Mario Smash Football
Plus que jamais, 2005 sera l’année sportive de Mario. Après le tennis, le basket et en attendant de le voir une batte à la main puis sur une planche de snow, le plombier tentera quelques passements de jambes au foot. Nous nous sommes rendus à Vancouver pour assister au spectacle.
Il est loin le temps où Mario se contentait de casser des briques pour sauver la princesse Peach des griffes de l’affreux Bowser. Avec l’âge, la mascotte de Nintendo a décidé tout simplement de s’accorder du bon temps en s’inscrivant à un club de sport. Un esprit sain dans un corps sain, voilà le message que l’ami Mario tente désespérément de nous faire passer depuis quelques temps. Déjà, l’année dernière, l’italien à la casquette rouge exhibait fièrement son swing dans Mario Golf : Toadstool Tour accompagné de sa bande joyeux lurons Ensuite, nous l’avons vu une raquette dans la main échanger quelques balles dans Mario Power Tennis. Cette année, on retrouvera Mario sur un terrain de base-ball, sur une piste de danse mais également les deux pieds sur une planche de snowboard dans SSX on Tour. La saison sportive de Mario est comble et compte tenu de son succès populaire, il n’est pas prêt de prendre sa retraite.
Dévoilé pour la première fois lors de l’E3 2005 sous le nom de Super Mario Strikers (le titre américain), Mario Smash Football n’est pas un jeu comme les autres. Pourquoi ? Tout d’abord, le projet a été confié pour la première fois à une équipe autre que celle de Camelot qui avait jusqu’alors l’habitude de développer les jeux de sports estampillés Mario pour le compte de Nintendo. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Big N a en effet décidé de remettre le développement de Mario Smash Football à Next Level Games, un jeune studio canadien, dont la majeure partie de l'équipe est issue de Black Box, le studio créateur de Sega Soccer Slam. Ce choix a été le fruit d’une mûre réflexion et Nintendo savait pertinemment quelle direction prendre avec Mario Smash Football. Le travail effectué sur Sega Soccer Slam a semble-t-il tapé dans l’œil de Nintendo qui souhaite retrouver la même ambiance déjantée et l’orientation purement arcade dans leur produit. Pas étonnant que Mario Smash Football ressemble comme deux gouttes d’eau à Sega Soccer Slam. Le principe reste le même à savoir que chaque équipe dispose de 5 joueurs dont un qui officie au poste de gardien de but. Mais avant d’entrer avec fracas et applaudissements sur le terrain, il faudra dans un premier temps choisir son capitaine d’équipe. Mario, Luigi, Peach, Daisy, Donkey Kong, Wario et Waluigi, autant de personnages qui disposeront chacun de leus propres caractéristiques. Reste ensuite à sélectionner ses partenaires de jeu parmi un choix assez restreint de personnages et qui donneront le sentiment de se dédoubler sur le terrain tels des clones sortis d’un laboratoire secret.
A l’instar de Sega Soccer Slam, Mario Smash Football mise sur le fun et la convivialité avant tout. La prise en main doit être simple et seuls quelques boutons suffisent pour réaliser des mouvements de folie. Ici pas de ligne blanche, de fautes sifflées, de cartons ou bien encore de mi-temps, l’objectif est d’atteindre les cages adverses pour marquer le plus de points possible. Par ailleurs, l’utilisation de la force (tacles, coups de coude) et des items glanés en cours de partie grâce à certains choix défensifs est chaudement conseillée ! La taille du terrain étant volontairement petite, rares sont les moments où l’on aura le temps de développer une certaine stratégie de jeu. A quoi bon me direz-vous puisqu’il s’agit d’un jeu d’arcade où tous les coups sont permis ? C’est là que le bât blesse puisque les fins stratèges, ceux-là même qui tenteront de jouer en équipe et de construire un tant soi peu une stratégie auront plus de chance de marquer un but que les joueurs qui tenteront à tout prix de déclencher une super-attaque, en prenant le risque de s’exposer à une contre-attaque offensive. Le jeu en équipe et les belles actions seront d’ailleurs récompensées par des ralentis appréciables. Néanmoins et c’est bien pour cela qu’on apprécie le jeu, déclencher de temps à autre un tir foudroyant remet les pendules à l’heure et assure également l’acquisition immédiate de deux points. Mais avant de pouvoir scander à voix haute sa joie, il faudra réussir à déclencher son attaque, ce qui ne sera pas toujours une partie de plaisir. Car pour exécuter une telle frappe, il faut avant tout maintenir le bouton B un certain temps afin de faire apparaître une jauge à l’écran. Les plus adroits qui réussiront à atteindre les deux extrémités de cette barre pourront assister à une petite séquence animée digne des meilleurs moments de Shaolin Soccer. Si la manipulation n’est pas parfaite, soyez sûr que le gardien arrêtera la frappe, aussi puissante soit-elle ! Et ouais, c’est ça la grande classe !
