2Dark : on a joué au nouveau survival horror de F. Raynal, le créateur d'Alone in the Dark
Cette année, aux côtés des stands aux proportions titanesques des plus gros éditeurs, de leurs animateurs beaucoup trop portés sur les décibels et des boutiques d'objets geeks vendus à prix d'or, on peut trouver à la Paris Games Week 2015 des titres un peu moins tape-à-l'oeil mais tout aussi intéressants. Parmi ceux-là, 2Dark donc, projet né pendant les récentes EIGD de l'envie commune de Thierry Platon et Frédérick Raynal, présents dans le jury, de se remettre au développement. Conscient qu'il serait attendu au tournant sur un tel projet (Alone in the Dark est considéré, à juste titre, comme le fondateur du genre sruvaival-horror bien avant Resident Evil), Frédérick Raynal voulait d'abord faire quelque chose de différent avec ce nouveau projet. Et il faut bien avouer que 2Dark ne ressemble à aucun autre de ses homologues. Avec sa vue isométrique et ses graphismes en voxels, il se démarque dès le premier regard. Alors que beaucoup de titres choisissent de représenter l'horreur avec un réalisme maximal, jusque dans son aspect le plus gore, chez Gloomywood on pense différemment. "Plus on est naïfs dans la représentation d'un monstre par exemple, moins on est réalistes, plus l'imagination du joueur travaille et complète ce qui manque. Pour l'aspect visuel et l'ambiance, c'est encore plus efficace […] C'est une des choses que j'ai comprises avec le premier Alone in the Dark, c'est qu'on ne fait pas peur au joueur sur ce qu'il voit mais plutôt sur ce qu'il fait, sur ce à quoi il joue. […] Le mot clé, c'est imprévisibilité", nous a expliqué un Frédérick Raynal incarné. "Les grands moments de tension sont davantage créés par les mécaniques", complète d'ailleurs Thierry Platon. Comme dans Alone in the Dark, vous devrez donc fouiller, économiser vos ressources et vos balles. Et comme dans Alone, la maniabilité est simple à prendre en main mais aussi old-school (clavier-souris ou uniquement à la souris) et d'aucuns diraient rigide.
SMITH & SONS
Nous voici donc dans la peau de Mr. Smith, un ancien policier dépressif, alcoolique, complètement au 36e dessous depuis que sa femme a été décapitée et ses enfants enlevés par un tueur en série dix-sept ans plus tôt (oui, un seriol killa). Rongé par ce drame, il continue de traquer les salopards dans l'espoir de pouvoir retrouver ses rejetons. Les enfants sont d'ailleurs au cœur du gameplay de 2Dark, puisque vous devrez en sauver un certain nombre dans chaque niveau et vous débarrasser du prédateur qui les capturés. "On est parti d'un constat : les survival, c'est extrêmement égoïste, on sauve sa peau, on tue tout le monde ! Donc on s'est demandé ce qu'on pourrait avoir envie de protéger plus que nous-mêmes, d'où l'idée des enfants […] qu'on va devoir aller débusquer, délivrer dans l'antre des différents serial-killers", précise le créateur de Little Big Adventure. Et bien entendu, il vous faudra ensuite les exfiltrer et c'est là que les choses se corsent. Certains bavardent, pleurnichent, traînent dans les couloirs voire même refusent de vous suivre, syndrome de Stockholm oblige. Ils vont même être de plus en plus complexes à sortir de leurs geôles au fur et à mesure du jeu, la drogue les ayant rendus apathiques par exemple. "Rentrer dans le repaire, ça va à peu près. Mais ressortir avec un troupeau un peu désordonné, qui gueule, qui couine, qui a peur, c'est pas la même chose", lance Thierry Platon. 2Dark est en effet essentiellement un jeu d'infiltration, où la discrétion est capitale, et qui implique donc différentes mécaniques à découvrir par vous-mêmes. Vous pourrez vous faire repérer si vous faites trop de bruit ; une feature qui fonctionne dans les deux sens, puisque le son produit par vos ennemis servira aussi à les localiser. Cela sera d'ailleurs particulièrement utile dans les coins de certains niveaux plongés dans le noir total, si jamais votre lampe torche n'a plus de pile, ou si vous n'avez plus d'huile pour votre lampe. De même, ces zones d'ombre vous serviront à vous camoufler, vous et les bambins.
HUMOUR NOIR
Avec un cadre aussi atypique, la question du background, de la transmission du scénario, de l'histoire se pose forcément. "Il y a quelques illettrés dans le lot !", rigole Thierry Platon, "Donc il n'y a pas des journaux intimes partout. Mais ça discute dans les repaires des tueurs, on peut observer des scènes de dialogue dans l'ombre. Mais j'avoue que la méta-histoire avance beaucoup dans le repaire de Smith, où il rentre entre chaque niveau. Il analyse ce qu'il a trouvé chez les différents tueurs, et c'est en faisant ça qu'il débloque d'autres niveaux. Et c'est à ce moment-là qu'il y a des indicateurs, des coups de téléphone, des émissions à la téloche pour faire avancer la narration générale. Et chaque repaire de tueur a sa petite histoire". Les enfants que vous secourez seront également dotés d'une personnalité propre et pourront échanger entre eux et avec vous, pour épaissir encore le récit. Le ton est donc résolument noir mais en même temps, parfois légèrement cocasse. "C'est notre nature profonde. On voulait faire quelque chose de sérieux au départ et puis en fait, on traite un sujet qui est tellement dégueulasse, qu'on est un peu obligés de faire du Franquin. Cet humour noir, on est obligés de se retrancher dedans", détaille Thierry Platon. "La représentation en SD fait du bien de ce côté-là, avec ce contraste en permanence entre "C'est drôle mais en fait c'est pas drôle", renchérit Frédérick Raynal, qui n'exclut carrément pas de donner une suite, déjà, à 2Dark, tellement les idées à inclure dans ce premier épisode sont nombreuses. On est en tous cas très curieux de pouvoir découvrir un niveau entier de ce titre pas comme les autres, probablement au moment de la bêta, sachant que 2Dark devrait sortir au printemps ou à l'été prochain sur PC.