PAYDAY 3 : on y a joué avec les développeurs chez Starbreeze, nos premières impressions (Preview)
Si le développement de Payday 3 est officiel depuis près de 4 ans (l’annonce a été faite en 2019), ce n’est que cette année que Starbreeze Entertainment a commencé à donner du biscuit aux joueurs, et surtout à sa communauté. Un premier teaser en janvier dernier, une vidéo de gameplay lors du Xbox Games Showcase il y a quelques semaines, clairement les choses s’accélèrent pour le jeu de braquage le plus célèbre après GTA Online. Mieux, on sait que Payday 3 sera déployé le 21 septembre prochain, peu après la rentrée de classes et quelques semaines avant le capharnaüm des sorties de Thanksgiving et des fêtes de fin d’année. Il est d’ailleurs temps pour nous de vous révéler que nous nous sommes rendus chez Starbreeze Entertainlment à Stockholm (Suède) la semaine dernière, pour jouer au jeu, mais aussi poser plein de questions aux principaux développeurs. Voici le compte-rendu de nos deux journées passées sur place.
Quand Starbreeze Entertainment s’est lancé dans le développement de Payday 2, le studio suédois n’a jamais imaginé un seul instant que son jeu de braquage allait durer plus de 10 ans. Et pourtant, nous sommes en 2023, le jeu attire toujours plus de 65 000 joueurs actifs au quotidien, a vendu plus de 5.5 millions de copies ces deux dernières années, et il est même devenu le jeu Steam le plus joué depuis 10 ans. Autant vous dire qu’un succès pareil, ça forge des convictions et ça pousse effectivement à produire une suite. Seul problème, quand on a une communauté aussi active, que les joueurs ont leurs habitudes, comment faire pour ne pas casser leur jouet ? C’est une question que se sont rapidement posés les concepteurs du jeu, au moment de définir la ligne directrice de Payday 3, d’autant que techniquement, Payday 3 a été rebâti de zéro, from scratch comme on dit dans le jargon du jeu vidéo. La difficulté pour le studio suédois, c’est de reproduire l’ADN, l’identité de Payday, afin de ne pas trop bousculer les habitudes des joueurs. Il existe un feeling Payday 2, aussi bien dans le tempo, dans le ressenti des armes, mais aussi la manière de se déplacer. En passant d’un moteur-maison à l’Unreal Engine 4, le risque était énorme, et les développeurs se rappellent ce qui s’est passé avec Counter Strike, lorsqu’il est passé de la version 1.6 à Source, changeant radicalement le jeu. Les joueurs étaient non seulement déboussolés, mais ont rapidement tourné le dos au jeu. Cet exemple-là, à savoir l’échec de Valve, est considéré pour beaucoup comme un cas d’école, la chose à ne pas surtout reproduire. Autre élément majeur que Starbreeze a identifié très rapidement, c’est qu’il est préférable d’avancer main dans la main avec son public, ses fans et faire plaisir sa communauté d’abord, plutôt que de vouloir tout révolutionner pour tenter d’aller séduire un autre public, pas forcément loyal ou fidèle.
SEARCH & DESTROY
Conscient de ses atouts et de ses faiblesses, Starbreeze sait aussi que la concurrence reste assez mineure pour le genre de jeu qu’il couvre. Evidemment, l’autre grand jeu qui propose des braquages en coop’, ce n’est ni plus ni moins que GTA Online, et plus récemment Crime Boss (dont les retours sont asse décevants), mais ce n’est pas non plus la fête du slip, et Payday 3 peut donc continuer à miser sur sa communauté participative pour ne pas se fourvoyer. Malgré cela, avec la production d’un nouvel épisode canonique, il faut évidemment arriver avec des idées nouvelles, et des features inédites, afin de justifier l’achat de cette nouvelle itération. Premier élément qui nous a pas mal percutés et qui change quelque peu la donne, c’est cette notion de « mask off » qui a gagné en profondeur. Dorénavant, il est possible de passer plus de temps en civil, de profiter des lieux, de les explorer avant de démarrer le braquage. Toutefois, pour garder un certain équilibre, les concepteurs ont limité les actions des joueurs lorsqu’ils n’ont pas le masque sur la tête. On peut donc observer autour de nous et prendre des notes sur l’emplacement de telle caméra ou d’un agent de sécurité, mais il est impossible de sauter, de grimper sur une échelle ni même passer par-dessus une fenêtre. Une limitation volontaire dans le game design qui a pour objectif de conserver ce stress dès lors qu’on enfile le masque. Mais Andreas Hall-Penninger, lead producer sur Payday 3, nous a confirmé qu’il est tout à fait possible de terminer un casse en restant pacifique, sans jamais tuer qui que ce soit. Pour parvenir à ce résultat, le challenge est extrêmement relevé et pour sûr deviendra un achievement goal parmi les joueurs une fois le jeu sorti.
