The Next BIG Thing : nos impressions

Les monstres ont pris le pouvoir à Hollywood ! Au tournant du XX^ème siècle et après avoir subi durant des millénaires l’ostracisme des bipèdes "normaux", les créatures les plus hideuses et les pires abominations de la planète sont enfin parvenues à se faire une place au soleil après. Autrefois désignés comme les enfants du démon, les hommes-poissons/mouches/pieuvres, les mastodontes inquiétants, et même les elfes bercés trop près des centrales nucléaires contemporaines, affichent désormais crânement leur différence dans la cité des anges. Modèle de leur réussite, le magnat William A. FritzRandolph règne sur le plus grand studio de cinéma du monde, forcément spécialisé dans l’épouvante plus vraie que nature. Interprétés par des monstres bien réels, qui n’en oublient pas pour autant d’être des comédiens accomplis, les œuvres de MKO Pictures connaissent une popularité sans limite, au point que ces films d’un drôle de genre et leurs non-moins étranges exécutants ont droit à leur propre raout officiel, les fameux Prix de l’Horreur. Réunissant les plus horribles représentants du gratin hollywoodien, la cérémonie permet de prendre le pouls de l’industrie et de connaître ragots et rumeurs. L’enregistrement des bruits de couloir et la transcription d’anecdotes de cocktail ne sont pourtant pas les spécialités du duo de reporters envoyé par le quotidien The Quill pour couvrir la fête. Mais Liz Allaire, une jeune dinde déglinguée tout juste diplômée qui se voit déjà en reine du journalisme d’investigation et Dan Murray, chroniqueur sportif brillant délégué ici pour expier une faute professionnelle, vont tous deux trouver un intérêt inattendu à l’événement.

Tous deux sérieusement atteints, Liz et Ray remplacent assez avantageusement le binôme que composaient Brian et Gina dans Runaway."

Pour son nouveau gros projet, le studio Pendulo n’a vu ni trop grand, ni trop nouveau. Un duo antinomique qui vit une grande aventure farfelue dans un jeu d’aventure en point’n’click, les éléments de base de The Next BIG Thing sont en effet parfaitement identiques à ceux qui ont fait le succès de Runaway, la trilogie-phare de la petite compagnie madrilène. Toutefois, et du peu que dévoilait cette version preview limitée aux deux premiers chapitres de l’épopée, la ressemblance entre le petit dernier et ses trois grands frères ne semble guère préjudiciable. Tous deux sérieusement atteints, Liz et Dan remplacent assez avantageusement le binôme que composaient Brian et Gina dans Runaway, et la vaste galerie de PNJ que vous côtoierez dans cette aventure très verbeuse ne manque pas de pittoresque. Le ton est donné dès la première heure de jeu, durant laquelle vous rencontrerez notamment un robot-jardinier totalement dépressif, une plante carnivore-chien de garde adepte du caviar que son maître s’envoie en compagnie d’une secrétaire peu farouche, et un savant-mouche qui a bien mieux vécu son expérience ratée que Jeff Goldblum. Interroger ou aider ces seconds couteaux vous permettra de progresser dans l’aventure, de manière parfois assez surprenante. Ainsi, pour résoudre un test de Rorschach visant à déterminer votre niveau d’accablement moral, il vous faudra tirer parti de la propension d’un géant masochiste à déclamer des vers dès qu’il souffre. Or, pour parvenir à faire du mal à un être qui a joué les cascadeurs dans bon nombre de films ultra-violents, il faut faire preuve d’un poil de perversité ! Que les fans de Runaway se rassurent, les développeurs de Pendulo n’ont nullement basculé dans le gore et leur dernier titre, qui exploite le moteur graphique de A Twist of Fate, conserve le côté coloré et grand public de leurs précédents travaux. Très agréable à regarder, déjà parfaitement stable, cette exclusivité PC semble techniquement irréprochable et fort plaisante à jouer quoique guère novatrice. Fidèles aux vieilles habitudes du genre, les Madrilènes rangent l’inventaire de leurs deux héros dans un sombre sous-menu, là où les gamers pressés que nous sommes auraient apprécié de pouvoir y accéder directement dans l’écran de jeu. Autres soucis caractéristiques des point’n’click mignons et ultra-détaillés, les éléments interactifs sont parfois difficiles à identifier. Un obstacle ici partiellement contourné grâce à l’intégration d’une aide contextuelle dans deux des trois niveaux de difficulté disponibles. En "Facile" et en "Normal", il est ainsi possible de mettre en surbrillance toutes les zones remarquables d’un même tableau. Un peu d’application et un minimum de jugeote semblent toutefois suffire à se sortir de la plupart des situations. Toujours fidèles à leurs principes, les créateurs de Pendulo Studios paraissent donc bien partis pour nous livrer un nouveau joli divertissement grand public, pas trop simple mais pas bien compliqué non plus. Début de l’enquête le 7 avril, uniquement sur PC.