MAD MAX : un jeu sous-côté, George Miller raconte n'importe quoi


MAD MAX : un jeu sous-côté, George Miller raconte n'importe quoiContrairement à ce qui s'est passé il y a 10 ans, la sortie de Furiosa Mad Max n'a pas été accompagnée d'un jeu vidéo. Il faut dire que les ventes décevantes du jeu de Warner Bros Games en 2015 ont calmé les ardeurs de l'éditeur américain. Certains joueurs se sont demandés pourquoi Warner n'avait pas profité de la sortie de Furiosa pour ressortir a minima une version remasterisée du jeu développé par Avalanche, afin de profiter de l'engouement autour du dernier film de George Miller. Etant donné le lancement franchement pas terrible du film, notamment aux Etats-Unis où il est en train de flopper sévère (32 millions de dollars en 4 jours, en plein Memorial Day, puisque le lundi était férié chez eux), autant vous dire que l'industrie du cinéma claque des genoux alors que débute la saison des blockbusters d'été. Ça n'a pas empêché un certain George Miller de chanter les louanges de Hideo Kojima tout en taclant le jeu d'Avalanche Studios à la gorge, comme ça, gratuitement. Non seulement ça a provoqué l'ire de l'ancien game director du jeu, mais aussi fait sortir de leurs gonds de nombreux joueurs pour qui le jeu Mad Max de 2015 est sans doute l'un des jeux les plus sous-côtés de ces 10 dernières années. Et ils ont complètement raison.

C'était il y a une dizaine de jours, lors de l'avant-première londonienne de Furiosa, deux jours à peine après la montée des marches à Cannes, George Miller a été interrogé sur la possibilité d’un nouveau jeu vidéo Mad Max par le site GamingBible. C’est à ce moment-là que le cinéaste a mentionné le jeu Mad Max de 2015 développé par le studio Avalanche, et pour lequel il a pu avoir ces mots blessants :

 

Ce n’était pas aussi bien que je l’aurais voulu. Ce n’était pas entre nos mains. Je fais partie de ces gens qui préfèrent ne pas faire quelque chose à moins de pouvoir le faire au meilleur niveau.

 

On peut le dire, George Miller n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour rabaisser le travail des développeurs de l'époque. Est-ce vraiment justifié ? Clairement pas, et on va avoir tout le loisir pour vous expliquer que non seulement le jeu avait compris toute l'intensité de ce qu'on attendait d'un jeu Mad Max, mais surtout que le jeu a aussi été mésestimé par la presse lors de sa sortie en 2015. D'ailleurs, sur quels critères George Miller se base-t-il pour dire que le jeu Mad Max est décevant à ses yeux ? Parce que jusqu'à preuve du contraire, le cinéaste australien n'est pas un gamer, et je me demande même s'il a déjà posé ses mains sur une manette. Evidemment, il n'est pas rentré dans les détails, mais on est à peu près sûr que Miller se base sans doute sur l'accueil très mitigé de la presse à l'époque.



Il suffit de se rendre sur Metacritic pour voir que le jeu s'en sort avec la faible note de 69%, moyenne obtenue sur la base de 72 tests, la nôtre y compris.cJe me rappelle qu'à l'époque, c'était un pigiste qui avait testé le jeu, un certain Florian Huvier et il lui avait donné la note de 15/20. Une note plutôt bonne, mais forcément, 15 pour un jeu de cette ampleur, c'est presque considéré comme une déception pour les éditeurs et les studios, surtout avec le barème Metacritic qui consiste à passer en couleur "jaune" les jeux qui ont moins de 75% de moyenne. De mon côté, j'ai platiné le jeu quelques semaines après la sortie du jeu et ce fut l'un de mes coups de coeur de l'année 2015, au point où je l'avais mis dans mon Top 5 des meilleurs jeux de l'année.

Mad Max

Quand on cumule plus de 80 heures sur un jeu, et qu’on en vient à faire des rêves à son sujet, c’est bien qu’il se passe quelque chose. Mad Max, c’était tout simplement le Shadow of Mordor de 2015 : un jeu qui ne paye pas de mine, que personne n’attendait, qui a été mésestimé, sous-noté et qui pourtant m'a fait triper comme jamais. Pourtant, le titre était mal barré, surtout après la première démo qui avait été faite en 2013, lors d’un behind closed doors très sélect’ à l’E3 où le jeu était encore prévu pour une sortie cross générationnelle, c’est-à-dire aussi bien sur PS3 et Xbox 360 que sur consoles next gen’. A l’époque, le jeu était moche et la démo pas assez intéressante pour qu’on en ressorte captivé. Repoussé à plusieurs reprises, au point même de louper la fenêtre de tir de la sortie ciné du reboot de George Miller (le film de l’année 2015 d’ailleurs !), Mad Max a eu la mauvaise idée d’attendre la rentrée des classes pour tenter de se faire une place dans les linéaires. Manque de bol, c’est aussi à ce moment-là que Konami avait décidé de commercialiser son Metal Gear Solid V, dont le tapage médiatique entre Kojima et l’éditeur japonais était à son paroxysme. Résultat des courses : Mad Max s'est écoulé dans sa totalité à 1.8 million d'exemplaires dans le monde durant toute sa carrière et sur l'ensemble des consoles sur lesquelles il est sorti. C'est clairement un flop et le jeu n'a pas été rentable ni pour Warner Bros Interactive ni pour son studio Avalanche Studios, le titre ayant demandé presque 4 ans de développement.

