Like a Dragon Ishin : on a joué au remaster next gen, un voyage en plein Japon féodal
Il fut un temps où la série des Ryu Ga Gotoku (Yakuza en Occident) était réservée à un cercle d’initiés, hormis évidemment son pays d’origine où chaque épisode est un succès critique comme commercial. Mais à force de ténacité, et sans doute aussi de lobbying, la licence s’est frayée un chemin vers le grand public américain et européen. Alors certes, nous sommes encore très loin des ventes dignes d’un gros triple A, mais les résultats sont suffisamment bons pour que SEGA puisse envisager de sortir le spin off Ishin quasiment dix ans après sa sortie initiale, à cheval entre les générations PS3 et PS4. Et ce retour au Japon féodal va se faire avec un peu plus d’ambitions, puisque le studio Ryu Ga Gotoku a même opté pour une version restaurée, entre le remaster et le remake. On a pu y jouer lors d’un voyage à Berlin au Musée du Samouraï, et voici tout de suite ce que nous en avons pensé.
Sorti au Japon en 2014, pour le lancement de la PS4, Yakuza Ishin (de son vrai nom Ryu Ga Gotoku Ishin) n’est pas le premier épisode à s’aventurer dans le Japon d’autrefois. En 2008, le studio avait déjà tenté l’expérience avec Yakuza Kenzan, le premier spin-off à passer de l’ère contemporaine à l’époque Edo, en 1605. Si ce dernier reste encore une exclusivité japonaise, le Yakuza Ishin va pouvoir nous livrer tous ses secrets d’ici quelques semaines, le jeu arrivant sur PC et toutes les consoles du moment, hormis la Nintendo Switch. S’il va falloir attendre une plus grande popularité de la franchise pour espérer voir débarquer une VF complète, on peut au moins se satisfaire de sous-titres en français, sans doute le meilleur moyen pour s’imprégner totalement de l’ambiance japonisante de ce titre, qui est un voyage en toute circonstance. Il faut dire qu’en nous propulsant en plein Bakumatsu (de 1853 à 1868), soit la période qui marque la fin du shogunat et de l’ère Edo, le Japon mit fin à sa politique isolationniste et autorisa les étrangers à apporter leur savoir-faire dans le pays. On ne va pas vous faire un cours d’histoire sur cette période d’ouverture du Japon vers le monde occidental, Wikipédia étant mieux placé que nous, mais il permet de mieux situer les enjeux et le gameplay de ce Yakuza Ishin. D’ailleurs, le nom Yakuza Ishin n’est désormais plus valable, puisque le jeu a été renommé en Like a Dragon Ishin, ce qui marque également la fin d’une ère, celle où Toshihiro Nagoshi régnait sans partage au sein de SEGA, lui qui occupait aussi le poste de producteur – et parfois de creative director – sur la franchise Yakuza. Son départ – forcé – pour les Chinois de NetEase est donc une manière pour SEGA de couper le cordon en changeant le nom, qui ne concerne d’ailleurs que l’Occident. Oui, on sait, c’est compliqué. Comme toute rupture d’ailleurs.
ICHIBAN JAPAN
En plaçant son histoire en plein Bakumatsu, Like a Dragon Ishin a décidé de s’appuyer sur de nombreux faits historiques, afin d’apporter une bonne dose de crédibilité à son récit. Ce dernier restera identique à celui qui avait été façonné il y a quasiment dix ans sur PS3/PS4, et ceux qui connaissent le matériau d’origine ne seront donc pas dépaysés. Pour les autres, ils découvriront un monde en plein changement politique et même culturel, dans lequel un soupçon d’uchronie viendra s’ajouter. En effet, le jeu nous permettra de suivre les aventures d’un certain Sakamoto Ryôma, personnage historique ayant existé (et ayant participé à renverser le shogunat Tokugawa), mais ce dernier est représenté dans le jeu comme étant un descendant de Kazuma Kiryu, le héros de la série principale. La démo que nous avons découverte lors de notre preview à Berlin n’avait pas pour objectif de s’étaler sur l’histoire, mais plutôt nous faire découvrir le gameplay, les zones de jeu ouvertes, les activités et surtout quelques missions scénarisées. La structure de base de Like a Dragon Ishin reste la même que n’importe quel autre Yakuza, c’est le contexte historique qui change un peu la donne.
En plaçant son histoire en plein Bakumatsu, Like a Dragon Ishin a décidé de s’appuyer sur de nombreux faits historiques, afin d’apporter une bonne dose de crédibilité à son récit. Ce dernier restera identique à celui qui avait été façonné il y a quasiment dix ans sur PS3/PS4, et ceux qui connaissent le matériau d’origine ne seront donc pas dépaysés. Pour les autres, ils découvriront un monde en plein changement politique et même culturel, dans lequel un soupçon d’uchronie viendra s’ajouter.
