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Test Muramasa Wii sur Wii

Test Muramasa Wii
La Note
note Muramasa : The Demon Blade 17 20

Malgré une certaine redondance des bases de décors et une durée de vie plutôt réduite, Muramasa : The Demon Blade prouve une nouvelle fois qu'il existe des studios indépendants qui se font plaisir en pensant au joueur, le tout dans une méticulosité impressionnante. Après un Odin Sphere perfectible mais étonnant, Muramasa assoit l'importance de Vanillaware grâce à deux principes tout bêtes : le plaisir de jeu et la recherche du style. Ce jeu est à cette image, simple et maîtrisé. Comme le mouvement du maître d'escrime.


Les plus
  • Une réalisation exceptionnelle de finesse
  • La bande-son somptueuse
  • Des personnages attachants
  • Une très bonne cohérence globale
  • Respect profond de la culture japonaise
  • Un gameplay dynamique et accessible
  • Des modes de difficulté bien équilibrés
  • Des challenges annexes bien corsés
  • Plusieurs fins disponibles
  • Un sentiment épique jouissif
Les moins
  • Les sauts au stick un peu déstabilisants
  • Certains décors revenant souvent
  • Courte durée de vie en ligne droite
  • Pas assez d'interactions entre les deux scénarii


Le Test

Malgré l'omniprésence de rapprochements, de clins d'œil ou tout simplement d'imbrications culturelles des mythes et légendes du Japon dans de nombreux jeux, rares sont ceux qui se focalisent essentiellement sur cet aspect. Tout du moins en Occident. Après un Okami couvrant le récit mythologique de la naissance de l'Archipel, Muramasa : The Demon Blade se concentre lui sur un scénario "original", ayant pour cadre un pot-pourri de la culture mythologique japonaise. Une plongée en estampes dans les parcours initiatiques de Kisuke et Monohime.


Placé entre les mains expertes en 2D de George Kamitani et de son studio Vanillaware, Muramasa : The Demon Blade suit quelque part les traces du jeu Odin Sphere, mêlant amour de l'illustration et beat'em all. Si ce dernier tentait avec plus ou moins de succès de juxtaposer RPG et action pure, imposant de nombreuses phases de levelling dans un contexte ludique qui ne s'y prêtait pas vraiment, Muramasa ne se complique pas la vie. Car même si l'aspect gestion reste présent, il s'avère si discret dans la progression que l'appellation "beat'em all évolué" lui sied bien davantage que celle de Action-RPG. Malgré toutes les qualités qu’on pouvait lui trouver, Odin Sphere comportait une évolution hachée, d'une part par son principe même d'utilisation des plantes, et d'autre part par sa difficulté nerveusement éreintante couplée à des ralentissements violents. Muramasa : The Demon Blade se débarrasse de tout ce passif, prenant le risque de perdre en substance ce qu'il gagne en virtuosité du gameplay et en intensité générale. Le jeu de Vanillaware est une petite boule de nerfs, adepte du katana qui explose visuellement et ludiquement à chaque tableau. La subtilité dans le débordement.

L'âme de la lame

Technique d'escrime au sabre, basée sur le fait de dégainer et de porter un coup dans un seul mouvement, le Iaïdo est en quelque sorte l'art majeur de Muramasa. Le jeu est en effet entièrement voué à la cause de l'arme, cette dernière ne devant être brandie que dans une situation de combat. Possédant une résistance matérialisée par une jauge bleutée, la lame de chacun des trois sabres dont vous pouvez vous équiper peut se briser en plein affrontement, vous laissant désœuvré face aux assaut ennemis. Une situation qui survient après une utilisation excessive d'attaques spéciales ou de la position de garde. Magie opérant, chacune des lames a la capacité de se régénérer si elle est laissée au repos quelques secondes dans son fourreau. Une fois réparée, il vous est possible de sélectionner à nouveau votre arme préalablement endommagée, ce qui aura pour effet de déclencher simultanément une attaque atteignant l'ensemble des ennemis présents à l'écran. Une variation extrême de l'Iaïdo qui retire la notion d'échec, tout en implémentant une tension très intéressante. Le bris d'une arme est loin d’être une fatalité, mais plutôt l'assurance d'un assaut groupé quelques instants plus tard, seulement si vous êtes parvenus à gérer en amont le fait qu'il vous en reste au moins une de valide. En contrepartie, l'absence de lame vous laisse instantanément sans aucune protection et affaiblit votre puissance. Une ouverture permettant notamment aux boss de réaliser des enchaînements meurtriers. Il est donc nécessaire de savoir doser son approche du combat à quelques coups en aval, ce qui confère aux échanges extrêmement vifs du jeu, une sorte de barrière salvatrice ne les réduisant pas à du matraquage de boutons.

Technique d'escrime au sabre, basée sur le fait de dégainer et de porter un coup dans un seul mouvement, le Iaïdo est en quelque sorte l'art majeur de Muramasa : The Demon Blade. Le jeu est en effet entièrement voué à la cause de l'arme, cette dernière ne devant être brandie que dans une situation de combat."

