Nintendo DS Browser


Nintendo DS Browser

Le chemin est encore long. Alors que Nintendo a toujours clamé son amour pour le jeu pur, le plug & play, et le dédain de tout rapport au multimédia, allant jusqu’à refuser une incursion sérieuse vers le jeu en ligne à l’aube du XXIème siècle avec la GameCube, l’ogre de Kyôto change peu à peu son fusil d’épaule. Après avoir mis en place le Wi-Fi sur sa portable et peu de temps avant les Wii Channels qui conjugueront multimédia et services grand public, Nintendo a jugé bon de faire découvrir le vaste univers d’Internet à son petit enfant prodigue, la Nintendo DS.


Une façon comme une autre de mettre en application le partenariat avec le Norvégien Opéra, tout en narguant la PSP d’un "moi aussi je peux le faire !". Faire aussi mal ? Oui, justement. Si personne ne s’attendait à des miracles à partir d’une machine fondamentalement bâtie pour le jeu telle que la DS, un simple coup d’œil sur les spécifications au dos du logiciel donne le ton. Formats non supportés : Flash, fichiers vidéo, audio, PDF et tout ce qui nécessite un module d’extension (plug-in). Ah oui, quand même. Du coup, Nintendo serait presque fier de nous préciser en retour que son navigateur supporte le HTML, langage sur lequel repose la consultation des pages Web et la saisie de texte sur un espace communautaire classique. Nous voici rassurés.

 

Browser, comme le méchant dans Mario ?

 

Certes, ça fait beaucoup de sarcasmes dès l’introduction, mais sérieusement, à l’heure où une connexion ADSL inférieure à 1 Méga devient presque obsolète avec la généralisation du téléchargement de fichiers poids lourds, des sites dont les homepages regorgent d’illustrations en flash, et d’une ère globalement ancrée sur le partage et la consultation de la vidéo, trouver l’intérêt de retourner à une utilisation si bridée relève de la gageure. D’autant que, est-il utile de le rappeler, cet Internet nomade est avant tout dépendant d’un point d’accès, ce qui signifie que celui qui s’acharne à surfer avec sa portable a déjà un PC connecté à Internet. A ce moment là, l’argumentaire reposerait sur la capacité à surfer (disons plutôt faire la planche, à ce stade) dans un établissement public disposant de ces HotSpot dont le développement est, paraît-il, en pleine croissance. Reste à déterminer quelle est la circonstance idéale pour perdre son temps sur un Web terriblement amorphe. Car sans surprises, et comme sur PSP, l’affichage des pages est donc lent, très lent, malgré l’absence d’éléments ralentisseurs comme la vidéo ou le flash. Outre une navigation au stylet pas si fluide qu’escomptée, le Nintendo DS Browser dispose d’un certain atout dans son choix du mode d’affichage. Dans le mode général, l’écran du bas (tactile) affiche l’ensemble de la page, dans une résolution donc trop petite pour être lisible. Mais l’idée est de faire glisser sur cette page un encadré qui fait office de loupe, la partie visualisée apparaît donc en gros plan sur l’écran du haut. Pas bête du tout, cette bonne utilisation du double écran n’en démontre pas moins, de par sa lourdeur, l’inanité de vouloir instaurer Internet sur des formats minuscules et technologiquement inadéquats. Autre solution, le mode Small Screen Rendering (SSR) permet de combiner les deux écrans pour afficher la page en hauteur. On navigue alors en sautant de lien hypertexte en lien hypertexte. Parcourir l’intégralité des pages de vos sites favoris devient un espèce de travail fastidieux, tant celles-ci sont complètement déformées à cause de l’absence de marge en largeur, chaque élément vient s’empiler l’un au dessus de l’autre. Là encore il s’agit d’un symptôme identique à la navigation sur PSP. Pour le reste, le Nintendo DS Browser, basé sur Opéra 8.5, se borne à proposer des options aussi secondaires que saugrenues comme désactiver les images (ça, pour une solution…) ou l’écriture manuelle du texte en formant ses lettres au stylet, dont la reconnaissance s’avère bien évidemment calamiteuse.

 

Que peut-on relever à la décharge de ce logiciel, si ce n’est mettre en avant la possibilité de consulter ses mails et les derniers résultats sportifs en présence de n’importe point d’accès Wi-Fi ? Autrement, le Nintendo DS Browser est également une excellente façon de rendre hommage aux pionniers de la toile en simulant les joies du 56k. Et encore, le modem 33k de la Dreamcast qui nous permettait d’errer avec Dreamarena était sensiblement plus rapide. Ici, on s’interroge quelque peu sur le rôle de la cartouche d’extension mémoire fournie avec le logiciel, qui vient s’insérer dans le port GBA. Non seulement l’ergonomie est peu réactive, mais l’absence de disque dur empêche vraisemblablement l’utilisation d’une mémoire cache, puisque le chargement du contenu ne parvient pas à s’optimiser, même après avoir rafraîchie dix fois la même page.

 

Le Nintendo DS Browser est un gadget onéreux (40 € !) et réducteur dont le simple fait d’être payant engendre des grincements des dents face au futur navigateur Opéra de la Wii qui sera gratuit les six premiers mois, mais également face au navigateur PSP intégré et supportant par ailleurs le flash une fois mis à jour. Qu’on ne s’y trompe pas pour autant, dans un cas comme dans l’autre, et pour toutes les raisons matérielles énoncées, l’utilisation ergonomique et fonctionnelle d’Internet sur consoles portables, ce n’est pas pour cette génération. D’autant que la DS ne dispose pas de la culture du firmware évolutif qui laisserait la moindre circonstance atténuante à ce logiciel d’infortune.




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Steeve Mambrucchi

le lundi 13 novembre 2006, 11:05




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