Gun
Après s’être rendu mondialement connu avec la série des Tony Hawk, Neversoft a décidé de changer de monture en optant pour les purs sangs de l’Ouest sauvage dans Gun. Attention car la violence règne dans cet univers sans foi ni loi. Premières impressions depuis Los Angeles.
Chaque visite de studio de développement réserve ses petites surprises. Chez Neversoft, basé à Santa Monica à Los Angeles, nous nous attendions à voir une cohorte de skaters californiens et c’est un drôle de bonhomme affublé d’un long coutelas, d’un chapeau de cow-boy et d’une moustache de redneck qui nous accueille. Mais quel est donc cet étrange personnage et que nous veut-il ? Il s’agit simplement de Joel Jewett, président de Neversoft venu nous présenter leur tout nouveau projet : Gun. C'était quelques semaines avant l'E3...
La genèse de Gun provient d’une interrogation fondatrice de la part des employés de Neversoft : que faire après Tony Hawk ? A la recherche d’une niche que personne n’avait traitée, leur choix s’est porté sur le western. Même si on leur objectera que dans un passé récent, Red Dead Revolver avait rendu hommage à sa manière à sa variante spaghetti, il est vrai que la conquête de l’ouest n’est pas, et de loin, une époque aussi rabâchée que la seconde guerre mondiale dans l’univers des jeux vidéo. Pour nous autres, pauvres européens peu rompus à l’histoire de la fondation des Etats-Unis, Joel Jewett nous fit un petit cours de rattrapage à la pointe de son coutelas. Forcément, ça incite à rester attentif… La période qui va servir de trame à Gun se situe donc dans la seconde partie du XIXème siècle, grosso modo entre 1860 et 1890, juste après la guerre de sécession. La migration vers l’ouest s’accompagne alors du développement du chemin de fer en direction de la lointaine Californie tandis que la ruée vers l’or fait tourner les têtes, que les indiens n’apprécient que modérément de voir arriver des visages pâles sur leur terres ancestrales et que la cavalerie doit intervenir un peut partout. C’est sur cette base que Joel Jewett et son équipe ont décrété : "We could make a killer video game". Le choix s’est porté immédiatement sur un jeu d’aventure/action qui aurait un traitement réaliste, à la fois violent et sanglant. Pour appuyer ses dires, Joel Jewett nous fit un petit cours historique sur… le scalp ! Initié par les blancs pour compter les cadavres, ce découpage circulaire de la calotte crânienne fut ensuite repris par les indiens pour des raisons religieuses, la légende voulant chez eux que les morts aient le même aspect que chez les vivants. Après une démonstration in vivo sur la tête d’un journaliste allemand apparemment peu rassuré, il était temps de rentrer dans le cœur du sujet.
Pour Gun, Neversoft a voulu, avant tout, proposer des personnages d’une certaine épaisseur et s’est donc attaché les services de Leonard Johnson, un scénariste d’Hollywood. Au premier rang du casting, on retrouve bien évidemment le héros, Seth White (nom provisoire), un jeune homme sans histoire a priori. En compagnie de son père, Ned, il se rend à un rendez-vous avec une femme sur un bateau à vapeur sur une rivière du Montana. Peu avant la rencontre, une dispute éclate entre la femme et un étrange prédicateur. C’est à ce moment précis que des soldats rebelles prennent d’assaut le bateau à vapeur, entraînant une fusillade. C’est à ce moment que Ned jette son fils par dessus bord en lui criant qu’il n’est pas son père (soit l’exact contraire d’une scène de L’Empire contre-attaque !) et que le bateau explose. Seth se réveille ensuite au bord de la rivière, marquant le début de vos aventures dans le monde impitoyable de Gun. Avec sa vue à la troisième personne, on pourrait croire que Gun n’est qu’un Red Dead Revolver un peu plus adulte mais les premières séquences de gameplay vont vite nous prouver qu’il n’en est rien et que le jeu de Neversoft va aller bien plus loin que celui de Rockstar Games. La première surprise est visuelle puisque Gun propose des paysages à perte de vue.
