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Après avoir enchaîné de nombreuses déconfitures dans des domaines très divers, la mascotte de Sega se reprend quelque peu grâce à cette première incursion dans le monde du RPG. Bien fini dans sa réalisation comme dans ses mécaniques, le jeu développé par BioWare a le mérite de ne pas jouer les faux élitistes, ce qui en fait un bon jeu à destination des plus jeunes et des moins avertis. Malheureusement, les gamers ne sont pas aussi bien lotis, puisqu’on déplore un scénario qui n’a rien de vraiment excitant, un ton – trop sérieux – inapproprié à l’univers du hérisson bleu, ainsi qu’un manque de liberté dans l’exploration qui l’empêchent de jouer sur les deux tableaux.
- Artistiquement magnifique
- Système de combat accessible et efficace
- L'utilisation du stylet pour les attaques spéciales
- Bonne durée de vie
- Trop sérieux pour l'univers Sonic
- Scénario pas vraiment palpitant
- Manque de liberté dans l'exploration
De toute évidence, nous n’assisterons pas à un miracle narratif ici. L’univers de Sonic a bien trop souffert ces dernières années de son escalade du grotesque pour que l’expertise de BioWare ne suffise à lui confectionner un scénario d’une réelle consistance. Ce dernier fait d’ailleurs la part belle aux grosses ficelles habituelles, si bien que chaque coup de théâtre ne constitue pas une grosse surprise pour les joueurs initiés. Mais s’il est évident qu’Eggman n’est pas tout blanc dans l’enlèvement de Knuckles (événement qui sert de point de départ à l’aventure), on apprécie que le ton mièvre - employé d’ordinaire pour nous conter ces péripéties - ait été troqué pour un style plus sobre, plus sombre. Peut-être même un peu trop sombre, malheureusement. Là où le plombier moustachu n’hésite pas à faire dans le second degré et l’auto-dérision pour amuser la galerie, le hérisson bleu essaie pour sa part de nous scotcher à une intrigue haletante et sérieuse peu adaptée à son background, si bien que l’on peine à accrocher véritablement à l’histoire. Dommage, car le travail de BioWare sur le reste du titre est incontestablement de qualité.
Les chroniques de Sonic
Premièrement, le studio à qui l’on doit Mass Effect est parvenu à faire cohabiter avec plus ou moins de cohérence une grande majorité des personnages de la saga, ce qui, vous en conviendrez, n’est pas une mince affaire. Naturellement, le casting assez conséquent (11 personnages) ne leur permet pas de bénéficier de la même exposition au niveau de l’intrigue, mais comme dans tout bon RPG, les spécificités de chacun sont mises à contribution de manière intelligente, tant dans les combats que dans l’exploration. Même transposés dans un genre qui n’est pas le leur, Sonic, Tails, Knuckles, Amy et toute la clique bénéficient de leurs mouvements caractéristiques. Par exemple, Sonic et Shadow sont les seuls à pouvoir prendre un looping grâce à leur vitesse, ou Tails et Rouge à voler par dessus un précipice. Le tout se fait le plus naturellement du monde par une simple pression du stylet sur une icône contextuelle, et ne requiert d’aucun doigté particulier. Ce facteur nous oblige donc à composer avec une équipe homogène, afin de ne pas être bridé dans la progression. Evidemment, il est toujours possible de retourner dans des zones déjà traversées avec un compagnon adéquat afin de s’ouvrir l’accès à des lieux jusque-là obscurs. Cela dit, on regrettera que ces petites interactions qui rappellent les origines de Sonic soient si peu variées et répétitives, ce qui couplé à des espaces de jeu peu étendus et plutôt cloisonnés, limite clairement l’appel à l’aventure auquel on est droit de s’attendre pour un RPG. Cette relative linéarité peut cependant se transformer en qualité chez les joueurs peu avertis, qui goûteront certainement le fait d’être accompagné durant le jeu. Ce sentiment d’assistance se retrouve d’ailleurs à d’autres niveaux, comme lorsque Tails qui nous rappelle sans cesse qu’il est temps de sauvegarder.
on apprécie que le ton mièvre - employé d’ordinaire pour nous conter ces péripéties - ait été troqué pour un style plus sobre, plus sombre. Peut-être même un peu trop sombre, malheureusement."
Pour ce qui est des combats, les développeurs n’ont pas pris de risques inconsidérés, et se sont attachés à nous livrer un système relativement classique, accessible, et dopé intelligemment à l’écran tactile. Avec son déroulement au tour par tour des plus convenus, on retiendra pour points clés la possibilité d’agir plusieurs fois lors d’un même tour en fonction du personnage, et les attaques spéciales dont l’exécution au stylet est particulièrement astucieuse. Chacune d’entre-elles correspond à une petite séquence rythmée digne d’un Oendan avec des pastilles à valider, à faire circuler dans des tubes etc. Seul véritable point noir à relever, les phases de poursuite qui rallongent inutilement les affrontements. Pour être dans la tendance, Sonic Chronicles bannit toute rencontre aléatoire, ce qui nous permet de les éviter partiellement lorsque les bienfaits du leveling s’atténuent. Pour finir, touchons quelques mots de la réalisation, simplement sublime. Green Hill, Mystic Ruins et tous les niveaux les plus connus n’ont jamais été aussi beaux dans une représentation bidimensionnelle. BioWare a incontestablement apporté une patte artistique et un travail colorimétrique de très bon goût, on regrettera juste que les modélisations ne suivent pas vraiment.