King Kong, roi de l’E3 ?


King Kong, roi de l’E3 ?

Si le stand Ubisoft occupe déjà une place imposante au sein du Hall Sud de l’E3, il était encore moins difficile de ne pas remarquer l’imposant décor qui entourait la salle chargée de dévoiler les premières séquences du jeu King Kong, l’adaptation du prochain film de Peter Jackson.


Réservée à une certaine élite et placée sous surveillance, cette vidéo nous permit d’en savoir un peu plus sur la nouvelle production de Michel Ancel, le papa de Rayman et de Beyond Good & Evil. En dévoilant ces quelques séquences du jeu, Ubisoft prend le risque de mettre à nu les toutes premières images du film, dont le mystère est censé resté tout entier jusqu’à la sortie du film au cinéma. Outre la diffusion d’une petite vidéo faisant état de making of accompagnée d’interviews de Peter Jackson et de Michel Ancel, on a surtout pu assister aux premiers niveaux jouables du jeu sur Xbox. Le jeu démarre directement dans le vif du sujet, au cœur d’une jungle luxuriante. L’air encore bien groggy, nous voilà dans la peau de Jack Driscoll (Adrian Brody à l’écran) qui va assister à l’enlèvement de Anne Darrow (Naomi Watts dans le film) offerte en offrande à King Kong. Mélangeant FPS (lorsqu’on incarne Jack) et jeu d’action à la troisième personne (aux commandes de King Kong), le nouveau rejeton de Michel Ancel, semble assurer à lui seul le spectacle. Le jeu nous a été présenté sur Xbox et même si les premières images semblent un peu trahir l’adaptation de Peter Jackson avec des graphismes qu’on aurait souhaité plus fins, il s’est dégagé une ambiance bien particulière du jeu. King Kong, que l’on verra à plusieurs reprises, impose à l’écran grâce à sa carrure mais également par son design définitif.

 

Ne vous attendez pas non plus à un monstre issu d’un film de science-fiction, il reste avant tout un gorille et la présence d’une grande balafre qui lui parcourt toute la partie droite du visage lui apporte encore plus de charisme. Traqué comme une bête de cirque par l’équipe d’explorateurs américains qui pensent tenir là un scoop, King Kong n’est finalement pas le seul centre d’intérêt puisque l’île sur laquelle nos explorateurs se trouvent abrite d’autres animaux issus de l’ère jurassique. Jack et son équipe de tournage se retrouveront rapidement poursuivis par plusieurs T-Rex affamés à travers la jungle. Alors que tout espoir semblait perdu, l’ami King Kong intervient et s’interpose entre les deux dinosaures afin de leur régler leur compte. On passe alors d’une vue subjective à une vue à la troisième personne sans aucun accroc et nous voilà aux commandes du grand King Kong. Les coups sont bruts et ne font clairement pas dans la dentelle. Lors de ses déplacements à travers les niveaux, la caméra ne reste jamais figée et se place toujours d’une manière très élaborée afin de dynamiser l’action. Aussi agile dans ses coups que dans ses déplacements, King Kong incarne à lui seul la force à l’état brut. Si graphiquement, King Kong ne nous a pas foncièrement impressionné, c’est dans sa mise en scène et ses combats qui s’annoncent spectaculaires que le jeu met une belle claque. Mais qui d’autre que Michel Ancel pouvait mieux en parler ?

 

 

Interview de Michel Ancel

 

A quelques mois de la sortie en salle de la prochaine super-production de Peter Jackson, le stand Ubisoft s’était mis aux couleurs de King Kong ! En attendant de pouvoir apercevoir les premières images du film, le jeu nous tendait les bras derrière des herses en bois particulièrement impressionnantes. Ainsi installé dans une salle de projection, pouvait débuter une démo live d’une vingtaine de minutes. L’occasion d’en prendre plein les mirettes et de suffisamment titiller notre excitation pour rejoindre Michel Ancel, heureux (mais surbooké) producteur frenchy de ce futur phénomène ludo-cinématographique…

 

 

JeuxActu : Tout débute par une belle histoire…

 

Michel Ancel : Et par une grosse frousse… C’était en Janvier 2004, à Los Angeles, je devais rencontrer Peter Jackson afin que de discuter de l’adaptation de son futur film King Kong. J’étais tremblant, jusqu’au moment où j’ai vu débarqué Peter à l’hôtel, pieds nus et une version de Beyond Good & Evil dans les mains ! Il avait adoré le jeu. Il me l’a tendu, et m’a demandé de lui dédicacer. La situation était tellement surréaliste pour moi que l’atmosphère s’est tout de suite détendue…

 

JeuxActu : A l’époque, le tournage n’avait pas encore débuté. Sur quelles bases ton équipe s’est-elle appuyée ?

