Asura's Wrath : les 13 premiers niveaux passés au crible !
Faisant partie des 20 jeux que nous attendons de pied ferme à la rédaction de JEUXACTU, Asura’s Wrath attire non seulement pour son background atypique, mélange de mythologie asiatique et de science-fiction, mais aussi pour sa patte artistique, la rage qui anime le personnage principal et le côté grandiloquent des combats qui s’annoncent tout bonnement titanesques. Seul le gameplay véritable et le concept de découpes par épisodes étaient les zones d’ombres qui laissaient planer le doute quant à la cible visée par les développeurs. Pour mettre fin à ces incertitudes, certes légitimes, nous avons décidé de nous rendre chez CyberConnect2 à Fukuoka, une ville située dans le sud du Japon à moins de 2 heures de vol de Tokyo. Pendant deux jours, nous avons pu jouer aux 13 premiers chapitres d’Asura’s Wrath, faire une visite guidée des studios et discuter avec les principaux responsables du projet. L’occasion d’être une nouvelle fois convaincu de ce titre qui se veut différent des beat’em all qu'on nous sert régulièrement.
Incarner des êtres supérieurs, le jeu vidéo nous l’a toujours permis. Et quand il s’agit de demi- Dieu, le nom de Kratos est celui qui nous vient immédiatement à l’esprit, le divin chauve étant devenu aujourd’hui une référence en matière de jeu d’action déicide. Désormais, il faudra compter sur la présence d’Asura, un homme choisi par ses pères pour incarner l’un des Huit Généraux Célestes vivants sur la planète Shinkoku, et dont le dessein n’est autre que de purifier la Terre des Gohmas, des êtres a priori maléfiques. Seulement voilà, le côté imprévisible de notre héros, dû à son caractère colérique, sa vanité et le fait qu’il soit le père de Mithra, la grande prêtresse dérangent quelque peu Deus, le chef suprême des Huit Divinités, et certains des Généraux qui partagent le même avis. Pour le nuire définitivement, la décision est prise de l’accuser du meurtre de l’Empereur qu’il n’a évidemment pas commis, d’exécuter sa femme Durga, de cryogéniser sa fille et de l’envoyer au fin fond des Enfers où il va sympathiser avec une araignée dorée. Il va y séjourner 12 000 ans avant de se réveiller et d’être animée par une envie folle de tout bousiller. Sa rage désormais décuplée par ces années à avoir été trahi par les siens, Asura va revenir sur Terre pour se venger et clamer son innocence. La guerre est officiellement déclarée.
Je suis colère
Contrairement aux beat’em all classiques, le scénario d’Asura’s Wrath est au centre de tout, c’est même la pierre angulaire du jeu, à tel point que le gameplay n’est là que pour servir cette histoire de vengeance et de rédemption. « Nous ne souhaitions pas faire un énième jeu d’action classique et encore moins un God of War-like, ça ne nous intéresse pas », nous confie Hiroshi Matsuyama, le PDG de CyberConnect2 lors de notre entretien. « Nous attachons une grande importance au scénario d’Asura’s Wrath qui nous a séduit dès le début, et pour cela, l’immersion du joueur était primordial. Cela ne veut pas dire non plus que nous avons sacrifié le gameplay au détriment de l’histoire, mais nous voulions proposer quelque chose de différent », rajoute-il par la suite. Et l’immersion, CyberConnect2 en connaît un rayon, notamment depuis les épisodes de Naruto Ultimate Ninja Storm qui mélangent à merveille histoire et gameplay accessible. Dans Asura’s Wrath, on retrouve peu ou prou les mêmes codes de game design, avec des cinématiques interactives où interviennent ces fameux Quick Time Events. D’ailleurs, pour ne pas pénaliser la narration, certains d’entre eux peuvent très bien être zappés par le joueur sans que cela ait une quelconque incidence sur la suite des événements. Certains de ces QTE demandent un sens du timing et selon le taux de réussite, votre score en fin de parcours sera revu à la hausse ou à la baisse. Asura’s Wrath mise à ce propos sur la rejouabilité grâce à des séquences méticuleusement découpées. Les développeurs de CyberConnect2 ne s’en cachent pas, Asura’s Wrath est à mi-chemin entre le beat’em all et le dessin animé interactif, ce qui explique aussi le choix du format découpé en mini-épisodes. On retrouve ainsi tous les codes liés aux séries télé, à base de "previously on" et de "to be continued" pour introduire et clôturer chaque partie, ou plutôt Sûtra. De cette manière, les développeurs souhaitent captiver au maximum l’attention du joueur, libre en sus de se refaire tel ou tel épisode, sans avoir à se retaper tout un niveau. Un choix que nous trouvions bancal à l’E3 dernier, mais qui s’est révélé totalement intéressant et intelligent lorsque nous avons enquillé les 13 premiers niveaux du jeu. Plus besoin de se prendre la tête à devoir libérer 5 heures dans une soirée et être forcé de couper la console parce que Madame veut à tout prix voir le dernier épisode de L’amour est dans le pré. Tout a été pensé pour des courtes sessions de jeu, proposant toutefois suffisamment de moments forts pour avoir du biscuit pour toute la soirée.
