Test Mordheim City of the Damned : uniquement pour les fans motivés
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Si adapter l'univers de Mordheim en jeu vidéo était une bonne idée dans l'absolu, le studio Rogue Factor aurait tout de même du mettre un peu d'eau dans son vin. Mordheim : City of the Damned ne manque clairement pas de profondeur ni d'intérêt, mais l'interface laborieuse et les premières parties très ardues risquent de frustrer la majorité des joueurs. Avec une bonne dose de patience et de dévouement, on arrivera tout de même à dompter le jeu. En revanche, hors de question de s'habituer à ces temps de chargement beaucoup, beaucoup trop longs ! Bref, ce premier jet s'avère intéressant mais, loin d'être parfait, il est à réserver uniquement aux inconditionnels de l'univers Mordheim.
- L'univers Mordheim
- De la tactique très poussée
- Plutôt joli et bien animé
- Sans pitié !
- Temps de chargement insupportables
- Intro non sous-titrée
- Map et interface peu claires
- L'IA a des ratés
Warhammer, vous connaissez forcément. Mais saviez-vous que parmi les différentes œuvres qui constituent cet univers fantastique créé par Games Workshop, l'une d'entre elles s'intitulait Mordheim ? Pas sûr, car si ce jeu de plateau a ses fans à travers le monde, le grand public n'avait encore jamais eu l'occasion de s'y frotter à travers une adaptation vidéoludique. Cette lacune est désormais réparée grâce à Mordheim : City of the Damned. Même si, au final, le grand public n'est clairement pas la cible visée...
Située au nord est de l'Empire, la ville de Mordheim a été presque entièrement détruite par la chute d'une comète à deux queues, qui a eu également pour effet de disséminer un peu partout des éclats d'une pierre mystérieuse, que les différentes bandes de combattants qui occupent les lieux cherchent à récupérer. Voilà un résumé succinct de la cinématique d'introduction qui, étonnamment, est disponible uniquement en anglais non sous-titré, alors même que le reste du jeu est parfaitement localisé. On se demande bien comment un éditeur comme Focus a pu laisser passer cela, sachant qu'il ne faudrait qu'une vingtaine de minutes à un traducteur professionnel pour retranscrire le texte introductif. Cette lacune est d'autant plus regrettable que l'univers de Mordheim est assez peu connu. Mais nous verrons tout au long de ce test que l’accessibilité n'est clairement pas la priorité du jeu. La campagne commence par la création d'une bande de combattants, à choisir parmi quatre factions. Sachant que le jeu de plateau en comporte officiellement seize, on peut d'ores et déjà s'attendre à l'arrivée de contenus téléchargeables payants… Pour l'heure, il faudra donc se contenter des valeureux Mercenaires humains, des rats humanoïdes appelés Skavens, des Sœurs de Sigmar dont le couvent a été épargné par la comète, et du Culte des Possédés, qui regroupe dégénérés et autres mutants. En dehors des missions de combat, qui constituent tout de même le cœur du gameplay, il y a une foultitude de choses à faire avec nos combattants. Rien que le processus de recrutement demande de l'attention car on peut engager tout à la fois des Chefs, des Héros, des Brutes et des Hommes de main, chacun d'entre eux possédant un nombre impressionnant de caractéristiques et de compétences, qui feraient presque passer une feuille de perso du premier Fallout pour du pipi de chat. On ne détaillera pas tout cela ici, mais sachez qu'il y a bien une cinquantaine d'entrées à étudier par personnage.
LA MORT DANS L'ÂME
Par la suite, il faudra payer le salaire des mercenaires (qui finiront pas partir s'ils ne sont pas rémunérés), ainsi que le traitement des blessures reçues au combat, permanentes et qui finiront par les tuer si vous refusez de dépenser de l'argent régulièrement. Le Repaire de contrebande permet quant à lui de vendre à bon prix les pierres magiques ramassées pendant les missions, tandis que la Boutique sert naturellement à acheter de l'équipement supplémentaire. Au delà de l'expérience accumulée par les différents personnages, un "système Vétéran" avec compétences dédiées permet au joueur de progresser de manière permanente au fil des différentes parties. Car n'espérez surtout pas venir au bout de la campagne avec la première bande que vous créerez. Mordheim : City of the Damned se veut hardcore et sans pitié ! Ainsi, chacune des missions générées aléatoirement lors de la campagne vous place face à une bande adverse d'un niveau sensiblement plus élevé que le vôtre. C'est injuste, mais c'est ainsi. Il faut donc dépenser le plus judicieusement possible ses points de stratégie (déplacements, postures d'esquive ou de parade…) et points d'action (attaques, contre-attaques, sorts…) à chaque tour. Le moindre faux pas peut être fatal, et il vous faudra de nombreuses heures avant de réussir à tenir compte de l'ensemble des paramètres gérés par le jeu. Les jets de dés se logent absolument partout, et même une action aussi simple que grimper à un muret ou sauter en contrebas peut rater et vous coûter des points de vie.
Cette richesse et cette exigence sont évidemment plaisantes, voire enthousiasmantes, mais elles ont un coût : le jeu est vraiment difficile à prendre en main.
Cette richesse et cette exigence sont évidemment plaisantes, voire enthousiasmantes, mais elles ont un coût : le jeu est vraiment difficile à prendre en main. L'interface fonctionne sur un principe de défilement manuel des actions possibles (doublé d'une roue d'actions) et de confirmation systématique des ordres donnés. Du coup, même pour recharger un arc ou tout simplement terminer son tour, plusieurs clics sont nécessaires. De plus, la mini-map ne permet pas de se repérer facilement. Par exemple, un chemin qui semble accessible depuis cette vue haute peut tout à fait se révéler être bloqué lorsqu'on l'observe depuis la vue à la troisième personne. Fort "heureusement", les joueurs débutants pourront toujours compter sur les ratés de l'IA pour s'en sortir du mieux possible. Ainsi, il n'est pas rare qu'une brute ennemie reste bloquée en hauteur, tandis que nos archers l'allument patiemment à chaque tour. Mais le plus gros raté technique du jeu (plutôt joli et disposant d'animations sympathiques par ailleurs) concerne les temps de chargement des missions, qui prennent généralement de une à trois minutes à chaque fois ! Et trois minutes à observer bêtement un écran fixe devant son PC, c'est vraiment très long. Les défauts de ce type, associés à la complexité générale du jeu et à son manque d'accessibilité, font que le joueur moyen risque clairement d'être frustré, même s'il est déjà habitué à la stratégie au tour par tour de type XCOM. En revanche les aficionados de l'univers Mordheim apprécieront de se retrouver en terrain connu et d'avoir affaire à une adaptation fidèle et sans concession de leur jeu de plateau favori.