 

Michel Ancel : Afin de ressentir l’ambiance du long métrage, nous avons fait le voyage sur le plateau. Sur place, Peter nous a emmené dans une pièce gigantesque dont tous les murs étaient couverts de photos racontant le film. Il nous a consacré énormément de temps, nous a mimé les attitudes de son King Kong. Peter Jackson est quelqu’un de très tactile, véritablement habité par son projet. A ses côtés, tout devient vite assez spécial…

 

JeuxActu : C’est lui qui a décidé de séparer l’aventure entre Jack et King Kong ?

 

Michel Ancel : Oui, il y tenait dès le départ. C’était une exigence absolue. Pour lui, ces deux personnages possédait un point commun évident : Anne ! Tous les deux s’emploient à protéger cette femme. Au fil du développement, nous avons d’ailleurs compris combien leurs ennemis étaient aussi similaires.

 

JeuxActu : Impressionnant de n’apercevoir aucune jauge à l’écran…

 

Michel Ancel : L’immersion… voilà l’élément clef de ce King Kong. Tout a été simplifié afin d’offrir une expérience quasi primale. Par exemple, une touche vous permet de regarder dans votre barillet combien il vous reste de munitions. Votre état de santé est symbolisé par l’altération plus ou moins accentuée de votre vision. Si vous y réfléchissez bien, lorsqu’on compte sur une jauge de vie, la crainte de mourir n’intervient que lorsqu’il vous reste 2-3 points de vie. Avant, on a tendance à foncer dans le tas. Au contraire, si un coup peut vous tuer, à ce moment, votre perception de la tension grimpe en flèche. C’est notre objectif…

 

JeuxActu : Malgré son aspect très cinématographique, l’aventure semble se vivre d’une traite…

 

Michel Ancel : Nous avons misé sur l’action, toujours l’action. Le joueur doit être placé au cœur des événements et les appréhender de manière frontale, immédiate. Du coup, en supprimant le plus possible les cinématiques, paradoxalement, vous créez du rythme. Vous obligez le joueur à être en permanence sur le qui-vive, à scruter l’écran, à décupler son attention. Nous voulions vraiment renforcer le caractère d’urgence qui prévaut dans cette situation de bête traquée lorsque vous incarnez Jack…

 

JeuxActu : Et plus explosive avec King Kong

 

Michel Ancel : Complètement. Si les transitions se font naturellement, le style de gameplay varie clairement. Dans un cas, les sections avec Jack se vivent en mode FPS, tandis qu’avec King Kong, il s’agit plus d’un jeu de baston stylisé ! A ce moment vous pouvez déclencher des combos dévastatrices. King Kong n’est pas aseptisé. D’ailleurs, les blessures visibles sur votre corps jouent un double rôle. Celui du réalisme visuel et de la jauge de santé "déguisée".

 

JeuxActu : A ce titre, la réalisation graphique ne semble pas être la première priorité…

 

Michel Ancel : Nous utilisons le moteur « Jade », le même que celui employé pour Beyond Good & Evil et Prince of Persia. Bien évidemment, nous l’avons profondément retouché afin d’y incorporer de nouvelles features sympa, comme le système de végétation. Le résultat me paraît très convaincant si on l’observe dans son registre "immersion et ambiance". Ce n’est pas une course aux polygones, mais plutôt un défi à l’imaginaire grâce à des paysages enchanteurs…

 

 

JeuxActu : Dans le fond, malgré la violence affichée, ce King Kong cultive de nombreux liens avec un jeu comme ICO

 

Michel Ancel : C’est amusant que vous me parliez de ce titre. C’est une vraie référence pour moi. En effet, si on y regarde de plus prêt, dans les deux jeux, vous incarnez un personnage censé protéger une jeune femme. Je pense aussi que notre travail sur l’immersion se rapproche de la production de Sony. C’est une sacrée référence en tout cas…




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Julien Chièze et Maxime Chao

le vendredi 20 mai 2005, 17:30




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