Rage against the machine
Du spectacle, Asura’s Wrath en a d’ailleurs à revendre. Une telle générosité est d’ailleurs suffisamment rare pour être soulignée, le titre ne lésinant pas vraiment sur la démesure la plus totale. Nous avons affaire à des combats de demi-Dieux entre eux, on vous le rappelle, et certains d’entre eux sont capables de se matérialisés en géant cosmique et écraser de leur index un continent tout entier. Cf Wyzen. D’autres comme Asura n’a malheureusement tous ces pouvoirs, mais la rage qui l’anime lui suffit pour venir à bout de ses plus grands ennemis. Même amputé de ses bras, notre dieu déchu ne lâchera pas l’affaire. Et quand il sera renvoyé une seconde fois en Enfer, où il y séjournera 500 ans de plus, il reviendra plus énervé que jamais. Cette persévérance, on la retrouve dans le personnage de Naruto, avec lequel CyberConnect2 travaille avec depuis presque 10 ans. Le héros de Kishimoto a forcément eu une influence, directe ou non, sur Asura’s Wrath, à l’image de ses bras qu’il matérialise lorsque Mithra, sa fille et grande prêtresse lui vient en aide. Des bras qui lui permettent de lutter contre ses plus grands adversaires, mais qu’on ne peut malheureusement pas déclencher comme on le voudrait. Preuve une fois de plus que le titre suit le chemin balisé par l’histoire que les développeurs mettent au premier plan.
Du spectacle, Asura’s Wrath en a d’ailleurs à revendre. Une telle générosité est d’ailleurs suffisamment rare pour être soulignée, le titre ne lésinant pas vraiment sur la démesure la plus totale."
Les fans de combos ravageurs ne seront pas en reste, puisque le jeu dispose d’un système de combat assez proche des jeux de sa catégorie. Coup de poings faible, attaque plus puissante, esquive, possibilité de locker un ennemi précis, il est même possible de passer en mode rage totale lorsque la jauge de Trikaya est pleine, permettant alors d’enchaîner un maximum d’attaques violentes à volonté, sans être pénalisé par une attente obligatoire. Quant à la seconde jauge, celle de Burst (ou Furie en VF), elle permet de déclencher la cinématique ultime qui met tout bonnement fin au combat. Dans Asura’s Wrath, il n’y a à ce propos plus aucune distinction entre séquences de gameplay et cinématiques, ce qui favorise d’autant plus l’immersion du joueur et permet de garder en haleine cette narration à la fois bien rythmée et haletante... Peut-être au détriment d'un challenge aux abonnés absent, même si les joueurs les plus hardcores pourront choisir la difficulté "Dieu" qui leur permettra de combler leurs attentes. Quant au deuxième personnage jouable, Yasha le frère d'Asura, il se distingue par son gameplay différent, plus orienté vers la rapidité de ses actions. Il est le frère ennemi d'Asura et il se doit forcément d'arborer une prise en main aux antipodes du personnage principal. Le niveau 13, Cause & Effect, nous place dans une situation familière, façon shoot'em up sur rails, qui rappellent Space Harrier ou Panzer Dragoon, où l'objectif consiste à locker des ennemis pour leur balancer un maximum de tirs, le tout dans un décor qui avance à vitesse grand V. Bref, une alternative qui permet de varier les plaisirs.
Avec ses nombreuses références et sa mythologie empruntée de diverses légendes asiatiques, Asura’s Wrath veut séduire avant tout les fans de Dragonball, Saint Seiya, Ken et autres Naruto. Le fan service est là, c’est indéniable et il nous a été difficile de ne pas succomber aux charmes de ce jeu d’action qui propose enfin quelque chose de différent, loin des canons du genre dans lesquels se complaisent les développeurs. On a reproché aux studios japonais de dormir sur leurs lauriers, de ne plus se renouveler ; Asura’s Wrath est la preuve vivante qu’il reste des passionnés prêts à donner des coups de pied dans la fourmilière. Reste à savoir maintenant si le grand public sera réceptif à cette prise de risque, ou s’il continue à se contenter de la soupe ordinaire qu’on leur sert chaque année. La balle est désormais dans votre camp.