Test Isle Of Man TT : et si c'était l'une des meilleures simulations de moto du moment ?
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Alors qu’on ne l’attendait pas du tout, Isle of Man TT : Ride on the Edge est probablement l’un des meilleurs jeux de moto qu’on ait pu essayer depuis belle lurette. Malgré un contenu un peu léger, l’aspect simulation assumé et la qualité de la physique offrent un gameplay exigeant et plein de possibilités. Boucler un tour du Snaefel Mountain Course est un véritable accomplissement en soi, et réussir à le faire sans chuter et sans se traîner est encore plus compliqué. En enlevant toutes les aides, on comprend alors le défi que relèvent les pilotes de cette course mythique. D’ailleurs, avec la superbe modélisation du tracé, le jeu va sans problème pouvoir servir aux vrais pilotes qui veulent découvrir chaque virage du Tourist Trophy avant de s’engager pour de bon.
- Le Snaefell Mountain Course laser-scanné
- Pilotes et moto officielles
- Les motos superbement modélisées
- Graphiquement séduisant
- Physique très réaliste
- Pilotage exigeant
- Contenu un peu léger
- Catégories de motos manquantes
- Mode carrière anecdotique
- Animations pas terribles lors des Pit-Stops
- Absence des Suzuki GSX-R
Plus connu pour ses jeux de voiture, le studio parisien Kylotonn se lance donc dans la simulation de deux-roues avec Isle of Man TT, un jeu dédié entièrement au Tourist Trophy de l’Ile de Man. Après avoir repris la licence WRC des mains de Milestone, le studio s’attaque donc à cette autre spécialité du studio italien qu’est la course de deux-roues motorisés. Amateurs de course sur route moto, on était impatient de pouvoir mettre nos mains sur ce jeu qui profite de toutes les licences officielles, en nous promettant de pouvoir foncer à tombeau ouvert sur les petites routes de campagne de l’Ile de Man. Isle of Man TT peut-il éclipser les séries de Milestone telles que Ride ou même MotoGP ? Notre verdict.
Si vous êtes venus ici par esprit de découverte ou que vous n’y connaissez rien en course sur route moto, laissez-nous éclairer votre lanterne. Couru principalement en Irlande, ce championnat consiste en une série de courses qui ont la particularité de se dérouler sur des routes fermées formant un circuit. Contrairement au MotoGP, le pilotage est donc très délicat car la surface des routes est inégale, tandis que la moindre sortie de route est absolument interdite car ces courses voient les pilotes foncer à près de 300 km/h sur des routes de campagne et à travers les petits villages en évitant panneaux et trottoirs. Parmi ces épreuves, les plus connues sont le North West 200, l’Ulster Grand Prix et bien sûr la plus mythique de toutes : le Tourist Trophy de l’Ile de Man. Lancée en 1907, cette épreuve se déroule chaque année au mois de juin et regroupe en fait 5 courses différentes, plus une épreuve réservée aux side-cars et une course dédiée aux motos électriques (le TT Zero). La plupart des pilotes prennent donc part dans les cinq catégories principales qui sont le Superbike (moto de course 1000cc), le Superstock (moto de série 1000cc préparée), le Senior (ouvert à presque tout), le Supersport (600cc) et le Lightweight (2 cylindres et 650cc max).
Lors de cette épreuve extrêmement dangereuse (225 morts en 110 ans), les pilotes partent les uns derrière les autres avec un intervalle de 10 secondes, ce qui en fait en réalité une épreuve de contre-la-montre. La grande spécificité de cette course tient à son circuit, le Snaefel Mountain Course. C’est un tracé de plus de 60 km dont il faut connaître chaque bosse et chaque virage avant de pouvoir espérer remporter une épreuve, le record du tour étant actuellement de 16 minutes et 53.9 secondes, soit une vitesse moyenne de 215 km/h. La bonne nouvelle ici, c’est que les développeurs de Kylotonn ont collaboré très étroitement avec de nombreux pilotes vétérans de l’épreuve, tandis que le fait qu’il s’agisse d’un jeu officiel nous garantit un contenu officiel pléthorique. Dès le menu, on se rend compte qu’Isle of Man TT met le paquet pour séduire les joueurs avec moult rappels à la course mythique, à l’image de l’icône de chargement qui reprend le triskell présent sur le drapeau de l’île. La première déceptionn c'est que le jeu n’est pas si complet au niveau des montures, car le jeu n’offre pour l’instant que les catégories Superbike et Supersport (les side-cars sont prévus via une mise à jour), soit seulement 2 sur 5.
VIEUX MOTARD QUE JAMAIS
Heureusement, on retrouve toutes les écuries de l’édition 2015 ainsi que les pilotes avec leur équipement fidèle à la réalité, tandis que les motos arborent toutes les livrées officielles. On pourra donc choisir sa monture parmi l’offre des plus gros constructeurs comme Honda, Kawasaki, BMW, Triumph, et même Norton. Seul Suzuki manque à l’appel pour une raison inexpliquée, les amateurs de GSX-R devront donc trouver leur bonheur ailleurs. Chaque moto est superbement modélisée, et on avoue avoir passé un bon moment à détailler chaque pièce de la BMW S1000 RR de Ian Hutchinson tant chaque boulon est présent, tandis que les textures sont parfaites, qu’il s’agisse de la gomme du pneu ou du carbone du silencieux Akrapovic. On pourra d’ailleurs incarner tous les plus grands pilotes du TT avec des noms bien connus comme John McGuiness, Bruce Anstey, Cameron Donald, Michael Dunlop, James Hillier, Connor Cummins et bien d’autres. Le jeu reprenant les écuries de l’édition 2015, on déplorera aussi l’absence de Guy Martin qui avait fait l’impasse sur l’épreuve cette année-là. La minutie est également de mise en ce qui concerne la modélisation du Snaefel Mountain Course puisque les 60Km de tracé ont été intégralement laser-scannés, tandis que les développeurs ont pris grand soin de reproduire les décors avec un maximum de précision afin qu’on puisse avoir les mêmes repaires de freinages qu’en vrai.