Nintendo Soccer Slam
Nintendo et Next Level Games ne s’en cachent pas, Mario Smash Football est l’archétype du jeu convivial qui se joue entre potes à plusieurs, histoire d’oublier les soirées un peu trop solitaires. Quatre joueurs peuvent ainsi prendre place à ce pugilat sportif pour des parties hautes en rire et en hurlements à tout va, nous en parlons en connaissance de cause. Toutefois et c’est bien là le comble de la situation, les parties à quatre joueurs se révèlent être rapidement un méli-mélo sans nom. Le changement de joueur pendant le jeu est assez confus et le joueur qui exhibe le numéro 1 au-dessus de sa tête par exemple fera des passes automatiquement à un autre joueur portant le même numéro, laissant ainsi son co-équipier de côté. Frustrant et pas toujours très logique étant donné que cette confusion était absente dans Sega Soccer Slam. En revanche, les parties à deux joueurs s’avèrent être beaucoup plus claires et finalement plus agréables à jouer, aussi bizarre que cela puisse paraître. Pas d’inquiétude pour les éternels solitaires, Mario Smash Football intègre différents modes de jeu tels que la course aux trophées qui n’est pas sans rappeler ceux de Mario Kart. Aussi amusant et festif soit-il, Mario Smash Football est atteint par le virus habituel qui touche ce type de jeux, à savoir une certaine répétitivité et un manque flagrant de challenge, la faute certainement à une palette de mouvements limitée et la présence d’une seule attaque pour chacun des personnages. A l’instar de Mario Party mais surtout de Sega Soccer Slam, le titre prendra vraiment son envol à plusieurs, en espérant que les moments de confusion disparaissent lors de la sortie du jeu, prévue pour le 18 novembre prochain sur GameCube.
INTERVIEW NEXT LEVEL GAMES
La journée passée avec les développeurs de Next Level Games nous a permis de nous entretenir avec eux et récolter quelques informations croustillantes. Elles sont réunies dans l’interview qui suit.
JeuxActu : Comment s’est passée votre collaboration avec Nintendo ?
Next Level Games : Nintendo s’est intéressé à nous grâce à nos projets que nous avions réalisés par le passé, puisque nous nous sommes spécialisés en quelque sorte dans les jeux de sport. De plus, l’équipe actuelle est composée d’anciens membres de Black Box qui avait mis en œuvre Sega Soccer Slam, un jeu qui a semble-t-il séduit Nintendo.
Comment expliquez-vous le fait que Nintendo fasse appel à des studios externes, autres que japonais, pour développeur leurs jeux ?
Nous pensons que Nintendo a besoin d’apporter du sang neuf dans leurs productions et de casser un peu l’image enfantin que leurs jeux dégagent, c’est pourquoi ils ont fait appel à un studio canadien. Nous pensons aussi que pour toucher un public américain, ils ont besoin du savoir-faire de studios indépendants, cela fait partie des différents changements qui s’opèrent chez eux.
De manière générale, Nintendo a l’habitude de travailler avec Camelot pour développer les jeux sportifs de Mario. Avez-vous été en contact avec eux pour développer Mario Smash Football ?
Non pas du tout, nous avons vraiment développés le jeu sans l’aide d’aucune tierce personne et cela était primordial pour Nintendo qui voulait une approche totalement nouvelle pour Mario Smash Football. Si nous avions été en contact avec Camelot, la production du jeu aurait été forcément influencée par la suite. Non, Nintendo nous a vraiment laissé carte blanche pour casser l’image traditionnelle de Mario.
