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Beau comme un ange, doté d'un univers original et muni de quelques vraies bonnes idées, Aion a a priori tout pour séduire l'amateur de jeux en ligne massivement multijoueurs. D'ailleurs, certains voyaient déjà en lui le messie, celui qui saurait enfin détrôner l'indéboulonnable World of Warcraft. Malgré le succès manifeste du jeu au vu de la surcharge actuelle des serveurs, nous sommes prêts à parier que le titre de NCSoft n'arrivera finalement pas à faire vaciller le hit de Blizzard. Les graphismes enchanteurs, ainsi que la possibilité de se déplacer et de combattre dans les airs, font certes passer de bons moments, mais les défauts de linéarité et de répétitivité empêchent d'atteindre réellement le septième ciel.
- L'univers atypique
- La possibilité de voler
- Les persos ont la classe
- Certains décors sublimes
- Les enchaînements de compétences
- Les liens hypertexte
- Le magasin personnel en théorie
- Les files d'attente...
- Quelques bugs d'interface
- Quêtes très répétitives
- Structure "linéaire"
- Zones de vol limitées
- Le magasin personnel en pratique
Sorti il y a près d'un an en Corée et presque six mois en Chine, Aion arrive enfin dans nos contrées européennes. Précédée d'une sympathique réputation, cette nouvelle production NCSoft a tout pour plaire sur le papier. Si l'examen pratique confirme quelques-uns des beaux atouts de la bête, ainsi que son intérêt général, il révèle également des défauts non négligeables .Certains de jeunesse, donc bénins puisque le titre est amené à évoluer en permanence, d'autres structurels et donc plus problématiques.
L'une des principales qualités d'Aion provient certainement de son univers original, qui s'affranchit des poncifs de l'héroïc-fantasy ou de la science fiction. Ici, point d'orc ni de soldat mais des Elyséens et des Asmodiens ! Chacun de ces deux peuples rivaux vit sur, ou plutôt dans, un hémisphère de l'étrange planète Atreia que l'on pourrait comparer à un trognon de pomme. Les Abysses, la zone centrale autrefois occupée par la Tour d'Eternité d'origine divine, sont aujourd'hui le théâtre d'affrontements perpétuels entre les deux factions. Beaux, élégamment ailés, vêtus de blanc et propres comme des sous neufs, les Elyséens se considèrent bénis des dieux car ils bénéficient de la lumière du soleil. A l'inverse, les Asmodiens plongés dans l'obscurité depuis des siècles se sont petit à petit transformés en créatures inquiétantes, munies de griffes, de crinières dorsales, d'ailes de gargouilles et d'yeux luminescents. Ce schéma binaire, qui pourrait rappeler l'opposition entre l'Alliance et la Horde de l'incontournable World of Warcraft, n'est en réalité pas si manichéen qu'on pourrait le croire au premier abord. Le jeu dispose d'une mythologie riche et intéressante, qu'on fera bien d'étudier avant de choisir son camp car il ne s'agit pas exactement d'opter pour les gentils ou les méchants. Dans tous les cas, le design des demi-dieux que l'on incarne ne manque jamais de prestance. Leur allure générale et leurs postures de combats impressionnent et enthousiasment dès l'écran de choix de classe. Quatre carrières initiales nous sont proposées (guerrier, éclaireur, mage et prêtre) pour un total de huit classes en définitive, puisque le niveau 10 permet de choisir entre deux spécialisations. Corps à corps, défense, attaque à distance, furtivité, sorts offensifs, invocations, soins ou buffs, il y en a pour tous les goûts. En revanche, Elyséens et Asmodiens étant issus de la même souche humanoïde, la variété en termes de races n'est pas de mise. Esthétiquement parlant, cela ne s'avère jamais gênant car l'outil de personnalisation des avatars ne manque heureusement pas de souplesse.