Sorti du Mountain Course, le jeu propose également neuf circuits imaginaires plutôt bien réalisés dont certains s’inspirent même d’épreuves réelles (le Triangle Raceway qui ressemble au tracé sur North West 200), même si ces derniers ne sont pas aussi palpitants que le Mountain Course. La plus grosse surprise du jeu, c’est finalement au niveau du gameplay qu’on la trouve. En effet, alors qu’on attendait une maniabilité lambda un peu comme dans la série Ride, Isle of Man TT nous offre probablement l’un des expériences les plus exigeantes du marché. Véritable simulation hyper pointue, le jeu ne vous laissera clairement pas exploser les records si facilement. Les transferts de masse sont bien réalisés, et la physique du jeu est particulièrement bonne. Ici, pas question d’ouvrir les gaz en grand comme une brute sous peine de partir instantanément en roue arrière. Il va falloir doser chaque action, qu’il s’agisse de l’accélération, du freinage ou de la mise sur l’angle. En effet, le stick gauche contrôle le poids du pilote, et si le droite-gauche est plutôt classique pour les virages, il faudra coupler ces déplacements avec l’avant et l’arrière en fonction de la roue qu’on veut mettre en contrainte. Il faudra donc placer son pilote au micro-poil afin de pouvoir maintenir la moto rivée au sol, tandis que les nombreuses déformations du sol ajoutent un challenge supplémentaire. En effet, une bosse a tôt fait de nous faire partir en wheeling, lorsqu’on ne décolle pas tout simplement du sol.
La plus grosse surprise du jeu, c’est finalement au niveau du gameplay qu’on la trouve. En effet, alors qu’on attendait une maniabilité lambda un peu comme dans la série Ride, Isle of Man TT nous offre probablement l’un des expériences les plus exigeantes du marché.
Pas de panique pour les novices, un système d’aide au pilotage reste de mise et permet de diminuer drastiquement la difficulté. Les pros pourront d’un autre côté opter pour la boîte manuelle et un minimum d’intervention de l’électronique, et ainsi faire face à un challenge extrêmement ardu. En ce qui concerne le programme, le jeu nous propose des modes classiques avec des courses solo, un multi jusqu’à huit joueurs très classique et un mode carrière. Ce dernier nous met dans la peau d’un pilote de courses de route qui doit financer sa saison avec ses résultats. On devra donc gérer avec soin notre budget et choisir notre calendrier de courses, tout en prenant soin d’éviter les chutes, ce qui fait exploser le budget maintenance de notre machine. Sans grand intérêt, ce mode a l’avantage de nous plonger progressivement dans le bain, tout en permettant de se faire au pilotage. Malheureusement, l’IA s’avère assez désastreuse lors des courses en peloton car elle ne dévie pas d’un iota de la trajectoire, et si elle commet parfois des erreurs de pilotage, elle se montre extrêmement agressive, n’hésitant pas à percuter souvent le joueur. Dommage, d’autant plus que certaines machines demandent un sacré doigté avant de se laisser dompter à l’image de la brutale Suter MMX 500 avec son V4 2T. Comme toute motorisation 2 temps, le moteur est très creux en bas régimes avant de devenir incroyablement rageur à la limite de la zone rouge, au point de rapidement faire patiner la roue arrière. Le moindre contact est alors fatal, et comme le jeu se veut exigeant, aucun rewind n’est disponible pour rattraper la chute.
Enfin, il faut aussi mentionner la technique séduisante du jeu avec des graphismes de qualité, malgré quelques problèmes de clipping, particulièrement sur la végétation au loin. Néanmoins, il n’y a pas de quoi gêner l’immersion, surtout lorsqu’on fonce en vue cockpit (en vue bulle plutôt) à travers Sulby Straight et que la lumière perce le bocage mannois, créant ainsi un joli effet stroboscopique. On a également apprécié les diverses animations comme les retours de flamme à l’échappement avec un gros panache jaune lorsqu’on rétrograde et des cônes bleus de Bec Bunsen à l’accélération. De même, lorsqu’on couche trop la moto, une jolie gerbe d’étincelles viendra nous informer qu’on a commencé à limer le bout de nos repose-pieds. On en profite pour préciser qu’on peut choisir de courir à l’aube, en journée, ou le soir afin de profiter de luminosités différentes. Aucune course de nuit n’est disponible, les Superbikes et Supersport n’ayant pas de phares, tandis que les routes de campagne mannoises ne sont pas éclairées. Le jeu ne propose pas de météo non plus, l’épreuve étant systématiquement annulée en cas de pluie. Logique donc.