Mad Max

Christofer Sundberg, l’ancien patron d’Avalanche Studios, a réagi aux commentaires de George Miller sur son compte Twitter, et même s'il a été dans la retenu, on sent quand même une certaine aigreur dans ses propos. Et c'est normal, qui ne le serait pas avec de tels propos. Il est d'ailleurs revenu sur l'échec commercial du jeu, rappelant que la sortie du jeu étant en frontal face au MGS 5 de Kojima.

Comme nous avons été obligés de sortir Mad Max le même jour que [Metal Gear Solid V], ils nous ont blâmés pour les mauvaises ventes et ont annulé un tas de DLC qui attendaient juste de sortir.

 

Voilà, pour les gens comme moi qui n'avaient jamais compris pas pourquoi Mad Max n'avait pas pu bénéficier de DLC après sa sortie, vous avez la réponse aujourd'hui. Pas faute pourtant de mon côté d'avoir appelé régulièrement le service de presse de Warner Bros Games pour comprendre pourquoi il n'y avait aucun suivi sur ce jeu que je trouvais hypnotisant au moment où j'y jouais. D'ailleurs, Christofer Sundberg a également défendu son équipe en rappelant qu'elle mérite mieux que d’être aujourd’hui méprisée pour un projet dans lequel elle s'est énormément investi, en y laissant parfois quelques plumes. Pour Sundberg, le seul et unique coupable dans cette histoire, c’est bien Warner, qui aurait donc à la fois saboté le lancement du jeu, mais aussi son développement. Et ça rappelle un peu ce qui s'est passé avec Suicide Squad, qui est lui aussi un projet maudit, compliqué. Je sais qu'il est encore trop tôt pour que les langues se délient, mais je sais de source sûre que le développement a été extrêmement compliqué, que jamais Rocksteady n'a voulu de ce jeu. JA-MAIS. Résultat : 200 millions de pertes. Il serait peut-être temps de se remettre en question.

Mad Max

Christofer Sundberg a profité de la sortie de George Miller pour régler ses comptes et a révélé qu'au départ, Mad Max devait être un vrai monde ouvert, mais ils ont été contraints de convertir l’expérience en une structure plus linéaire. Mais qu’importe, il n’est pas trop tard pour s’y mettre, car même en étant plus linéaire que prévu, le jeu possède de vraies bonnes qualités. Si comme moi, vous aimez les open-worlds massifs, les ambiances post-apocalyptiques, les courses-poursuites explosives dans des engins de la mort qu’on peut customiser à loisir, le loot à gogo et le close combat ultra pêchu (fortement inspiré de Batman certes, mais tellement efficace !), laissez-vous tenter, vous ne serez pas déçu. En plus, le jeu a vraiment de la gueule, surtout le Wasteland, magnifique dans sa beauté et sa diversité. Et ça, les joueurs s'en sont rendus compte au fil des années, au point où il est aujourd'hui considéré comme, alors pas un jeu culte, mais un plutôt bon jeu, soutenu et défendu par toute une communauté qui n'hésite pas à monter au créneau et à le faire savoir. Sur Metacritic, il a même aujourd’hui une très bonne moyenne de 7,9/10 note des joueurs, et obtient encore aujourd'hui de très bons retours.

Mad Max

N'empêche, l'ironie du sort avec cette triste histoire, c'est que George Miller a fait savoir qu'il adorerait que Hideo Kojima fasse un jeu Mad Max. Et quand on sait que c'est Metal Gear Solid 5 qui a quasiment tué les ventes, indirectement j'entends, c'est pas de sa faute, jusqu'il fallait pas le sortir le même jour, c'est assez cocasse. Maintenant, est-ce que George Miller n'a-t-il pas jouer sur son amitié avec le game director japonais ? Etant donné que Hideo Kojima était avec lui à l'avant-première, étant donné que Kojima l'a embauché pour apparaître dans le prochain Death Stranding 2, c'est une manière un peu élégante pour renvoyer la pareille au créateur japonais. Encore une fois, je doute forte que Miller joue aux jeux vidéo, il a juste brossé son copain dans le sens du poil, quitte à mettre quelques tacles à la gorge aux développeurs du Mad Max de 2015 qui ne méritaient clairement pas ça.

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