UbiDays 08 > Tom Clancy's EndWar
Plus de quatre ans après les premières ébauches réalisées dans les locaux d’Ubisoft Shanghai, Tom Clancy’s Endwar approche enfin du terme de son développement. Projet d’une belle ambition, ce jeu de stratégie temps réel destiné aux consoles devrait offrir, selon ses développeurs, une expérience d’une rare intensité. Julian Gerighty, directeur des contenus du studio chinois, a tenté de nous le démontrer.
La saga Tom Clancy a 10 ans, et ses détracteurs seront ravis d’apprendre que les aventures des Ghost Recon, Hawx et autres Splinter Cell devraient connaître une fin brutale – et virtuelle – en 2020. C’est en effet à cette date que la Fédération Européenne, la Russie et les Etats-Unis vont tenter de régler définitivement leurs vieilles querelles – à l’arme nucléaire tactique – multipliant les champs de bataille à travers le monde, n’épargnant rien, pas même la bonne vieille capitale française. Premières réserves, le Paris sous les bombes de ce Endwar manque cruellement d’éclat. Ce n’est pas vilain, mais la Xbox 360, comme la licence Tom Clancy, nous avait habitué à bien mieux. La médiatique succursale asiatique d’Ubisoft a néanmoins préféré porter son effort technologique sur une autre dimension du jeu. Et là, le résultat est légèrement plus impressionnant.
Donner de la voix
Les RTS sur consoles peinent généralement à convaincre. A la manette, une action aussi essentielle que la sélection d’un groupe d’unités tient du calvaire, et l’organisation d’un assaut un tant soit peu coordonné vire carrément au cauchemar. A tel point qu’à moins de sacrifier la profondeur tactique du genre, il semblait jusqu’à présent totalement impossible de proposer aux amateurs un titre doté d’une prise en main décente. Pour réconcilier ce genre indissociable du monde PC avec les consoles de salon, Ubisoft a cru bon de changer de paradigme. Ainsi, plutôt que de concevoir une interface destinée au PC et de tenter de l’adapter au pad des consoles, l’énorme équipe chargée du projet a entièrement bâti son oeuvre et ses possibilités d’interaction autour d’un accessoire rarement utilisé : la voix. Première création majeure à commandes vocales, Tom Clancy's EndWar est un jeu pour généraux modernes : vous observez le terrain, vous donnez des ordres à l’aide du micro de votre machine, et vos troupes obéissent. Simple, et efficace. Parce que oui, ça marche bien. Certains journalistes français ne se sont pas privés de pester contre la présence de la seule version anglophone du jeu sur le salon – le jeu sera évidemment entièrement traduit en français –, mais force était de constater que même en parlant la langue de Shakespeare comme une vache espagnole, tout fonctionne impeccablement, et d’autant mieux que le système est extrêmement basique. Environ 40 mots courts ont été encodés, et c’est avec ce vocabulaire des plus restreints que vous reconquerrez la planète.
Ainsi, plutôt que de concevoir une interface destinée au PC et de tenter de l’adapter au pad des consoles, l’énorme équipe chargée du projet a entièrement bâti son oeuvre et ses possibilités d’interaction autour d’un accessoire rarement utilisé : la voix."
Avant de donner un ordre, vous devez maintenir la gâchette droite enfoncée (en multi, deux gâchettes seront utilisées, une pour communiquer avec les autres joueurs, l’autre pour diriger vos hommes). Ensuite, les règles sont simples : vous désignez un groupe d’unités ("unit 1", "unit 2", etc…), ou prononcez l’un des autres mots de commande de base ("deploy", "protect", etc.) , et un menu contextuel s’affiche à l’écran, proposant d’autres mots-clés que vous pouvez prononcer et ouvrir ainsi de nouveaux menus. Quelques exemples pour illustrer cette description. Si vous voulez que votre unité 1 attaque l’unité ennemie 6, il vous suffit de dire "Unit 1 attack Unit 6". Pour que vos unités 3 et 7 se déplace vers un point de la carte, vous allez simplement pointer un curseur situé au centre de l’écran vers la cible, puis balancer "Units 3 and 7 move to target". Si vous voulez que des hélicos de combat vous soient envoyés au point de contrôlé Delta, vous devez dire "Deploy Gunships Delta" (les liants sont parfois inutiles). Afin de restreindre le champ de manœuvre du joueur, et donc de limiter la complexité de l’action, Tom Clancy's EndWar n’est en effet pas un STR traditionnel, avec construction de base et entraînement de soldats. A la manière d’un Company of Heroes ou d’un World in Conflict, vous disposez d’une troupe prédéfinie (par vous) au début de chaque mission, et devez conquérir différents points de contrôle répartis sur la carte. Votre mainmise sur les lieux vous permettra ensuite de demander des renforts ou de disposer de certaines améliorations techniques. Les apports du monde extérieur ne se limiteront pas à quelques escouades, puisque vous pourrez également solliciter un appui aérien ou l’envoi d’une bombe nucléaire tactique sur certaines zones trop denses à votre goût ! L’action assez brouillonne et le caractère très inhabituel de la prise en main (il est toutefois encore possible de tout diriger à la manette, en passant par les menus contextuels) pourraient toutefois ralentir la marche en avant d’un titre fort intrigant, mais dont l’intérêt sur le long terme n’est pas encore évident. Malgré ces réserves, Ubisoft démontre ici une capacité à l’innovation technologique que l’on ne soupçonnait pas chez l’éditeur français. Rien que pour ça, cette guerre automnale devrait mériter le coup d’œil, que ce soit sur PS3 ou Xbox 360.