).

Téléchargez nos images 3D relief




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