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Jeu indépendant réalisé par un petit studio français, Shad'O ne saurait rivaliser avec les productions à gros budget qui font vibrer les gamers à longueur d'année. Mais en tant que Tower Defense, il dégage un fort capital sympathie. La présence d'un scénario est un véritable plus, l'ambiance poétique change des univers médiévaux ou futuristes, et certaines trouvailles de gameplay sont bien pensées. Son plus gros défaut provient de l'équilibrage des unités, largement perfectible. Certaines sont peu utiles, d'autres apparaissent trop tard dans l'aventure, et on se retrouve donc souvent à utiliser les mêmes. Pour éviter la lassitude, mieux vaut donc y jouer par petites sessions plutôt que d'une traite.
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Shad'O
- un TD qui sort du lot
- Les boss
- Les niveaux spéciaux
- Petit prix
- Certaines unités peu utiles
- Pas de modes alternatifs
- "Cinématiques" un peu lègères
- Aliasing
Du haut de ses neuf ans, William se retrouve dans une situation très inquiétante. Plongé dans un étrange monde fantasmagorique, il doit lutter pour protéger ses souvenirs. Vagues par vagues, des créatures menaçantes tentent d'effacer sa mémoire. Pour les empêcher de mener à bien leur sombre dessein, notre jeune héros peut récolter des ressources et disposer des unités combattantes fixes aux abords des différents chemins menant des sources maléfiques au souvenir à protéger. Vous aurez certainement reconnu là le principe du Tower Defense. Mais alors que la plupart des titres du genre font l'impasse sur tout scénario ou se contentent d'univers génériques (généralement médiévaux-fantastiques ou futuristes), Shad'o ne manque pas de personnalité et se drape d'une ambiance sombre et poétique, que ne renieraient pas un Tim Burton ou un Lewis Carroll. On remarquera par exemple que les unités sont habillées de pièces de tissu rafistolées tandis que les décors mettent en scène des bonshommes de neige menaçants, des portes de guingois, des murs dallés de manière irrégulière, ou encore des oreillers et des cadeaux de Noël surdimensionnés. Le choix d'un tel environnement, inquiétant et mystérieux, concerne également le gameplay puisque les niveaux sont initialement drapés d'une élégante brume rougeâtre, qu'on ne peut dissiper qu'en plaçant les unités de défense. Les créatures ennemies avancent donc masquées tant que le joueur n'a pas éclairé le terrain. Un paramètre supplémentaire à prendre en compte lorsqu'on déploie ses unités. Tout regrouper près du souvenir à protéger optimise la défense, mais empêche de voir le danger venir ; s'éparpiller le long des différents chemins aide à s'adapter aux différentes vagues, mais dilue la puissance de frappe.
Ombre et lumière
D'autres bonnes idées sont au rendez-vous, comme ces niveaux spéciaux facultatifs, qui permettent de débloquer des bonus (plus de ressources, souvenir plus résistant...) et changent les règles du jeu. Ceux estampillés "carte mystère" suppriment la gestion des ressources mais nous propose régulièrement de tirer une carte parmi trois. Les deux premières affichent de manière visible une unité précise, tandis que la troisième dissimule soit une unité très puissante, soit un malus. Les niveaux "panne d'énergie" proposent quant à eux des unités déjà en place, mais ne permettent d'en activer qu'une seule à la fois. Voilà de quoi rafraîchir quelque peu l'action. On peut en dire autant des quelques boss qui nous attendent durant l'aventure. Dans ces niveaux relativement ramassés, il faut non seulement jouer défensif pour freiner le flot habituel des créatures, mais également se montrer offensif en plaçant des unités près d'un monstre géant qui n'a de cesse de balancer des sorts handicapants. Il apparaît donc clairement que les développeurs ont cherché à briser la routine inhérente au genre du Tower Defense. D'ailleurs, aux dix unités qui sont mises à disposition du joueur, il faut ajouter dix sorts globaux qui permettent de varier les tactiques. Hélas, tout cela ne suffit pas à éviter totalement l'aspect répétitif de l'action. Le principal problème provient d'un mauvais équilibrage des unités. Certaines d'entre elles sont quasiment inutiles, tandis que d'autres arrivent bien trop tard dans le jeu. Du coup, on se contente généralement d'utiliser les quatre ou cinq mêmes. On peut également regretter que l'effet d'escalier soit un peu trop présent sur les graphismes, notamment quand le héros apparaît en gros plan au moment de lancer un sort. Ou encore que les scènes cinématiques assez simples ne soient pas forcément à la hauteur de l'histoire qu'elles racontent et que les dialogues paraissent parfois un peu mous. Mais ces petits soucis de mise en scène n'ont évidemment rien de rédhibitoire. Et si l'on ne peut que déplorer l'absence de modes alternatifs ou de mini-jeux permettant de continuer à s'amuser une fois l'aventure bouclée, le petit prix du jeu aide largement à faire passer la pilule.