Vendredi 13 Le Jeu : on y a joué et ça sent le gros jeu fumé !
Le vintage est à la mode dans le jeu vidéo. Qu’il s’agisse du rétrogaming, de l’amour retrouvé pour les machines d’arcade, ou même des adaptations façon années 80 de jeux actuels, tout est fait pour nous faire retourner dans le passé. Dans cette dernière catégorie, on pense surtout à Far Cry 3 : Blood Dragon, mais aussi au mode "Zombieland" du dernier Call of Duty. Aujourd’hui, on découvre un nouveau pan avec Vendredi 13 : Le Jeu, à savoir l’adaptation des gloires du cinéma des années 80. Vous l’avez deviné, c’est Jason Voorhees et toute sa mythologie qui sont au centre du jeu, et qu’on a pu essayer quelques heures via la bêta. Vendredi 13 s’annonce-t-il comme le jeu à frissons de 2017 ? Nos impressions.
Développé par le studio indépendant Illfonic (basé à Denver), Vendredi 13 : Le Jeu est un titre qui nous fait de l'oeil depuis qu'il a été annoncé début 2015. Une bêta, un studio indépendant, on ne s’attendait certes pas à des merveilles au niveau de la technique, mais on pariait sur la touche indé pour nous séduire. En effet, le titre est brut de décoffrage, dans le sens où il s'agit d'un jeu de survie à la troisième personne entièrement multijoueur. Un joueur incarne Jason, tandis que les autres (sept au maximum) incarnent de pauvres pékins qui doivent se barrer avant de finir en charpie. Classique. Seulement voilà, si sur le papier, l'affrontement s'annonce bien gore, une fois le jeu lancé, le résultat est d'un autre acabit. En effet, le netcode est carrément à la ramasse tandis que le matchmaking est un véritable enfer à vivre. En moyenne, on met plus de 25 minutes avant de trouver une partie, tandis que les déconnexions sont légion. On finit ainsi le plus souvent par revenir au menu ou dans le lobby (quand on est veinards) parce que le joueur qui joue Jason a quitté la partie. Pour faire court, avant de pouvoir jouer une partie complète, il va falloir un grand nombre d’essais et beaucoup de temps devant soi...
CAUCHEMAR EN GAMING
Une fois enfin dans le jeu, on commence à comprendre qu’il s’agit d’un pur produit destiné aux fans. Toute la mythologie de Jason est là, puisque la map reprend avec minutie le Camp Crystal Lake des films. Réalisé avec le moteur Unreal Engine 4, l’environnement est plutôt joli, bien que certains personnages soient vraiment ratés. On ne parle pas d’un léger problème de chara-design ni d’une DA douteuse, mais bien de gros bugs d’animation dignes des plus célèbres PNJ foirés de la série Assasin’s Creed. Lorsqu’on joue une victime, on apparaît de manière aléatoire sur la map, tandis que l’objectif est de fuir. Pour cela, on dispose de trois options. La première est de s’armer et de tuer Jason. Chose totalement irréalisable à moins que l’intégralité des survivants ne joue en équipe pour atteindre cet objectif, en tendant une belle embuscade au serial killer. Seconde option : réussir à démarrer l’une des deux voitures disponibles sur la map. Pour cela, il va falloir fouiller tous les bâtiments à la recherche de trois objets indispensables : une batterie, de l’essence et une clef de contact. Une fois ces éléments en votre possession, il suffira d’aller les installer dans la voiture, ce qui se fait via un système de QTE censé vous donner l’impression d’être McGyver. Dernière option possible : trouver un téléphone qu’on pourra réparer avec quelques outils, avant d’appeler la Police. Une fois cette dernière arrivée, il ne restera plus qu’à rejoindre son emplacement pour avoir la vie sauve.
Les ficelles du jeu sont très simples à utiliser et on s’ennuie assez rapidement, surtout que les parties se ressemblent toutes plus ou moins.
