Test Watch Dogs Legion : le meilleur ou le pire épisode de la série ?
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- Une direction artistique vraiment chouette, merci Londres
- Une ambiance sombre plutôt léchée
- Un level design complet, merci le piratage
- Une infiltration permissive
- Un concept d'une multitude de personnages louable
- Quelques bonnes idées scénaristiques
- Graphiquement très joli...
- ... mais pas très bien optimisé sur consoles
- Un open-world et une écriture très classiques
- Des bugs en pagaille
- Le manque d'identification à un héros principal
- Des personnages assez clichés, pas si forts
- Des combats qui tournent vite en rond, que ce soit en termes en fusillade ou de corps à corps
On peut se le dire d’avance : Watch Dogs Legion est un titre qui en a. Alors que ses deux prédécesseurs prenaient comme figures centrales Aiden Pearce et Marcus Holloway, ce nouvel épisode ne dispose d’aucun héros principal à présenter puisque l’on peut contrôler… presque tout le monde. Quèsaco ? Laissez nous éclaircir ce concept en commençant par le commencement : DedSec, l’organisation secrète qui s’aide du piratage pour faire valoir les Droits de l’Homme et dénoncer les grands méchants, s’est faite berner comme il se doit en pleine capitale anglaise. Accusé à tort d’avoir fait sauter la moitié de la ville, alors dominée par une milice impitoyable du nom d’Albion, le groupe se voit réduit au néant sur les terres britanniques. Mais tel le Phénix renaissant de ses cendres, le crew reprend des forces et c’est à vous, joueur, qu’il advient de le remettre entièrement sur pied et de découvrir la vérité tout en blanchissant votre nom. Pour ce faire, après avoir choisi un personnage parmi la dizaine proposée, vous devrez recruter de nouveaux membres directement dans la rue. Ouvrier, avocat, investisseur, SDF, chauffeur de bus, retraité : peu importe la profession, peu importe le profil, tous les PNJ deviennent alors jouables pour prendre part à la campagne. Un programme unique en son genre dans un jeu solo, très loin des standards narratifs actuels, qui intrigue aussi bien qu’il effraye.
FAIRE LA MANCHE
Et c’est bien en cela que Watch Dogs Legion en impose : il possède ce parti pris réellement risqué, celui de diluer l’identification du joueur à travers tout un panel de personnages créés aléatoirement. Plutôt que de miser sur une seule tête, Ubisoft préfère ainsi l’idée d’incarner un groupe entier, constituant la Résistance au sein d’une cité gangrénée et criminelle. Nous ne sommes donc pas une personne en particulier mais un microcosme de pirates aux compétences diverses, prêts à se battre pour la liberté et rétablir l’ordre dans des rues où la violence règne. Cette fourmilière dans laquelle il faudra plonger pour piocher de nouveaux coéquipiers relève d’une originalité évidente que l’on se doit de saluer dignement ; pour autant, et c’est bien ce que l’on craignait, c’est le manque d’attachement à la plupart de ces bonhommes qui se fait vite sentir.
Véritable extension de votre main, le smartphone permet d’hacker tout et n’importe quoi et d’influer considérablement sur votre jeu.
Très rapidement, on se retrouve à préférer une tête en particulier, quelques-unes tout au mieux, et à délaisser malheureusement nos autres recrues… si l’on en vient toutefois à en dénicher par nous-mêmes. Cette prise de risque ne s’avère donc pas maîtrisée totalement, et ce n’était pourtant pas faute d’impliquer nos différents héros à travers des cinématiques, des dialogues et des scènes d’action tout à fait scénarisées. En misant ainsi sur cette fournée de PNJ (qui n’ont plus de PNJ que le nom), l’histoire de Watch Dogs Legion s’avère moins ponctuée de personnages forts ou excentriques comme cela pouvait être le cas dans le jeu précédent. Seuls les vilains, représentant chacun une section que l’on devra défaire, proposent une personnalité un peu plus tape-à-l’œil, bien que véritablement clichés pour la plupart. On retiendra tout de même quelques bons retournements de situation et quelques idées surprenantes même si, globalement, force est de constater que l’écriture souffre d’un classicisme et d’une structure évidents. On ne ressort pas du récit spécialement convaincu par sa manière d’amener les choses bien que les propos, traitant toujours de la dépendance au digital non pas un certain manichéisme post-Brexit, soient légitimes de nos jours.