NON-BINAIRE
De toutes les façons, Payday 3 ne trahira pas l’ADN des deux premiers épisodes, et sans surprise, les braquages se feront de deux manières différentes : en mode "Stealth" ou "Loud". Et ce qui est bien avec ce jeu, c’est qu’on est vraiment à l’abri de rien, même si la team est plus que jamais soudée entre elle. Personne n’est à l’abri d’une mauvaise manipulation, d’une situation inattendue, comme le fait qu’une grenade pète par inadvertance. La communication et l’entraide sont évidemment les deux éléments-clefs pour espérer sortir indemne du braquage, car la difficulté monte crescendo et l’assaut du SWAT risque de donner quelques sueurs. Mais avant d’en arriver là, Payday 3 propose des fonctionnalités qui permettent aux casses de ne plus être binaires comme avant. Starbreeze Entertainment a donc mis en place ce qu’ils appellent un mode "Recherche" dans lequel les vigils et autres agents de sécurité sont alertes et se mettent à explorer les environnements en cas de suspicion. Mieux, si jamais un des braqueurs (en mode mask off) se fait prendre à fouiller dans une salle ou un lieu interdit au public, il peut se faire escorter vers la sortie, sans pour autant déclencher l’alerte générale. Il suffira alors de rester dans la zone de déplacement imposé par le garde en question. Les autres membres du gang peuvent alors profiter de ce moment pour fouiller d’autres pièces, récupérer des documents et même voler des badges accrochés à la ceinture d’un agent. Il y a une véritable plus-value à donner plus de liberté aux joueurs avant de passer véritablement au braquage avec le gun sorti et le masque sur le nez.
Mais ce n’est pas tout, il y a également cette notion de négociation, nouveauté de ce Payday 3, qui permet aux braqueurs de gagner du temps et d’échanger des otages pour empêcher la Police d’ouvrir le feu dès leur arrivée. Il est même conseillé de ne pas relâcher tout le monde, car il est possible de faire du trade pour récupérer des ressources. On peut d’ailleurs prendre un otage comme bouclier humain, pour là aussi gagner du temps, et empêcher de se faire allumer par les forces de l’ordre, qui respecteront la présence d’un innocent en première ligne. Payday 3 a d’ailleurs gagné en souplesse dans ses mouvements, avec par exemple la possibilité de dasher ou de glisser au sol pour se mettre plus rapidement à couvert. Ces petits changements ne sont pas grand-chose dit comme ça sur le papier, mais pour Andreas Hall-Penninger (lead producer sur Payday 3), c’est largement suffisant pour ne plus faire marche arrière. Du coup, difficile pour lui de revenir à Payday 2 qui se montre plus rigide dans son gameplay, une fois qu’on a goûté à sa suite. Parmi les ajouts qui changent la vie dans Payday 3, il y a aussi ces accessoires et autres petits gadgets qui permettent de mieux appréhender les situations. On peut par exemple coller des caméras et avoir un aperçu sur son smartphone. Les environnements sont désormais plus destructifs, et clairement cet aspect Rainbow Six Siege apporte considérablement à l’immersion et aux différentes possibilités de jeu.
GANGS OF NEW YORK
Comme d’habitude, c’est la coopération et la bonne entende des membres du gang qui permettra au casse d’être réussi, et l’on vous conseille d’ailleurs de lancer le jeu en mode de difficulté « hard » pour que le challenge soit relevé et de taille. Cela permet non seulement de renforcer le stress des conditions de braquage, mais aussi d’identifier les forces de chacun des joueurs dans son équipe. De toutes les façons, Payday 3 a été bâti sur les nombreux retours des joueurs tout au long de l’existence de Payday 2. Avec plus de 80 DLC sortis en 10 ans, (certains gratuits, d’autres payants), Starbreeze sait pertinemment ce qui hype ou non sa communauté. Il est évidemment encore trop tôt pour savoir ce qu’il y aura au lancement du jeu en septembre prochain, mais il n’a pas interdit de retrouver les maps iconiques de Payday 2, adaptées au gameplay de Payday 3, pour faire plaisir aux fans. De même, le business model reste à définir, bien qu’on se doute qu’il sera similaire à Payday 2, surtout si Starbreeze ne souhaite pas trop chambouler les habitudes des joueurs. Seule chose qu’on sait à ce stade, c’est l’intégration d’une monnaie in-game C-Stack qui permettra d’avoir accès à différents bonus, essentiellement cosmétique, sous-entendre par-là qu’il n’y aura pas de pay-to-win.
LES VERSIONS CONSOLES, UNE PRIORITÉ
La question des versions consoles a également été mise sur la table, et Starbreeze promet que les versions PS5 et Xbox Series profiteront du même suivi sur le jeu sur PC. Les développeurs ont en effet conscience qu’ils ont négligé les versions consoles pour Payday 2, mais que l’erreur ne se reproduira pas cette fois-ci. D’ailleurs, il a été précisé que le jeu fera fi des consoles old gen, afin de délivrer la meilleure expérience possible. Enfin, sachez que si l’histoire de Payday a un sens pour vous, les personnages emblématiques du jeu seront bel et bien de retour, que Payday 3 prendra en compte les événements survenus à la fin de Payday 2 et qu’il faut s’attendre à voir de nouvelles têtes arriver au sein de l’équipe. Et si on a quitté Washington DC pour New York, c’est non seulement pour renouveler les décors et les maps, mais aussi parce que New York représente la capitale des capitalistes, et qu’avec l’expérience acquise, notre gang ne peut pas se contenter de petits braquages de quartier, il faut désormais que chaque casse fasse la une des journaux.