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Dernière déclinaison de la série Blue Dragon, Blue Dragon : Awakened Shadow ne parvient pas vraiment à sortir du statut de RPG bien mais pas top, voire pire, qui colle à la peau de ses prédécesseurs. Plutôt amusant en multi et disposant d'une trame solo qui se laisse suivre, le titre développé par Tri Crescendo aurait pu se faire une petite place s'il ne s'était pas uniquement reposé sur des concepts déjà vus. Sorte de mélange sans relief, le jeu accumule également des lacunes techniques qui finissent de ternir l'expérience de jeu, que ce soit solo ou multi. Même les ombres ont besoin de repos.
- Des personnages attachants
- Un scénario qui se laisse suivre
- Un mode multi sympathique
- Akira Toriyama en perso jouable
- Une réalisation moyenne
- Une I.A insupportable
- Musicalement pauvre
- La caméra qui saccade
- Le chara-design pas très inspiré
Après une tentative ratée pour s'implanter dans le domaine du RPG stratégique, la série Blue Dragon se dirige donc vers une autre approche, à savoir l'Action-RPG à forte tendance coopérative. Genre très à la mode sur la portable de Nintendo depuis plusieurs années, ce dernier est peut-être une bouée de sauvetage pour une saga qui n'a jamais vraiment brillé. La licence de Mistwalker ne se cherche-t-elle pas depuis un peu trop longtemps ?
Quelques longs mois après les événements de Blue Dragon Plus, les habitants de Néo Jibral parviennent désormais tous à maîtriser le pouvoir des ombres et se servent de cette capacité comme d'une aide dans leur quotidien. La paix s'est installée dans le royaume et tout le monde a oublié Néné et les Ancients. Ô surprise, les choses n'en restent pas là et une étrange lumière aspire les ombres de l'ensemble des personnes présentes sur le Cube. Un rebondissement qui voit également l'arrivée inopinée de votre avatar sur les terres de Néo Jibral. Une coïncidence qui n'en est pas vraiment une, celui-ci venant directement d'un complexe mystérieux enfoui dans les entrailles de la terre. Après avoir généré entièrement votre héros ou héroïne grâce à un éditeur assez simpliste vous serez donc propulsé directement dans le scénario où l'origine de votre personnage est une des clés des rares rebondissements présents. Une aventure bien pépère qui semble avoir mis ses grosses pantoufles de classicisme pour dormir au coin du feu. Un peu à l'image du game-design général.
Marche à l'ombre
Construit sur le principe des récents A-RPG à vocation multijoueur présents du DS, Blue Dragon : Awakened Shadow offre donc une multitude de petites quêtes secondaires entourées d'une histoire principale un peu prétexte. Si l'aventure se laisse suivre grâce au côté attachant des personnages et à la vraie importance du héros généré par le joueur, ce qui est loin d'être souvent le cas, le manque de rythme et l'aspect haché l'empêche de captiver l'attention et de se montrer motivante. L'intérêt est donc davantage de retrouver les héros des autres épisodes que de vivre une aventure à l'ancienne comme c'était le cas dans le premier Blue Dragon. Car avec ses environnements réduits et son aire de jeu essentiellement composée de donjons, la construction du soft est extrêmement mécanique et ne donne jamais l'impression au joueur d'être plongé dans une grande quête. Ce manque d'ouverture "narratif" est en un sens pallié par la possibilité de choisir sa destination et l'ordre dans lequel faire avancer le scénario dès les premières heures de jeu. Cet aspect non-linéaire intéressant permet à Blue Dragon : Awakened Shadow de donner rapidement une impression de liberté agréable qui empêche la frustration d'un Dragon Quest IX extrêmement poussif pendant de nombreuses heures. Un côté positif qui aurait pu aboutir à une expérience agréable si le gameplay ne se montrait pas si limité. Les enchaînements de combats dans les donjons deviennent de fait très vite redondants à cause d'une utilisation des ombres problématique.