TAMISE SUR LE BON CHEVAL
Mais si cette diversité de bonhommes existe, c’est aussi et avant tout pour consolider le gameplay. Chacun des PNJ recruté disposera de sa propre arme de prédilection - une clé à molette pour un ouvrier BTP, un bombe de peinture pour un graffeur, un pistolet à silencieux pour un tueur à gages et l’on en passe - qu’il faudra user intelligemment une fois sur le terrain. D’ailleurs, il faut bien avouer qu’après quelques heures, les fusillades manquent encore un peu de panache, de précision et de réalisme ; elles tournent même vite en rond pour peu que vous utilisiez souvent vos personnages fétiches puisque l’arsenal s’avère assez limité. Mais ceux qui ont déjà posé les mains sur la saga devraient le savoir : la force du gameplay réside essentiellement dans sa manière d’aborder le piratage. Véritable extension de votre main, le smartphone permet d’hacker tout et n’importe quoi et d’influer considérablement sur votre jeu. Cela vaut en affrontements en retournant des tourelles contre les ennemis, en prenant le contrôle de drones de combat ou en désactivant les armes de nos adversaires mais aussi et surtout en infiltration où il sera possible de s’immiscer dans tout un bâtiment grâce aux caméras de sécurité, de télécharger des données sensibles à distance, de simuler un accident, d’éteindre des scanners, de se rendre carrément invisible, de détourner l’attention d’une personne en faisant sonner son téléphone… et l’on en passe et des meilleures.
Cette ambiance réussie va de pair avec une réalisation graphique de haute volée qui, toutefois, s’avère assez contrastée selon les plateformes.
Grâce aux capacités de certains personnages, il est même possible de s’infiltrer plus facilement sur le terrain en revêtant la tenue de leur métier ou d’utiliser certains outils de leur profession : alors bien sûr, il est toujours possible d’y aller comme un énorme sagouin et, à vrai dire, on s’en sort plutôt bien en tirant des balles dans les crânes de tous les récalcitrants. De 1), parce que l’IA s’avère particulièrement mauvaise et pleine d’incompréhension puis, de 2), car le titre manque réellement de force morale de côté-là Que l’on tue tout un bâtiment (ou même des innocents), que l’on esquive, que l’on neutralise : jamais le scénario n’évoluera, même un tantinet, selon vos actions ou votre manière générale de jouer. En d’autres termes, vider un bâtiment ennemi à l’aide d’un fusil mitrailleur s’avèrera plus simple, plus rapide et, donc, pas punitif le moins du monde dans l’écriture… ce qui vient contredire un poil l’idée d’incarner le gentil peuple contre les méchants tueurs qui dominent la ville. Ceci étant, Watch Dogs Legion propose néanmoins un level design intelligent, permissif et qui a le mérite de donner aux joueurs la possibilité de l’aborder comme ils l’entendent. Et ça, c’est déjà pas mal.
VINCENT LONDON
L’autre point fort indéniable du jeu d’Ubisoft réside clairement dans l’univers proposé : ce Londres de 2040 est réussi et propose une direction artistique de haut calibre que l’on prend plaisir à contempler, un peu partout. Les différents boroughs de la capitale disposent tous d’une ambiance différente et la reconstitution de la cité représente, une nouvelle fois, tout le talent de la firme à recréer des mondes historiques crédibles. Le mélange de l’architecture classique des rues - ces monuments, nomdidiou ! - et des enseignes futuristes, néons à l’appui, débouchent sur un résultat savoureux dans lequel on prend plaisir à s’immerger. Plus sombre que l’opus précédent, le soft s’avère néanmoins coloré (en tout cas, bien plus que l’épisode fondateur) et de là à dire que Londres fait partie des personnages principaux, il n’y a qu’un pas. L’esprit british y est particulièrement présenté, que ce soit les bars qui sentent bon la Guiness, ces accents si particuliers (c’est une aventure à faire idéalement en VOSTFR) ou ces radios qui font l’éloge de nombreux artistes du Royaume-Uni, du rock grunge à la drum & bass en passant par le grime.
Cette ambiance réussie va de pair avec une réalisation graphique de haute volée qui, toutefois, s’avère assez contrastée selon les plateformes. Autant l’expérience s’affirme totalement sur PC que sur consoles, et plus particulièrement sur PS4 Pro (console depuis laquelle nous avons réalisé ce test), le résultat est inégal avec un clipping présent et, surtout, de nombreux problèmes techniques. Moult crashs, des ennemis invisibles, des personnages qui courent sur place, un ragdoll cassé, certains effets de lumière ou d’eau dépassés… le moteur d’Ubisoft continue de faire des siennes et se voit clairement moins bien optimisé sur les machines de salon, sans parler de temps de chargement qui n’incitent pas vraiment à changer de personnages à la volée. On attendra donc de voir ce qu’ont dans le ventre les versions next-gen, qui devraient certainement proposer une formule à la hauteur de l’univers et de sa direction artistique, et ce que pourront corriger les prochaines mises à jour pour stabiliser ce périple londonien.