Certes, mais si on regarde bien, Mario Smash Football est la copie carbone de Sega Soccer Slam…
La plupart des développeurs qui travaillent sur Mario Smash Football ont participé à la réalisation de Sega Soccer Slam. Ce dernier a été notre point de départ pour développer Mario Smash Football mais nous avons éliminés tous les défauts qu’on pouvait retrouver dans Sega Soccer Slam pour en garder que le meilleur.
Toutes ses ressemblances avec Sega Soccer Slam n’ont-il pas posé de problème à Nintendo ?
Pas le moins du monde. Nous avons énormément discuté avec Nintendo avant de lancer la production qui souhaitait un jeu foncièrement différent des simulations qu’on trouve sur le marché comme FIFA Soccer par exemple.
Le système de récupération d’items est assez particulier, pourquoi ne retrouve-t-on pas les boites d’items directement sur le terrain ?
C’est l’une des particularités du jeu qui nous a le plus tracassé pendant la production. Nous avons essayé plusieurs configurations possibles et nous avons constaté que si nous plaçons les items directement sur le terrain, les joueurs ne joue plus au foot pour se concentrer sur la collecte des items, ce qui n’est pas notre but premier vous l’imaginez. C’est pourquoi, nous avons décidé d’adopter ce système qui se focalise sur les différentes actions que l’on exécute pendant un match.
La composition d’une équipe est assez particulière, j’entends par-là que seuls les personnages les plus connus de l’univers de Mario possèdent le statut de capitaine. Pourquoi ne pas avoir pris la décision de former une équipe avec l’ensemble des personnages de ce microcosme pourtant si riche ?
La raison est simple. Nous avons constaté que si l’équipe était composée des différents protagonistes du monde de Mario, il était difficile de reconnaître les membres de son équipe. Dans un jeu de football, il est primordial d’identifier d’un rapide coup d’œil ses joueurs car l’angle de vue ne le permet pas toujours. Notre choix s’est donc fait très naturellement et dès le début de la production.
Corrigez-moi si je me trompe mais il me semble qu’il n’y ait qu’une seule super-attaque par capitaine. Ne pensez-vous pas que c’est assez limité finalement ?
En réalité, il existe deux attaques différentes : le super strike et le hyper strike. Le super strike se déclenche lorsque vous maintenant suffisamment longtemps la touche de frappe, quelque soit la façon dont il a été exécuté, tandis que le hyper strike s’exécute uniquement lorsque vous avez réussi la manipulation dans le bon timing. De plus, nous avons décidé de nous concentrer davantage sur le gameplay du jeu et non sur les aspects visuels qui prennent énormément de temps à développer. Etant donné que le jeu devait se réaliser en moins d’un an, il était impossible pour nous de nous étaler sur de tels détails.
On se rend compte avec le temps que jouer de manière brutale n’est pas toujours payant, et que finalement, construire un vrai jeu ou jouer en équipe permet de marquer plus facilement des buts. Est-ce une approche volontaire de votre part ?
Tout à fait ! Nous voulions que le gameplay de Mario Smash Football s’adapte à tout type de joueur et par-dessus tout donner une bonne raison de marquer un but. Mario Smash Football ne renie pas son gameplay arcade mais comme tout jeu de football, il faut un tant soi peu se creuser la tête pour réaliser de belles actions et les beaux gestes doivent être récompensés !
Oui, et j’ai remarqué que le gardien avait tendance à arrêter la plupart des super strikes. Comment avez-vous géré les attitudes du gardien qui semble finalement assez invincible ?
Il y a un système derrière tout ça. En fait, nous ne voulons pas que les joueurs abusent des super strikes pour marquer facilement un but et c’est pour cela qu’il existe plusieurs méthodes pour tromper le gardien. Si vous vous amusez à reproduire systématiquement le même schéma d’attaque, vous avez peu de chances de marquer. Il faudra varier son jeu tout simplement.
Nous avons appris qu’il existait un personnage caché dans le jeu qui n’était pas issu de l’univers de Mario. Pouvez-vous nous dire de qui il s’agit ?
(rires) Comment êtes-vous au courant ? Quelqu’un de l’équipe a craché le morceau ? (rires) Il existe effectivement un personnage secret dans le jeu mais nous ne voulons pas le dévoiler, on tient à garder notre secret jusqu’à la fin. Il ne tient qu’à vous maintenant de le débloquer ! (rires)