Steel Rats : on a joué à un Metroidvania rétro-futuriste avec des motos et des guns
Malgré tout l’amour que vous portez pour le jeu vidéo, Tate Multimedia et Steel Rats sont deux noms qui vous sont normalement méconnus. Rien d’étonnant puisque Tate Multimedia est un studio polonais qui n’a jamais vraiment brillé par ses productions, coincées entre des adaptations de licences BD (Astérix, Lucky Luke, Titeuf), des jeux bien girly (The Horse & Me 2, The Saddle Club) et la série Kao qui est loin d’être une référence dans son domaine. Bref, pas de quoi briller en société et encore moins à frimer lors des soirées mondaines du jeu vidéo. Une mise à l’écart qui a naturellement poussé le studio à se lancer un vrai défi : celui de sortir de la médiocrité afin d’obtenir la reconnaissance de ses pairs, mais surtout des joueurs. C’est de cette niaque qu’est né Steel Rats, un sidescroller à moto qui semble avoir des relents de Metroidvania et de l’ambition à revendre. On a pu y jouer quelques jours avant son annonce officielle, et voici ce qu’on en pense.
Steel Rats, qu’on peut littéralement traduire par « Rats d’acier », est jeu de bikers se déroulant dans l’univers post-apo d’une Amérique des années 40-50 complètement dystopique. L’Humanité est au bord de l’extinction depuis que les robots sont devenus autonomes et souhaitent désormais se débarrasser de leur créateur. Afin d’empêcher que le monde se fasse contrôler par des machines type Skynet, une association de motards un brin déglingos a décidé qu’elle devait venir en aide à l’Humanité. Pour ce faire, elle a fait appel à ses meilleurs soldats qui n’ont pas hésité une seule seconde à enfourcher leurs plus belles bécanes et à s’équiper de leurs plus grosses pétoires pour aller dessouder du robot au QI un peu trop élevé. Quatre bikers se partagent la tâche et le joueur a même la possibilité de passer de l’un à l’autre à la volée pour profiter de leurs caractéristiques. Si chaque pilote possède un look et des armes différentes (fusil d’assaut, shotgun, lance-grenades), c’est bel et bien la moto qui fera office d’outil principal pour abattre l’ennemi métallique. Et quel que soit le personnage sélectionné, le véhicule possède les mêmes attaques. Sur la roue avant, on retrouve en effet la scie circulaire qui peut soit tronçonner machines et éléments du décor, soit permettre de s’accrocher aux parois verticales. La manœuvre nécessite d’ailleurs un certain doigté car si on arrive trop vite sur la structure, il y a de fortes chances pour qu’on finisse en PLS plusieurs dizaines de mètres plus bas. Gare donc. Quant à la roue arrière, elle permet de réaliser des demi-tours rapides mais aussi de générer une traînée de flammes pouvant aboutir à un coup défensif circulaire si le motard s’amuse à jouer avec les boutons de frein et d’accélération. Le rendu visuel le cas échéant est d’ailleurs plutôt réussi.
BEAU MAIS FRANCHEMENT PEU MANIABLE
Les graphismes sont d’ailleurs l’un des aspects qui nous a le plus séduits dans Steel Rats, avec des décors riches en détails, de très jolis éclairages et un certain sens de l’esthétisme qui confère au titre une ambiance fin du monde assez réussi. Classique dans sa structure, le jeu affiche cependant une réalisation contemporaine qui arrive à faire mouche, au point même qu’on ait été bluffé par le rendu visuel à plusieurs reprises. Là où le titre de Tate Multimedia se montre bancal en revanche, c’est dans sa prise en main, pas facile à maîtriser de prime abord, parce qu’elle manque considérablement de souplesse. Entre les changements de plan un brin crispés, le demi-tour affecté à un bouton, la gestion des deux roues qui sont au final indépendantes dans leurs attaques, et les sauts basés sur la répartition des poids (rappelant d’ailleurs la physique d’un Trials Fusion), il y de quoi s’arracher les cheveux par moments.
Là où le bât blesse véritablement pour le moment, c’est le manque de réactivité des motos qui donnent l’impression de faire 3 tonnes. Le jeu jouant sur la profondeur des plans, passer de l’un à l’autre nécessite un certain temps d’adaptation que les développeurs expliquent par un certain sens du skill. Mouais...
Là où le bât blesse véritablement pour le moment, c’est le manque de réactivité des motos qui donnent l’impression de faire 3 tonnes. Le jeu jouant sur la profondeur des plans, passer de l’un à l’autre nécessite un certain temps d’adaptation que les développeurs expliquent par un certain sens du skill. Mouais... Pour l’heure, nous considérons qu’il s’agit avant tout d’un manque de souplesse de la part des commandes, donnant le sentiment de diriger non pas un deux-roues mais un tank. L’exemple le plus flagrant étant cette séquence d’esquive de rames de métro que l’on devait appréhender en jouant sur les changements de plan. Sur le papier, l’idée était chouette mais à le vivre, c’était une vraie galère. Entre la moto qui refuse de se déporter au bon moment et le timing assez hasardeux de l’apparition des trains, on sent que les développeurs ont encore du pain sur la planche pour nous livrer une copie qui ait du sens. A ces difficultés de jouabilité se sont rajoutés lors notre session des erreurs d’indication dans les contrôles. Rien de bien méchant dans l’absolu mais ces conseils qui devaient nous être d’une grande aide nous ont littéralement flingués nos 15 premières minutes de jeu.
"YOU'VE GOT BALLS OF STEEL"
Se présentant comme un sidescroller en 2.5D, Steel Rats reprend donc les codes des jeux type Metroidvania, avec cette possibilité de parcourir chaque niveau librement, cassant ainsi avec le côté linéaire de la progression. L’idée pour les développeurs était de forcer le joueur à explorer chacun des niveaux, ces derniers proposant divers embranchements mais aussi de la verticalité, chose assez rare pour le genre. Résultat, en fonction du chemin parcouru, les ennemis n’étaient pas les mêmes et le gameplay totalement différent. Dans le cas présent, suivre la route du bas donnait lieu à du combat brut, avec un nombre plus conséquent d’ennemis, tandis que monter sur le toit des immeubles était synonyme de jeu d’équilibriste avec des sauts à réaliser. Derrière cette furieuse envie de casser la routine d’une progression classique, il y a surtout une promesse dans le gameplay qui se veut à la fois couillu et exigeant. A en croire les développeurs, Steel Rats a été créé pour permettre à différents profils de joueurs (speedrunners, fous du guidon, combattants et cascadeurs) de trouver leur compte. Malgré une prise en main peu intuitive, limite frustrante par moments, le jeu développé par Tate Multimedia arrive quand même à se distinguer. Par son approche assez atypique déjà, mais aussi par son esthétisme soigné, son atmosphère rétro-futuriste réussi et sa bande-son qui devrait elle aussi faire mouche. Les développeurs ont en effet fait appel à The 5678s, un groupe de rock japonais bien connu des amateurs des films de Tarantino, puisque c’est à lui qu’on doit le fameux Woo Hoo dans Kill Bill Volume 1. Difficile d’ailleurs de ne pas s’en souvenir. Attendu pour 2018, Steel Rats a les capacités pour faire du bruit à sa sortie, à condition alors de faire un effort dans sa jouabilité un brin désarticulé pour le moment.