Gran Turismo Sport : on y a joué et on a été échaudé...
Sony nous a conviés à l’événement Gran Turismo Sport Unveiling afin de pouvoir enfin poser nos mains sur Gran Turismo Sport annoncé lors de la dernière Paris Games Week 2015. Après trois ans d’attente, mais surtout après de nombreux titres automobiles de qualité qui ont redistribué les cartes comme Project CARS et surtout Assetto Corsa, on était impatients de voir la riposte de Polyphony Digital. D’ailleurs, le créateur de la licence, Kazunori Yamauchi, avait fait le déplacement afin de nous expliquer en personne la philosophie et le concept derrière ce premier Gran Turismo développé spécialement pour la PS4. Le studio de légende s’apprête donc-t-il à révolutionner encore une fois le monde de la simulation de course comme il l’a déjà fait à maintes reprises ? On vous donne nos premières impressions après avoir passé quelques heures à tourner sur le jeu avec un volant, mais aussi avec une manette.
Selon Kazunori Yamauchi, Gran Turismo Sport est l’épisode le plus innovant de toute la série. C’est d’ailleurs comme ça qu’il nous a introduit le jeu d’emblée. Calibré pour l’eSport, le jeu mise le paquet sur le multijoueur avec une compétition dédiée appelée FIA GT Championship, et développé en partenariat avec la très sérieuse fédération Internationale de l’Automobile, qui organise les plus prestigieux championnats de sport mécanique tels que la Formule 1, le WRC, le WRX ou encore le WTCC. Voilà le pourquoi de la dénomination Gran Turismo Sport, et non pas 7 comme tout le monde l'attendait. Toutes les fonctionnalités sont d’ailleurs regroupées sous l’égide du mode "Sport" qui est présenté comme le principal mode de Gran Turismo désormais, le mode "Carrière" (ancien GT mode) n’étant plus qu’une annexe. On y trouvera donc deux catégories : la "Nations Cup", qui va opposer des pilotes en fonction de leur pays de résidence, sachant que les meilleurs joueurs de chaque pays seront invités dans des finales régionales (trois régions avec Europe, Amérique et Asie). Puis les meilleurs s’affronteront ensuite lors de la finale FIA, les trois vainqueurs ayant gagné leur place pour la remise des trophées annuelle de la FIA aux cotés des Hamilton, Ogier et autres. L’autre catégorie sera la "Manufacturer’s Cup", qui se focalise sur les constructeurs. En entrant dans cette catégorie, vous allez devoir choisir un constructeur qui deviendra votre unique fournisseur de voitures, quelles que soient les catégories de voitures. Dans ce volet, chaque meilleur pilote national (un par marque potentiellement) accèdera aux finales régionales – comme citées plus haut – où il sera mis en équipe avec les joueurs des autres pays qui ont choisi la même marque. Une fois les équipes constituées, elles se battront jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une, et donc un seul constructeur.
DÉTECTEUR DE TALENTS
Pour déterminer si vous êtes un bon pilote, Gran Turismo Sport s’appuiera sur un nouveau système de ranking qui prendra en compte vos victoires, vos temps au tour, mais aussi le nombre de contacts avec les autres véhicules. En gros, plus vous êtes rapides et moins vous jouez aux auto-tamponneuses, plus vous grimpez au classement. Ce système sert également pour faire le matchmaking : les bons pilotes finiront entre eux, et les adeptes du demolition derby seront ainsi rassemblés. Un système qui semble efficace et plein de bon sens. Evidemment, pour ne pas privilégier une élite de pilotes, de nombreux championnats seront organisés en ligne et on disposera de nombreux classements, un peu à l’image de ce qui se fait sur TrackMania Turbo. Si vous n’êtes pas le meilleur du monde, vous pouvez toujours tenter de viser le podium européen, français, régional, départemental ou communal. Yamauchi nous promet même un système de classement en fonction de l’âge du pilote. Ce système va même plus loin puisque les meilleurs pilotes pourront même décrocher une vraie licence de pilote grâce à des accords passés avec des fédérations locales comme l’ADAC en Allemagne, ou la FFSA en France. Apprenez sur Gran Turismo et confirmez sur la piste. Au-delà du jeu, le titre de Polyphony Digital se veut être une véritable pépinière de pilotes, un moyen abordable pour les écuries qui veulent détecter de nouveaux talents, élargissant ainsi ce qui a pu être fait auparavant via la GT Academy. Evidemment, pour habiller tout ce système, GT Sport se pare de tout un arsenal de features sociales, chaque joueur ayant par exemple une licence de pilote GT virtuelle qui lui servira de profil visible par tous les joueurs. Un hub social permettra aussi de suivre toute l’actualité du jeu, enfin, une companion app disponible sur tous les supports (iOS, Android, navigateur web) permettra d’avoir accès à tout le volet social du jeu, où que vous soyez.
