Fourteen Years of Flames : un Call of Duty sur la guerre "Chine vs Japon" durant la Seconde Guerre Mondiale

Il n’est désormais plus nécessaire de le rappeler : la Chine s’est imposée comme un acteur majeur, incontournable même, de l’industrie vidéoludique mondiale. Et cette montée en puissance n’en est encore qu’à ses prémices. Pourtant, depuis quelque temps, un reproche revient de manière récurrente dans le discours occidental : les productions chinoises se résumeraient à une formule unique, se cantonnant majoritairement à des Action-RPG d’inspiration Souls-like. Ce constat n’est pas totalement infondé, mais il demeure profondément réducteur. En réalité, la scène vidéoludique chinoise est d’une diversité remarquable ; simplement, les œuvres qui bénéficient d’une exposition médiatique en Occident sont presque exclusivement celles qui correspondent à nos attentes et à nos tendances du moment. Ainsi, un titre comme MechaBreak, jeu de méchas aux accents très Macross, est passé quasiment inaperçu. Delta Force a suscité quelques échos, mais sans véritable relais médiatique massif. Kaku Ancient Seal, jeu d'aventure ouvertement inspirée de Zelda, n’a bénéficié d’aucune visibilité notable. Même constat pour Wuthering Waves, RPG chinois sorti en 2024 et pourtant nommé aux Game Awards 2025 cette année, ou encore Karma The Dark World, largement ignoré par la presse occidentale. Certes, Ananta, ce GTA stylisé à l’esthétique animée, a réussi à percer un peu plus largement, mais l’offre, dans son ensemble, est bien plus vaste que ce que l’on veut bien en montrer. La réalité est simple : dès qu’un jeu évoque Dark Souls, l’intérêt médiatique s’embrase. Le reste, bien souvent, demeure dans l’ombre.
Mais réjouissez-vous, aujourd’hui, il n’est pas question de Souls-like, puisque La Chine s’apprête à investir un autre territoire, beaucoup plus familier du public occidental : celui du FPS militaire cinématographique. Voici donc Fourteen Years of Flames, ou de son titre original "Fenghuo Fourteen", un jeu de tir à la première personne qui évoque ouvertement Call of Duty et Battlefield, tout en s’attaquant à un pan de l’Histoire quasiment absent du jeu vidéo : la guerre sino-japonaise, sur fond de Seconde Guerre mondiale, vue depuis l’Asie de l’Est. Un conflit d’une violence extrême, parmi les plus meurtriers du XXᵉ siècle, et pourtant largement méconnu en Occident.
"LE CALL OF DUTY CHINOIS"
Sous son appellation internationale Fourteen Years of Flames, le jeu se présente comme un FPS solo narratif. Toutefois, son titre chinois, Fenghuo Fourteen, revêt une dimension bien plus symbolique. Fenghuo (烽火) se traduit littéralement par "feu de signal" ou "tour de feu". Dans la Chine ancienne, ces feux étaient allumés sur des tours de guet afin de signaler une invasion imminente ou un danger militaire. Il s’agissait d’un système de communication stratégique, fondé sur la transmission visuelle d’alertes. À titre personnel, je trouve cette appellation bien plus évocatrice et chargée de sens que sa traduction internationale, plus littérale et moins symbolique.
D’après les premières informations et les images du trailer, Fenghuo Fourteen s’inscrit clairement dans la tradition des anciennes campagnes de Call of Duty : une expérience linéaire, fortement scriptée, mais résolument cinématographique, où chaque mission est conçue comme un moment spectaculaire et mémorable. L’ambition est manifeste d'ailleurs, et le joueur incarnera 7 personnages distincts, chacun offrant un point de vue différent sur la guerre sino-japonaise, un conflit rarement, voire jamais, exploré par le jeu vidéo. Le récit s’étendra sur 14 années de guerre, avec une attention particulière portée à la période de la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle il convient de rappeler que le Japon était alors allié à l’Allemagne nazie. À cette époque, le Japon n’avait évidemment rien de l’image policée, kawaii, sugoi et ultra-codifiée que l’on associe souvent au pays aujourd’hui. Il s’agissait d’une puissance impérialiste, expansionniste et particulièrement agressive, non seulement envers la Chine, mais aussi envers la Corée et de nombreux territoires d’Asie du Sud-Est.
POUR RAPPELER QUE LE JAPON ÉTAIT L'ALLIÉ D'ADOLF HITLER
La campagne solo devrait se composer de 16 missions principales, chacune inspirée d’événements historiques réels. Les développeurs promettent une grande variété de situations et de mécaniques de gameplay afin d’éviter toute monotonie. On passera ainsi de combats à cheval dans des campagnes dévastées à des séquences aériennes sous haute tension, avant de s’infiltrer dans des complexes militaires lourdement fortifiés, où le rythme se veut étouffant et nerveux. L’objectif affiché n’est pas seulement de proposer un défouloir armé, mais de faire ressentir le poids, la tension et la brutalité du conflit. À l’heure actuelle, le jeu est uniquement annoncé sur PC via Steam. Aucune date de sortie n’a été communiquée, pas plus que le moteur graphique utilisé, même si l’Unreal Engine 5 semble être un candidat probable. L’annonce étant récente, il faudra attendre de futures communications pour en apprendre davantage. Une page Steam est néanmoins déjà disponible.
DES ACCUSATIONS DE PROPAGANDE PAR LE JAPON ET L'OCCIDENT
Sans surprise, certaines réactions sur les réseaux sociaux — notamment sur Twitter — accusent déjà la Chine de produire un jeu de propagande anti-japonaise. Un procès d’intention devenu presque systématique dès lors qu’un projet culturel chinois gagne en visibilité. Il est pour le moins ironique de voir ces accusations émerger dans des pays qui consomment sans sourciller Call of Duty depuis deux décennies tout en confiant leurs données personnelles aux géants technologiques occidentaux. À ceux qui crient à la propagande, il serait peut-être utile de rappeler quelques faits historiques. Le Japon fut l’allié de l’Allemagne nazie, et les exactions commises par l’armée impériale japonaise en Chine et en Corée relèvent d’une atrocité absolue. Le massacre de Nankin, en 1937, demeure l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire moderne : exécutions de masse, viols systématiques, assassinats de civils (femmes, enfants, personnes âgées), sans oublier les expériences humaines menées par l’unité 731 japonaise. Ces crimes de guerre ont profondément marqué la mémoire collective chinoise et nourrissent encore aujourd’hui les tensions diplomatiques entre la Chine et le Japon. La reconnaissance officielle de ces atrocités reste un sujet sensible, certains gouvernements japonais ayant longtemps hésité à assumer pleinement cette responsabilité. Dans un contexte de rivalités économiques croissantes entre les deux pays, le timing de ce jeu peut certes sembler délicat.
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