Premier élément avec lequel on s’est aussitôt familiarisé, c’est le système de combat, réparti en quatre styles différents : Swordsman, Gunman, Brawler et Wild Dancer. Si SEGA a beaucoup communiqué dessus ces derniers mois, pouvoir les tester manette en mains nous a permis de savoir lequel des 4 styles nous correspondait le plus. Chaque technique possède ses propres avantages et inconvénients, mais aussi ses finish moves spécifiques, et libre au joueur de switcher de l’un à l’autre comme il l’entend. Evidemment, vu le contexte de l’époque, les styles « sabre » (Swordsman) et le duo « kanata-épée » (Wild Dancer) risquent d’obtenir une certaine préférence auprès des joueurs. Non pas que le combat à mains nues et que le flingue ne sont pas intéressants à jouer, mais ils ne sont clairement pas les styles préférentiels, surtout face aux « boss » qui auront plus d’une fourberie derrière la tête pour nous faire mordre la poussière. Cela dit, quelle que soit la technique de combat choisie, Sakamoto Ryôma est capable d’esquiver les attaques adverses par le biais d’une glissade de côté ou d’une roulade, ce qui est fort pratique pour ne pas se retrouver acculé face à un combo adverse. Bien sûr, tout est fait pour réaliser de magnifiques enchaînements et il faudra seulement quelques minutes pour se familiariser avec les commandes, puisqu’il n’y a aucune manipulation compliquée ou hasardeuse.
DU NEUF ET DU MOINS NEUF
Forcément, étant sorti en premier lieu en 2014, les commandes de Like a Dragon Ishin peuvent paraître un brin rigides pour cette version qui ressort en 2023. On aurait pu croire que les développeurs aient assoupli le gameplay, mais en réalité, il s’agit du même feeling qu’il y a dix ans, avec des animations qui manquent en effet de souplesse, aussi bien dans les déplacements que les mouvements d’attaque. Attention, rien de bien dramatique, Like a Dragon Ishin se laisse apprécier dans sa globalité, aussi parce que les fans sont déjà habitués à ce mood old school qui est aussi quelque part une marque de fabrique de la série. Loin de nous l’idée d’être plus conciliant avec ce jeu qu’un autre remake, car il est vrai que le jeu accuse quand même ses mécaniques un peu trop anciennes. En fait, c’est principalement dans ses cinématiques que l’on s’aperçoit des évolutions visuelles apportées entre le jeu de 2014 et celui qui revient en 2023. Bien sûr, l’affichage s’est affiné, mais grosso modo, on est plus proche d’un remaster que d’un remake.
Heureusement, Like a Dragon Ishin a pour lui une ambiance très appréciable, surtout si vous êtes un amoureux du Japon, les zones ouvertes arrivant à retranscrire l’atmosphère si particulière d’un Japon que certains auraient adoré connaître ou du moins parcourir. La ville de Kyoto est un véritable plaisir à parcourir, avec une myriade d’échoppes à visiter, qu’il s’agisse du simple restaurant, ou d’une salle permettant de danser éventails à la main. Il y a même l’ancêtre du célèbre Don Quijote, magasin dans lequel on trouve de tout et n’importe quoi, avec un tenancier capable de retrouve le moindre de ses objets dans sa boutique. Comme d’habitude, Like a Dragon Ishin fait la part belle aux activités et autres mini-jeux, mais n’oublie pas non plus de donner vie aux différents PNJ qu’on peut croiser dans la ville. Il ne sera pas rare de croiser un enfant avec lequel on peut tisser une amitié, ou bien encore aider une vieille dame perdue pour la raccompagner chez elle. Et puis, il y a cette femme désemparée parce que son fils unique ne fait rien de sa vie, si ce n’est végéter dans sa chambre H24 pour une raison qui la dépasse. En prenant le temps de parler avec chacun de ces PNJ rencontrés au hasard, on débloque des missions spécifiques, scénarisées, qu’on vous permettre d’apporter encore plus de vie et d’humanité à cette ville, mais aussi d’en savoir plus sur le personnage de Sakamoto Ryôma et ses valeurs. Le jeu de SEGA prend le temps de poser le contexte et de développer les personnages, si bien que missions principales comme quêtes annexes se révèlent être aussi passionnantes. Alors bien sûr, Like a Dragon Ishin est loin d’être parfait, et il accuse encore une réalisation old school, comme cette absence de dialogues en dehors des cinématiques travaillées. Souvent, vous allez donc tomber sur des échanges muets, agrémentés de quelques bruitages ici et là, mais rien de plus. Un classique de la franchise qu’on espère voir évoluer pour passer une étape supplémentaire dans les épisodes à venir.
Depuis que la série Yakuza n’est plus réservée qu’à un cercle d’initiés et que le thème du Japon féodal a explosé ces dernières années, SEGA et le studio Ryu Ga Gotoku se sont dit qu’il était temps de porter le fameux Yakuza Ishin en Occident. Si le jeu est marketé comme étant une version à mi-chemin entre le remaster et le remake, il s’apparente davantage à un petit ravalement de façade qu’à un vrai travail de restauration. Le jeu est plus joli, plus éclatant en termes de graphismes, mais son gameplay est resté identique. Il y a bien quelques ajouts ici et là, mais rien de bien différent fondamentalement pour parler de refonte totale. Malgré cela, c’est le moment idéal pour se faire l’un des épisodes les plus séduisants de la saga, à la fois pour son contexte historique, mais aussi parce que voir Kazuma Kiryu grimé en Sakamoto Ryôma, ça n’a pas de prix.