Aion, like a lion in Zion
En jeu, on ne croise donc pas une armée de clones mais des jeunes éphèbes tout droit sortis d'un manga, des vieux moustachus de l'époque victorienne, des toutes petites filles aux couettes roses ou encore des obèses de plus de deux mètres... Les vêtements et armures récoltés peuvent quant à eux être teintés de différentes couleurs afin de se distinguer. De toutes manières, la plupart sont tellement classieux d'origine qu'on les porte avec fierté même si d'autres en font autant. Les décors ne manquent pas non plus d'attrait puisque les sublimes paysages rappellent immanquablement ceux de Guild Wars, tandis que les deux capitales (Sanctum pour les Elyséens, Pandemonium pour les Asmodiens) possèdent chacune une architecture unique qui ne peut que séduire et impressionner. Dans ce flot d'élégance, seules quelques textures exagérément étirées, donc disgracieuses, font tâche. Dans l'ensemble, Aion reste un véritable ravissement pour les yeux. Ce n'est pas là la seule qualité du jeu, qui sait également se montrer convivial. Le didacticiel intégré se déclenche automatiquement dès que l'on effectue une action pour la première fois et affiche des petites vidéos explicites. Mais surtout, les noms propres présents dans les descriptifs de quêtes cachent en réalité des liens hypertexte, qui permettent non seulement de comprendre rapidement de qui ou quoi on nous parle grâce à une définition succincte, mais aussi de marquer sur la carte la localisation exacte du personnage ou du lieu mentionné. Cette fonctionnalité éminemment pratique rend service à de nombreuses reprises et simplifie la réalisation des objectifs. Ceux-ci prennent la forme de quêtes classiques totalement facultatives ou de missions, nécessaires à l'avancement de l'histoire et à l'évolution du personnage. Dans ce cas, elles sont généralement introduites par une minuscule cinématique réalisée avec le moteur 3D du jeu et bénéficient d'un onglet à part dans l'interface. Ce statut spécifique ne leur confère hélas pas une grande originalité.
Et tu tapes, tapes, tapes....
Qu'il s'agisse de quêtes ou de missions, le but reste généralement d'amener tel objet à tel personnage, d'éradiquer tel ennemi ou de récolter tant de trophées. Le jeu ne tente quasiment jamais de surprendre et ne fait appel que trop rarement à des scripts pour créer des évènements marquants. On passe donc le plus clair de son temps à abattre à la chaîne des foules de mobs, à la manière d'un farmer chinois. C'est certes une constante dans les MMORPG, mais elle est ici poussée à son paroxysme. Par la nature même des quêtes d'une part, mais aussi parce qu'elles ne suffisent parfois pas pour atteindre le niveau nécessaire à la résolution des suivantes. Etant donné qu'il est très difficile de lutter contre des créatures de niveau n+2, il faut donc de temps à autre se résoudre à faire de l'XP pour faire de l'XP... Pour nous faciliter la tâche, les mobs ont tout de même le bon goût de réapparaître rapidement et d'offrir un taux de loot élevé, en trophées de quêtes comme en objets annexes. On peut également voir dans le système d'évolution du personnage une preuve supplémentaire d'un certain manque de finesse de la part du jeu. En effet, passer un niveau n'octroie aucun point à dépenser pour améliorer les caractéristiques du héros, qui évolue automatiquement et qu'on ne peut donc pas vraiment façonner à sa guise, même si le système de "stigmas" accessible à partir du niveau 20 permet tout de même une certaine spécialisation. Dès lors, on perd quasiment la dernière notion de jeu de rôle qu'il pouvait rester dans le concept de MMORPG... Et la course à l'équipement prend une importance encore plus grande qu'à l'accoutumée puisque le matériel devient quasiment le seul moyen de modifier ses statistiques, à commencer par la plus originale d'entre elles : le temps de vol autorisé. Les ailes des personnages ne sont pas que décoratives et permettent effectivement de voler dans les airs en toute liberté.
