Table Tennis : hands-on
Rappelez-vous, le samedi 4 mars dernier au matin, Rockstar Games nous dévoilait en exclusivité la sortie de Table Tennis sur Xbox 360. Prenant le monde entier à contre-pied, les créateurs de GTA franchissaient le cap de la next gen’ avec pour seul argument un jeu de ping-pong ! C’est après une petite escapade londonienne qu’on a pu se rendre compte à quel point Table Tennis est un titre surprenant à bien des égards.
A l’aube du coup d’envoi de l’E3 2006 où bon nombre d’éditeurs et de développeurs grillent leurs cartouches en affichant des exploits graphiques et technologiques souvent surréalistes (bluff marketing oblige), Rockstar San Diego (Red Dead Revolver, Midnight Club 3 : DUB Edition) revient aux prémices du jeu vidéo, là même où tout a commencé, en rendant hommage à Pong avec leur Table Tennis (pronconcez "Taibeul Tennis"). Pas de violence ni de coup de feu, ni même une paire de fesses, le nouveau jeu de Rockstar Games est un jeu grand public. Le PEGI affiche d’ailleurs un magnifique 3+ sur la jaquette européenne, chose qu’on a du mal à imprimer, tant les titres de Rockstar sont associés aux produits d’adultes et sujets à de nombreux scandales. Pari culotté puisque à l’exception près du très mauvais SpinDrive Ping Pong sorti chez Empire Interactive l’année dernière, personne ne s’est intéressé au tennis de table de manière sérieuse. C’est désormais chose faite et ce premier essai de la part de Rockstar Games a de grandes choses pour se transformer en coup de maître.
Ping et Pong
Deux joueurs, une table de jeu et un public, le décor de Table Tennis est posé. "Nous voulons faire de cette simulation de ping-pong un jeu qui puisse à la fois conjuguer fun, simplicité d’accès et gameplay efficace" affirmait Sam Houser, le producteur du jeu, lors de la prime annonce de Table Tennis le mois dernier. Des propos qui se sont matérialisés vendredi dernier après avoir passé l’après-midi à essayer le titre dans les locaux de Rockstar London lors d’une petite escapade anglaise. C’est d’ailleurs un choix qui pourra s’avérer être à double tranchant car Rockstar Games a d’abord privilégié l’aspect ludique de la chose, au détriment d’un contenu exhaustif comme on peut généralement retrouver dans les simulations sportives. Pas de création de personnages ni de mode "Carrière", Table Tennis se contente de faire participer deux joueurs dans un mode de jeu on ne peut plus classique mais qui a le mérite de rentrer dans le vif du sujet. Etant prévu pour le 26 mai prochain, rien n’exclut cependant l’ajout de nouveaux modes afin d’étoffer un peu plus le contenu du jeu. A confirmer donc.
Avant d’aborder un match, le joueur va donc choisir parmi une liste de 11 sportifs répartis de la sorte : 7 hommes et 4 femmes. Les matchs étant mixtes, il n’y a donc pas de contraintes de sélection vis-à-vis de son partenaire de jeu. Naturellement, chaque individu est caractérisé par un certain nombre de particularités qui se découpent en 4 grandes lignes : service, puissance, technique et précision. Dans un premier temps, on se redirigera vers Liu Ping, le pongiste d’origine chinoise et certainement l’un des rares personnages à afficher des statistiques équilibrées. Au fil des parties et une fois les subtilités du gameplay assimilées, les préférences de tout un chacun vont se révéler et les joueurs qui opteront pour un sportif plus technique se dirigeront certainement vers Jung Soo le coréen ou bien encore Jurden l’autrichien. A l’inverse, ceux qui privilégient la puissance à la technicité choisiront sans hésitation le basané Mark qui, malgré ses statistiques classiques cache une force de frappe hallucinante. Celle-ci est tellement stupéfiante que le personnage prend rapidement le dessus sur les autres. On espère à ce propos que Rockstar San Diego pensera un peu à revoir ses statistiques à la baisse pour ajuster l’équilibre entre les personnages. On appréciera également le look que les développeurs ont donné à Luc, le seul et unique joueur français du lot. Son faciès de mongolito, son bandana has-been et sa longue natte qu’il exhibe sans pudeur le couvrent de ridicule et font de lui un ringard de premier rang. Amis américains, le message est passé.
Ca joue les beaux gosses
D’un point de vue purement visuel et esthétique, Table Tennis est fidèle aux screenshots diffusés par l’éditeur. Les personnages sont modélisés avec soin et disposent chacun d’une palette de mouvements spécifiques. Histoire de citer quelques chiffres, on apprend que chaque personnage affiche pas moins de 30 000 polygones ! De même, les mouvements, une fois sur le terrain, frisent le réalisme. Les appuis, les déplacements en crabe et même l’animation des maillots sont criants de vérité. Si les joueurs réagissent en fonction du point marqué ou manqué, on regrettera en revanche l’absence d’expression faciale lors des frappes de balle, visibles avec précision lors des gros plans et ralentis. Les fans de détails en tout genre apprécieront également l’apparition de gouttes de sueur sur le visage des sportifs mais également sur les maillots qui s’humidifient de façon progressive. De même, il ne sera pas rare de voir le maillot remonté lors de certaines grosses frappes pour révéler un petit bout de nombril. Bref, nous sommes loin, très loin des graphismes décevants d’un certain Top Spin 2. Les environnements (plus d’une vingtaine au total) ont eux aussi bénéficié d’un soin tout particulier. Le public, même rare, a été entièrement réalisé en 3D et n’hésite pas à participer aux matchs en faisant part de ses préférences. Des encouragements, des applaudissements et même quelques vannes (l’excellent you sucks !) sont autant de détails qui permettent de rendre un match encore plus vivant.