Toujours dans l'optique de la vie à travers l'arme, le jeu concentre l'essentiel de son aspect gestion sur la confection de sabres au fur et à mesure de l'expérience acquise mais aussi de la collecte d'âmes et d'esprits. A chaque lame majeure acquise, découle une filiation prenant la forme d'une sorte d'arbre de compétences, qui abrite plusieurs sabres. Ils possèdent tous une attaque spécifique qui varie selon le type, la portée et évidemment la puissance, mais également des bonus d'état pour la majorité d'entre eux. De ce fait, même si les points offensifs d'un sabre sont élevés, il faudra parfois en privilégier un autre moins efficace sur le papier mais qui vous fera bénéficier par exemple un gain d'argent accru ou quelques points de vie supplémentaires. Une seconde petite touche de stratégie, qui sans aller chercher très loin, agrémente l'expérience de jeu et sort Muramasa : The Demon Blade du beat'em all lambda. D'autant que l'obtention desdits sabres demande des qualités de cuisinier et de gastronome. Les esprits et une certaine partie des âmes peuvent en effet être collectés par la réalisation de recettes, découvertes sur le terrain ou achetées auprès des différents camelots, ainsi que par une dégustation de spécialités locales. Empruntée à Odin Sphere, cette importance de la nourriture se ressent également dans la notion de satiété. Prenant la forme d'une jauge rouge, ce principe empêche le héros de consommer trop de nourriture d'une seule traite, ce qui oblige encore une fois le joueur à « sentir » la tournure d'un combat et à utiliser ces petits plats de guérison avec pragmatisme. Tout en sachant que les plus riches, et donc les plus à même de contenir un grand nombre de PV, sont ceux qui nourrissent le plus. Un ensemble de petits freins intelligents et originaux aux penchants plutôt intenses du titre. Le jeu appelle effectivement à une débauche d'action teintée de déraison, qui aurait pu rapidement tomber dans l'inintérêt par manque de nuances.

Défouraillage avec honneur

Sacrifiant quelque peu la précision, Muramasa : The Demon Blade a opté pour un système de direction et de saut réunis sur le stick analogique et ce peu importe le mode de contrôle défini, Wiimote, manette "classique" ou pad GameCube. Un choix qui surprend désagréablement lors des premières minutes de jeu, les sauts se révélant assez imprécis, notamment le double-saut. Ce dernier demande en effet deux pressions rapides et successives qui peuvent poser problème lorsque le joueur désire en sus se rendre à droite ou à gauche. L'habitude permet de contourner ce petit écueil, et si la progression dans les airs reste parfois relative, vous ne serez jamais pénalisé par une chute mortelle, étant donné que les niveaux sont dénués de précipices et autres pièges à joueur distrait.  En revanche, le gros avantage de ce mode de fonctionnement au stick se trouve dans la gestion des combinaisons de coups d'une vivacité surprenante. Les enchaînements de base s'effectuent par des multiples pressions sur le bouton "A" et fonctionnent de concert avec des attaques autrement plus dynamiques. Ces dernières nécessitent de maintenir le bouton d'attaque et de manœuvrer le stick dans la direction désirée, afin de foncer vers l'ennemi, soit au sol, soit (et surtout) dans les airs. Une fois libéré de la terre ferme, vous pouvez reprendre votre cible à trois reprises sans que celle-ci ne touche le sol, simplement en changeant de direction. Très jouissifs, ces enchaînements qui rappellent un jeu de combat sont en outre vraiment précis, car ils suivent l'orientation du stick avec l'aide d'un semi-ciblage très discret. Dégraissé de la lenteur à terme pesante des précédentes productions de Vanillaware, Muramasa : The Demon Blade rend chaque affrontement épique, grâce d'une part au système de combat et d'autre part à la surpopulation d'ennemis. Cette sensation de se battre régulièrement à 1 contre 10 exalte le système, et ajoute une dose d'excitation et d'immersion mêlées enivrantes. Une culture de la bataille bien menée, qui se traduit même dans les statistiques de fin d'affrontement. Prenant en compte le temps passé dans le feu du combat, la réalisation d'une première touche, l'utilisation du défouraillage (la technique de sortie du sabre) et autres caractéristiques, votre score n'est pas que le reflet de votre technique. Plus il est élevé et plus vous remportez d'âmes et de points d'XP. Muramasa pousse au style plus qu'à l'expédition écervelée d'ennemis aux Six Enfers. Et ils doivent pourtant être forts jolis.

Okami en 2D

D'un très haut niveau, tant au niveau de la direction artistique que dans la qualité de sa 2D, Odin Sphere avait à son époque hissé le niveau de détail de cette technique a des hauteurs difficilement atteignables pour la concurrence. C'est donc une autre production de Kamitani qui vient le surpasser en douceur, avec une maîtrise du style désormais arrivée à maturité et une réalisation époustouflante. Toujours découpé en plans animés, les divers décors de Muramasa : The Demon Blade dévoilent une finesse dans la conception exceptionnelle, regorgeant de détails et d'animations d'une rare souplesse. Mais davantage qu'une immersion technique, le jeu fonctionne sur la cohérence, la multiplication des inspirations et la richesse de son thème. Entre les références au poète Basho, les tableaux mouvants d'Hokusai, la fidélité à l'imaginaire mythique japonais, Muramasa : The Demon Blade est source d'une ambiance permanente. Il prend le joueur réceptif par la main et ne le lâche que rarement. La justesse de ton du scénario, la bande-son puissante, les éclats d'originalité lors des différentes fins disponibles, Muramasa est un travail méticuleux se vérifiant à chaque instant.





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