Shadows of the Damned
Fruit de la collaboration entre trois grands noms du jeu vidéo que ce sont Shinji Mikami, Suda 51 et Akira Yamaoka, Shadows of the Damned est une sorte de Survival Horror à l'ambiance déjantée qui met en scène le chasseur de démons Garcia Hotspur. Annoncé lors du TGS 2010 le jeu n'avait jamais vraiment fait concrètement parler de lui, tout du moins jusqu'au dernier Showcase d'Electronic Arts à Londres; auquel nous avons pris part. Un trio doué pour un jeu qui lui ressemble ? Premiers éléments de réponse dans notre preview.
Basé sur la quête du Tarantinesque Garcia Hotspur, entreprise dans le but de retrouver sa chère Paula qui erre désormais dans un monde en proie aux ténèbres, Shadows of the Damned prend la forme d'un survival-horror misant davantage sur l'action que sur la peur. A l'image d'un Resident Evil 4 dont il s'inspire, tout du moins sur les deux séquences de jeu qui étaient proposées, le titre d'Electronic Arts tient davantage du survival-horror par son ambiance inquiétante et ses créatures effrayantes que par son principe qui demande d'abattre des adversaires dentus et baveux à l'aide d'un arsenal conséquent. Une atmosphère dérangeante entre Silent Hill et Devil May Cry qui sert de décor à une sorte de délire macabre, affichant immédiatement la patte de Suda51. Entre des scènes totalement barrées où l'angoissant tutoie le ridicule avec un aplomb assumé, et des dialogues hallucinants qui font rire autant qu'ils effraient, le jeu de Grasshopper Manufacture a un caractère fort et indéniable. Un cocktail rouge sang détonnant qui forme une sorte d'intéressant attrait dégouté ou l'inverse. Côté réalisation, Shadows of the Damned expose des environnements à la saleté démoniaque au sein d'une direction artistique très organique et vraiment réussie, qui ne fait pas de concession sur le côté série Z du titre. A l'inverse, ce dernier est un peu à la peine techniquement avec un aliasing prononcé et des textures pas vraiment convaincantes, notamment sur la version PlayStation 3. Un problème qu'il est néanmoins difficile de vraiment appréhender, l'état du projet exposé n'ayant pas été communiqué.
Une atmosphère dérangeante entre Silent Hill et Devil May Cry qui sert de décor à une sorte de délire macabre, affichant immédiatement la patte de Suda51.
Opposant le joueur à des ennemis nombreux et assez rapides, Shadows of the Damned campe malgré tout sur les positions du survival-horror et met en scène un héros à la rigidité prononcée qui met du temps à pivoter sur lui-même et à s'aligner sur des ennemis mobiles. Si ce compromis fonctionnait dans Resident Evil 4 avec des environnements adaptés et des ennemis qui arrivaient souvent de loin, laissant le temps de bien ajuster sa cible, il s'avère bien moins efficace dans le jeu de Grasshopper Manufacture. Certes, Garcia Hotspur peut distribuer des coups de torche en plus de son arsenal composé du Boner (pistolet), du Teether (mitraillette) et du Monocussioner (fusil à pompe), mais cette lourdeur dans les déplacements rend les affrontements un peu confus. Un aspect peu clair qui ne s'arrange pas avec une caméra qui a du mal à se positionner lors des combats au corps-à-corps et rend ces derniers problématiques. Un mariage survival/action qui a donc du mal à se faire dans une progression, pour le coup très typé Resident Evil avec son lot de mécanismes à l'ancienne. Les deux niveaux proposés reposaient en effet sur diverses zones à traverser de manière assez similaire avant d'arriver à un boss coriace. Dans les faits, l'avancée est régulièrement ponctuée par l'arrivée d'une espèce de brouillard démoniaque, qui rend les ennemis invincibles et fait baisser petit à petit la jauge de vie de Garcia. Il est donc impératif dans ces moments de panique de trouver des têtes de boucs scintillantes, seul moyen d'arrêter la diffusion de la brume. Il faudra alors les détruire à l'aide du tir secondaire de vos différentes armes tout en trouvant quelques réceptacles de vie pour ne pas succomber dans cet environnement hostile.
Âme damnée
Une fois ce voile dissipé, il est encore nécessaire de retirer les restes de sa protection sur les créatures, soit en les frappant d'un bon coup de torche, soit en les attaquant avec le tir secondaire, afin qu'elles redeviennent sensibles aux assauts normaux. Une bonne idée qui permet de créer des petites montées d'adrénaline dans des séquences de jeu basées sur la recherche d'un switch à actionner, afin d'accéder à la zone suivante et ainsi de suite. Dans cette présentation, l'objet permettant de progresser était une cervelle qu'il était nécessaire de donner comme repas à une porte démoniaque à tête de bébé. Tout un programme. Bien évidemment, une certaine évolution est présente, inspiration Resident Evil et Devil May Cry oblige, centrée sur la collecte de cristaux obtenus après l'élimination de monstres plutôt variés. Ceux-ci permettent par exemple d'upgrader ses armes ou bien d'acheter des bouteilles d'alcool bien utiles dans les cas désespérés. Avec son héros aussi prompt à la réplique qu'un Dante, dans un registre un peu plus rentre-dedans, son atmosphère à la fois délirante et angoissante et son aspect très second-degré, Shadows of the Damned peut potentiellement se révéler une bonne surprise si Grasshopper Manufacture prend le temps de peaufiner son gameplay et de choisir sa voie. Prévu pour le mois de juin prochain sur PlayStation 3 et Xbox 360, ce titre mystérieux et intriguant ne devrait donc pas tarder à révéler son vrai visage.