Car avec ses environnements réduits et son aire de jeu essentiellement composée de donjons, la construction du soft est extrêmement mécanique et ne donne jamais l'impression au joueur d'être plongé dans une grande quête."
Ces dernières nécessitent en effet un temps de rechargement précis, qui empêche d'utiliser un second sort tant que la jauge affiliée n'est pas vide. La majeure partie du temps est donc composée de coups d'épées, bâtons, sabres et autres objets offensifs et de quelques pas de course autour d'un adversaire afin d'éviter les mauvais coups. Le tout en attendant le retour de l'ombre et donc de la magie. Un système assez stratégique dans le fond, obligeant le jour à bien choisir ses sorts, mais qui repose également sur la coopération. Par exemple, les sorts de renforcement ou de debuff fonctionnent idéalement par paire et il est quasiment impossible d'en lancer deux simultanément. La faute à une I.A qui pense à tout sauf à jouer en équipe. Les deux personnages qui servent de compagnons - faisant parti d'une sélection composée pour la majeure partie du casting des précédents opus – ne s'adaptent que rarement à une situation de combat. Le système même du jeu en solo vous force à adopter le multi. Non seulement à cause des immenses lacunes de l'I.A mais également dans l'intérêt du principe de looting très présent. En effet, les objets obtenus en multijoueur sont d'une part plus nombreux et d'autre part plus intéressants.
L'armée des ombres
Comprenant un système de création et de fusions d'armes et d'armures très bien pensé, Blue Dragon : Awakened Shadow appuie sur la notion de collection. Visibles sur le personnage principal, les diverses pièces d'équipements peuvent également être associées à des caractéristiques via certaines pierres précieuses lors de leur création ou amélioration. Un système riche donnant accès à une liste d'objets déjà impressionnante en solo et largement rehaussée en multi par la présence d'items inédits dont les plus rares sont obtenus lors de combats contre des monstres spéciaux. Ces derniers gardent des arènes accessible via diverses portes situées dans Néo Jibral et nécessitent globalement la présence de plusieurs joueurs humains pour être exterminés. Une situation qui se retrouve également contre des boss totalement en décalage, autant au niveau esthétique que ludique. Possédant un niveau bien plus élevé que celui des créatures souhaitant votre mort pour d'obscures raisons, les boss font office de déviation quasi obligatoire vers le mode multijoueur. Il est bien évidemment possible de les éliminer en passant par des séances de leveling à répétition, mais ce déséquilibre pénible freine régulièrement l'avancée et plombe un rythme déjà loin de soulever des cris de joie. D'autant que ce côté laborieux s'accompagne d'une gestion de la caméra dans le même ton. La moindre rotation provoque des saccades et le temps que le point de vue se recale il est légion de recevoir quelques coups d'adversaires qui n'attendent pas d'être visibles à l'écran pour en distribuer une rafale. Une lacune technique qui ne peut pourtant pas être imputé à une surcharge graphique, les personnages et les décors manquant quelque peu de polygones malgré une réalisation correcte. Musicalement en revanche, si les compositions souffrent d'une carence de variété et se contentent le plus souvent de boucles très courtes, le plus gênant reste l'utilisation de sonorités montrant à chaque note leur appartenance au siècle dernier. Le processeur sonore de la DS n'étant déjà pas très performant, certaines mélodies sont d'une qualité particulièrement basse. Un ensemble de défauts qui plombent Blue Dragon : Awakened Shadow et le place comme une déclinaison lambda de la récente série d'A-RPG ou de RPG à vocation multi sur DS. Un titre dont l'intérêt vient de la présence de plusieurs aventuriers humains mais qui, même sur ce créneau, réussit simplement à être une alternative moyenne pour joueurs en manque de nouveauté. Car avec un Dragon Quest IX : Les Sentinelles du Firmament autrement plus carré, il y a matière à s'amuser ailleurs.