Sur votre cheval, vous chevauchez allègrement en effet dans des espaces ouverts impressionnants sans le moindre temps de chargement. La première phase qu’il nous a été possible de voir se déroulait dans un saloon, lieu archétypal de la vie au far west. A la recherche d’une danseuse prénommée Jenny, vous n’allez pas avoir le temps d’aller discuter avec elle puisque dès votre arrivée, elle va être prise en otage. Se déclenche alors un gunfight pendant lequel la vue va passer à la première personne. A la manière d’un Max Payne, vous allez pouvoir ralentir le temps afin de mieux viser, votre jauge de ralenti se remplissant en tuant des ennemis, par des tirs en pleine tête, par exemple. Avec votre pétoire ou de la dynamite, il va falloir que vous nettoyiez complètement le saloon pour aller délivrer la belle. Rien à redire, tout est fluide alors que l’action ne s’arrête pas jusqu’au sauvetage final, e moteur graphique maison, évolution de celui utilisé sur les derniers Tony Hawk tenant impeccablement bien la route. Ne vous méprenez toutefois pas sur cette première séquence de jeu, Gun n’est pas un simple Max Payne à la sauce Clint Eastwood. En effet, votre personnage va évoluer au cours du jeu et de nombreuses missions optionnelles seront présentes pour booster vos caractéristiques (Gunhand – Quickdraw (pour la jauge de ralenti) – Melee – Horse Health – Health). De plus, votre arsenal va s’améliorer au fil de vos missions pour atteindre la quarantaine d’armes upgradables disponibles. Ce petit aspect jeu de rôle, couplé à une douzaine de changements d’aspect durant le jeu, concourt à faire de Gun un jeu prometteur.
Pull the trigger
Et ce ne sont pas les autres séquences que nous avons pu voir qui ont fait fléchir notre enthousiasme. Dans l’une d’elles, vous devez, par exemple, défendre des ouvriers chinois qui travaillent sur un pont contre les assauts d’une tribu indienne. Vous devrez également escorter une diligence et depuis votre cheval, abattre les bandits qui vont tenter de s’en emparer. C’est l’occasion pour nous de découvrir que votre cheval peut également faire office d’arme en piétinant un ennemi (eux-mêmes pouvant également vous rendre la pareille). Toutefois, votre cheval ayant également une jauge de vie, il va falloir prendre soin de lui. Si vous veniez à perdre votre monture, vous devrez poursuivre vos périples à pied en attendant de trouver un autre destrier. Et si vous voulez vous approprier celui d’un autre cow-boy, méfiez-vous car dans Gun, tout le monde est armé ! D’autres exemples de missions nous ont été donnés par l’équipe de Neversoft : ramener des troupeaux, s’échapper de prison, sauver un ami casseur de coffres de la pendaison et même rejoindre le clan des Blackfeet lors d’une attaque du fort des soldats rebelles. Cette mission, plutôt impressionnante, commence à bord de canoës depuis lesquels, vous allez tirer à l’arc sur vos premiers ennemis avant de s’introduire dans le fort et d’aller à l’assaut d’un nid de mitrailleuse particulièrement meurtrier. Si jamais la vie venait à manquer, il vous suffit de boire une fiole pour refaire le plein. A ces diverses missions viendront s’ajouter des combats face à des boss auxquels nous n’avons malheureusement pas pu assister mais au sujet desquels Neversoft annonce des gameplay largement diversifiés où l’environnement aura son rôle à jouer.
Si bien des détails restent à découvrir sur ce Gun, notamment le doublage qui devrait être assuré par des voix connues, Neversoft tient déjà là une bonne base pour faire LE jeu de western. S’il ne contiendra probablement pas de mode multijoueur sur cette édition prévue pour Noël sur PS2, Xbox, GameCube et Xbox 360, il le sera par la suite car Neversoft compte bien faire de Gun une nouvelle franchise. C’est tout le mal qu’on leur souhaite…