Niveau gameplay, les choses sont simples étant donné que notre personnage peut se déplacer, sprinter et utiliser quelques objets, comme des leurres pour attirer Jason (pétards, flares, ou poste de radio). Sauf que plus vous faites de bruit, plus Jason peut vous repérer facilement. On passe donc le plus clair de notre temps à marcher tranquillement, en évitant bien les bruyants buissons. Forcément, on se traîne et le rythme du jeu en prend un sacré coup. Surtout que l’ambiance n’est pas vraiment flippante. On a plus l’impression de jouer à un Evolve très mal équilibré qu’à un survival horror où chaque geste pourrait être fatal. D’ailleurs, si jamais Jason nous repère, de nombreux systèmes nous alertent de sa présence (comme l’écran qui devient flou), ce qui ruine absolument l’ambiance. Les ficelles du jeu sont très simples à utiliser et on s’ennuie assez rapidement, surtout que les parties se ressemblent toutes plus ou moins. D’ailleurs, si vous vous retrouvez seul et que Jason vous trouve, il sera quasiment impossible de lui échapper, à moins que ce soit la première partie du joueur qui l’incarne. Comme dans tous les survival horror, on pourra tenter de se cacher dans des placards ou sous un lit, avec l’habituel bouton qui permet de retenir sa respiration. Efficace contre une IA débile, totalement inutile face à un joueur chevronné. Or, rappelons que le jeu n’est jouable qu’en multijoueur.
GAMEPLAY ASYMÉTRIQUE
Une fois dans la peau de Jason, c’est tout de suite plus amusant. On prend un malin plaisir à traquer ses cibles, tandis qu’on peut les zigouiller avec un choix de takedowns bien gores, très inspirés par les pratiques de M. Voorhees dans le film. On écrase du crâne, on hache menu des membres et on peut même faire ça à l’arrache d’un bon coup de hache. Jason dispose de plusieurs pouvoirs (toujours comme dans les films) asservis à des cooldownsafin de lui donner l’avantage. On pourra ainsi se téléporter n’importe où sur la map, utiliser une sorte de dash qui permet de couvrir de très longues distances, passer en mode furie pour décupler les dégâts et enfin, disposer d’un sens de chasseur afin de repérer à distances les cibles les moins prudentes (celles qui courent ou qui font du bruit). Evidemment, pour équilibrer tout ceci, Jason ne pourra pas sprinter aussi vite que ses victimes ; mais qu’importe, puisqu’une bonne utilisation des pouvoirs permet sans problèmes de zigouiller tout le monde.
Finalement, il n’y a guère que le rôle de Jason qui ait un véritable intérêt, soit une chance sur huit de vous amuser à chaque partie.
Finalement, la difficulté dépendra souvent du nombre de joueurs sur le serveur. Si sept victimes sont là, il faudra être assez efficace pour les tuer toutes, tandis que sur un serveur presque vide, ces dernières n’auront aucune chance. Or, la population des serveurs est très fluctuante. D’abord parce que tous les joueurs qui se font tuer rapidement partent en général trouver une autre partie, ce qui est moins long que de faire le spectateur jusqu’à la fin (il n’y a aucune limite de temps) ; ensuite, parce que ceux qui arrivent à s’échapper facilement font de même. On ne vous parle même pas des problèmes techniques de netcode. Finalement, il n’y a guère que le rôle de Jason qui ait un véritable intérêt, soit une chance sur huit de vous amuser à chaque partie. Les probabilités sont minces. Sans que le jeu ne fasse peur un seul instant, on voit mal qui il pourrait séduire si ce n’est les fans absolus de la saga Vendredi 13, c'est-à-dire ceux qui ont regardé tous les épisodes une dizaine de fois et qui arborent un masque de hockey pour Halloween. Les autres trouveront à leur disposition une pléthore de jeux d’horreur nettement plus flippants et bien plus prometteurs, qu’il s’agisse de Resident Evil VII ou d’Outlast 2, pour ne citer que ces deux-là. En toute honnêteté, même s’il était irréprochable techniquement, on a toujours du mal à voir l’intérêt du jeu passé la dizaine de parties.