Envole-moi...
En toute liberté... ou presque, puisque par défaut on ne peut voler que pendant une minute. C'est un peu décevant dans un premier temps, mais très vite cela devient une motivation supplémentaire pour mieux s'équiper (ailes, titres, armures, accessoires, talents et récompenses sont susceptibles d'allonger le temps de vol). Plus embêtant : la fonctionnalité la plus emblématique de ce MMORPG ailé est sensiblement bridée par la définition arbitraire de territoires, nombreux, où il est impossible de voler. Inutile de le nier : c'est extrêmement frustrant de devoir parcourir à pied la majeure partie du jeu lorsqu'on a une paire d'ailes accrochée au dos ! Confrontés aux éléments incontournables des jeux en ligne, nos demi-dieux perdent d'ailleurs régulièrement de leur superbe. Ainsi, si le système de craft se montre classique et efficace, il est assez étrange de voir un élu divin cuisiner une omelette ou une soupe pour gagner trois maigres points de vie ou d'endurance... La notion de puissance reprend heureusement ses droits en ce qui concerne les capacités offensives des héros. Le système de compétences fait en effet la part belle aux enchaînements (telle compétence ne se déclenche qu'après telle autre), ce qui décuple les possibilités stratégiques pour le joueur et l'efficacité de certains coups. Encore plus original : les personnages peuvent à tout moment s'asseoir sur un tabouret et établir un magasin personnel afin de vendre à la criée leur matériel. L'interface permet de choisir facilement les marchandises à vendre, leur prix, et le message que l'on souhaite déclamer en boucle pour alpaguer le chaland. Une bonne idée théorique qui se heurte à quelques obstacles dans la pratique. Si cela insuffle incontestablement de la vie aux différentes villes, on peut également perdre largement en immersion pour peu qu'un joueur décide d'afficher un message hors de propos. Et concrètement, peu de gens semblent acheter dans ces échoppes improvisées. Les mentalités et les habitudes évolueront peut être avec le temps mais, pour l'heure, les classiques ventes aux enchères et aux PNJ, qui ne manquent pas à l'appel, ont encore de beaux jours devant elles.
Vous l'aurez compris, Aion ne fait l'impasse sur aucune des fonctionnalités importantes des MMORPG. Il se dote donc également d'un système de PvP (et même de "PvPvE" puisqu'on peut affronter à la fois la faction adverse et les terribles Balaurs contrôlés par l'I.A.) et de donjons instanciés à parcourir impérativement à plusieurs. Mais tout cela est présenté d'une manière un peu trop linéaire. Jusqu'au niveau 15, vous soloterez tranquillement. Du niveau 15 au niveau 25 vous devrez grouper pour venir à bout de la plupart des quêtes. Et passé le niveau 25, vous aurez accès aux Abysses, et donc aux instances et aux affrontements entre joueurs. Le parcours est totalement symétrique pour les deux camps et l'ensemble manque légèrement de vie. Le fait que les deux factions ne peuvent se rencontrer que dans les Abysses se tient parfaitement d'un point de vue scénaristique, mais il faut dire adieu aux frissons ressentis dans d'autres titres tel WoW, lorsqu'un groupe tente par exemple un raid improvisé sur une zone ennemie de bas niveau. Comme le hit de Blizzard en son temps, Aion souffre également de quelques problèmes de jeunesse. Période de lancement oblige, il est actuellement impossible de se connecter sereinement le soir. Dans le meilleur des cas, on obtient une place dans la file d'attente (qui peut demander plus d'une heure pour se résorber). Dans le pire, on obtient un refus d'accès total, signifiant que même la file d'attente est pleine. L'interface présente également quelques bugs, le plus gênant concernant l'affichage des caractéristiques des objets, cachées aux trois quarts, donc illisibles. Ce qui oblige à se fier au code couleurs rouge/vert lors de la comparaison d'objets pour choisir le meilleur des deux...