Mais au-delà d’une réalisation plutôt bien menée, qu’en est-il du gameplay ? Aspect majeur pour ne pas dire révélateur de la qualité intrinsèque d’un jeu de sport. De ce côté-là, Rockstar San Diego n’a pas joué les usurpateurs non plus. S’il faudra un certain temps d’adaptation pour assimiler toutes les fonctionnalités des touches, la prise en main de Table Tennis est suffisamment prompte pour prendre son pied rapidement. L’orientation du jeu est d’ailleurs le cul entre deux chaises. Ni trop simu, ni trop arcade, le gameplay de Table Tennis n’en demeure pas moins efficace et il sera tout de même possible de placer quelques coups de Trafalgar à son adversaire. Les coups liftés et les amortis par exemple ne seront pas de trop pour casser le rythme d’un échange ou tout simplement pour empêcher l’adversaire de prendre le dessus rapidement. Si l’effet se ressent au niveau de la frappe, un indicateur visuel apparaît autour de la balle, ce qui permet ainsi au receveur d’anticiper la balle et de la renvoyer dans les bonnes conditions. A ces coups de vice s’ajoutent également un autre indicateur, palpable cette fois-ci puisque la manette se mettra à vibrer pour avertir d’un danger imminent. Cela signifie en d’autres termes que le coup envoyé a été appuyé par une trop forte direction et qu’il n’est pas encore trop tard pour recadrer la direction de la balle afin d’éviter qu’elle ne sorte des zones autorisés. Pratique même si de temps à autres, la vibration de la manette arrive un poil trop tard.
Le Top Spin du ping-pong ?
Autrement, de la même manière que Virtua Tennis et Top Spin, il est important de préparer son coup à l’avance afin de lui donner plus de puissance, que ce soit un coup normal ou coupé. Toutefois, vous imaginez que la rapidité d’exécution n’est pas la même sur une table de ping-pong. Le joueur se doit alors d’être sur le qui-vive à tout moment, ne relâchant la pression qu’à la fin d’un échange intense. Cet aspect est d’ailleurs systématiquement récompensé puisqu’il permet d’augmenter la jauge de puissance qui figure en haut à droite de l’écran. Il existe trois degrés (représentés par trois couleurs distinctes) de puissance et plus le joueur remplira sa jauge et plus ses frappes seront rapides puissantes et précises. Dans le cas de figure où les deux joueurs auront fait grimper leur jauge d’endurance, les lumières dans le stade s’éteindront et l’éclairage se focalisera alors sur la table du jeu, dramatisant de manière formidable la situation. La balle fuse, les échanges augmentent et l’intensité du jeu est multipliée à ce moment-là par cinq. Grisant. Un autre élément du gameplay fait aussi appel à cette jauge de puissance : le slow motion. En maintenant le bouton RB et en appuyant sur la touche A, lorsque la barre est suffisamment remplie, le joueur pourra ralentir l’action et la caméra se focaliseront sur cette frappe spéciale, communément appelé Focus Shot. En sus d’un apport visuel supplémentaire, le slow motion permet également aux frappes de gagner en intensité et en précision. De même, il permet de déconcentrer l’adversaire le temps de 2 ou 3 secondes puisque pendant ce laps de temps, il ne sait plus où est positionné son avatar. A l'inverse, en maintenant RB, il sera possible d'exécuter un Drop Shot, sorte d'amorti qui fera tomber la balle juste derrière le filer. Mesquin. On imagine que les fourbes n’hésiteront pas à abuser de cette technique.
A mille lieux des gunfights de GTA, des strangulations de Manhunt et des coups de taloches de The Warriors, le premier titre de Rockstar Games sur Xbox 360 n’est autre qu’une simulation de ping-pong accessible pour tous. Cela paraît bien évidemment irréel quand on connaît le passé de la firme mais Rockstar est on ne peut plus formel, Table Tennis est loin d’être une plaisanterie. Il aura donc fallu franchir la Manche pour constater à quel point l’enthousiasme des développeurs est communicative. Si certains aspects manquent encore d’ajustements, la réalisation et le gameplay de Table Tennis atteignent un niveau encore jamais vu dans un jeu de ping-pong. Certes, ce sport manque encore de porte-étandard dans le monde vidéoludique mais Rockstar Games semble être bien placé pour devenir un pionnier en la matière. A un peu moins de deux mois de sa sortie, Table Tennis peut d’ores et déjà porter le doux sobriquet de Top Spin du ping-pong. Et ouais !