CONTENU À GOGO
Au niveau du jeu en lui-même, il y a de grosses nouveautés. Exit la surenchère de véhicules, puisque désormais GT Sport ne proposera au lancement que 137 bolides, dont de nombreux fictifs rassemblés sous la bannière "Vision Gran Turismo". Ces voitures sont dessinées par les constructeurs, mais ne quitteront jamais le stade du concept-car. Polyphony Digital les fait donc entrer dans le jeu, un peu à la manière de l’opus spécialisé de Gran Turismo Concept sorti en 2002. Toutes les voitures seront divisées en quatre classes afin de simplifier les choses, on continue donc de s’éloigner de la réalité. Niveau circuits, on nous promet 19 pistes et 27 tracés dont certains intégralement nouveaux comme le Northern Isle Speedway (qui est un ovale de 800M) ou le Tokyo Speedway qui est une piste urbaine reprenant les décors des autoroutes de la capitale nippone, un peu à l’image du circuit Tokyo route 246 de GT4. Dans le contenu on retrouvera aussi les modes plus connus, comme le mode "Arcade" qui permet de faire une course rapide, le mode "Carrière" désormais divisé en quatre sections (école de pilotage, expérience circuit, challenges et étiquette du pilote) qui visent à former le joueur avant qu’il ne se lance dans le bain du multijoueur. Enfin, on dispose d’un onglet central des marques qui rassemblera les concessionnaires, mais aussi un volet musée de l’automobile qui permettra d’en apprendre plus sur des milliers de véhicules, mais aussi d’avoir accès à des choses annexes, comme l’émergence de l’art lié à l’automobile par exemple.
GT MIEUX AVANT...
Malheureusement, malgré toutes ces promesses, Gran Turismo accuse le poids des ans et se révèle être une sacrée déception. Techniquement, le titre fait pâle figure avec de gros problèmes graphiques comme un tearing impressionnant, un aliasing très présent et du clipping dans tous les sens. On s’attendait vraiment à mieux de la part de Polyphony Digital puisque le jeu est à peine plus beau que Gran Turismo 6, et bien loin derrière Forza Motorsport 6, Project CARS ou encore Assetto Corsa. D’ailleurs, la plupart des effets comme la fumée des pneus, les retours de flamme à l’échappement ou même la poussière soulevée lors des passages dans les bacs à graviers ont été supprimés. Exit aussi le système de dégâts cosmétiques qui était apparu. On peut conduire comme un goret sans plus aucune sanction. Et ce, à plus forte raison que la physique est loin d’avoir subi de grosses évolutions. On sent un moteur usé et la maniabilité de la voiture se révèle très arcade même en virant absolument toutes les aides au pilotage. Privé de tout, on parvient à garder la voiture droite sans aucun problème, même lorsqu’on coupe des chicanes en passant sur deux vibreurs et un talus gazonné. Exit le "Real Driving Simulator" et bonjour à un titre rappelant Racedriver GRID, situé entre simulation et arcade, le tout avec une optimisation maximale pour le jeu à la DualShock 4. SI les vues cockpit font enfin leur entrée dans le jeu (sans le délire des voitures premium désormais, ouf !), leur rendu est vraiment pas terrible, la faute à des textures vraiment moyennes et à un système d’éclairage miteux. On a même mis plusieurs tours avant de trouver les shift-light sur notre Audi R8 GT3. Pas d’espoir non plus au niveau des sons qui manquent cruellement de mixage. Le crissement de pneus couvre le bruit de notre moteur (qui fait toujours un peu sèche-cheveux), tandis qu’on entend parfaitement le bruit moteur des concurrents lorsqu’on s’en rapproche. Bref, le travail n’est clairement pas fini ici non plus. Enfin, les dingues de la météo devront se contenter d’un beau soleil d’été, aucune course de nuit ou sous la pluie n’est prévue.
Heureusement on peut se rassurer avec l’IA qui a fait de sacré progrès. Terminées les files à la queue leuleu de voitures-bouchon, celle-ci étant désormais vivante.
Heureusement on peut se rassurer avec l’IA qui a fait de sacré progrès. Terminées les files à la queue leuleu de voitures-bouchon, celle-ci étant désormais vivante. Elle tente des dépassements, fait quelques jolies actions, et se fout parfois dans le gazon. Malheureusement, elle ne calcule toujours pas le joueur et nous a foncé dedans à plusieurs reprises alors qu’on venait de faire une tête-à-queue. Les amoureux des belles carrosseries retrouveront aussi le mode photo qui permet de prendre des clichés de folie avec plus d’options que sur Photoshop, puisque GT Sport propose plus de 1 000 endroits pour réaliser des clichés de toute beauté. La conduite sur terre fait elle aussi son grand retour, même si nous n’avons pas pu l’essayer. Enfin, Kazunori Yamauchi nous a confirmé que le jeu serait entièrement compatible avec le PlayStation VR, bien qu’on n’en ait rien vu, et qu’on n’ait pas eu plus de précisions. Un dernier mot puisque le patron de Polyphony Digital a également tenu à s’excuser auprès des joueurs puisque la beta ouverte initialement annoncée lors de l’annonce du jeu à la Paris Games Week n’aura finalement pas lieu.
Polyphony Digital semble encore avoir une sacrée montagne de boulot à abattre afin que son jeu soit au niveau de la concurrence.
Même si nous sommes conscients d’avoir essayé le jeu sur une version Alpha, Polyphony Digital semble encore avoir une sacrée montagne de boulot à abattre afin que son jeu soit au niveau de la concurrence. Clairement plus orienté grand public et arcade qu’avant, on ne peut qu’espérer que les mois restants au studio seront efficacement mis à profit afin de corriger les très (trop) nombreux défauts du jeu dans son état actuel. Si les joueurs occasionnels devraient continuer à s’amuser, on doute que les fans de la série qui louaient ses qualités dynamiques soient séduits par ce nouvel opus qui change clairement de direction. Pour nous, il est en tout cas très difficile de s’enthousiasmer sur le jeu en l’état actuel des choses. Autrefois capable de s’adapter aussi bien aux joueurs les plus exigeants comme aux débutants grâce aux aides au pilotage, Gran Turismo Sport ne sait désormais plus faire qu’une seule chose : la facilité. Vu les espoirs qu’on avait placé dans le studio, c’est un peu un crève-cœur que de devoir faire face à une telle déconvenue.