E3 09 > Dante's Inferno
Contrairement à Dead Space qui exhibait plus ou moins subtilement ses références, Dante's Inferno ne s’encombre pas de telles manières, préférant annoncer clairement la couleur. Revisitant à sa manière la première partie de La Divine Comédie de Dante Alighieri, il nous proposera de vivre la descente aux enfers de Dante, à travers les neuf cercles décrits dans l’œuvre littéraire du fameux poète italien. Correspondant chacun à un pallier supplémentaire dans la noirceur de la nature humaine, ils se poseront en autant d’étapes à franchir dans la quête du héros. Parti pour sauver l’esprit de sa défunte Béatrice que Lucifer avait pervertie, Dante va très vite se retrouver face à ses propres démons. Alors débutera également une épopée rédemptrice. Particulièrement intéressant, et autorisant une réflexion souvent absente chez la concurrence, le background de Dante's Inferno devrait être un de ses points forts, à condition qui ne soit pas traité par-dessus la jambe. Comme suggéré plus haut, Dante's Inferno se découpera globalement en neuf parties bien distinctes. La particularité viendra ici du fait qu’elles seront chacune composées d’environnements propres, toutes peuplés de créatures singulières, par ailleurs. En effet, Visceral Games s’est attaché à tenter de reproduire avec soin les nombreux détails distillés dans les écrits qui servent ici de matériau d’origine.
Dante of War
Taquins comme nous sommes, nous pourrions ajouter que ce n’est pas l’unique domaine dans lequel les développeurs ont fait montre d’une fidélité à toute épreuve. N’y allons pas par quatre chemins, la démo du jeu nous a outrageusement évoqué la série God of War. Au point que si Dante avait été chauve, l’illusion eut été parfaite. L’influence de Kratos sur Dante's Inferno est réelle, et les développeurs ne semblent même pas vouloir le cacher, exhibant à tour de bras des combos pour le moins familiers, un goût du gigantisme avéré, une brutalité écœurante mais inventive, des orbes confondantes de ressemblance, ou encore un amour du finish move qui prend toujours la forme d’un QTE. La mise en scène y est, la violence y est, l’interface y est. Le lien de parenté est évident, et pourtant il n’existe pas. L’apparition des touches à l’écran lorsque l’on enroule la langue du Roi Minos sur une roue dentée est dérangeant, tant elle peut être assimilé à ce qui se fait du côté de God of War. Le titre d’Electronic Arts pourrait “simplement” reprendre la formule – gagnante – initiée par David Jaffe, mais il va jusqu’à lui pomper son ton, son rapport à la violence, et son exubérance permanente. Pour preuve, comme le Divin Chauve dans ses prochaines aventures, Dante sera en mesure de grimper sur le dos d’un immense ennemi pour en prendre le contrôle et jouir de sa puissance. Heureusement, en plus de sa faux, un crucifix lui permet de s’éloigner temporairement de cette comparaison, puisqu’en être équipé le placera devant un dilemme moral. Achever ou absoudre un ennemi ? Dans le premier cas, celui de la facilité, la rétribution en orbes sera moitié moindre, en cas de pardon, il faudra en revanche passer par un mini-jeux au coefficient quitte ou double. Espérons qu’il ne s’agisse pas là d’un simple gimmick, et que le scénario saura poser de véritables cas de conscience avec des conséquences réelles sur le reste de la partie pour que cette idée, qui renvoie notamment à BioShock sur le fond, le démarque enfin de la série de Sony Computer Entertainment. Bâtit avec la même technologie que Dead Space, Dante's Inferno ne pouvait que se montrer agréable à l’œil. Très agréable même. Malheureusement pour Visceral Games, il aura au moment de sa sortie en 2010 à batailler avec un certain God of War III qui a su, lui, transcender sa formule d’origine grâce à une mise en scène aussi époustouflante qu’exemplaire. Que l’on ne s’y trompe pas cela dit, d’après ce que l’on a pu voir, Dante's Inferno dispose de toutes les qualités requises pour être un blockbuster débridé. Mais à trop vouloir copier son modèle sans être au fait des avancées enregistrées par ce dernier, sans chercher à se démarquer de manière significative, il risque tout simplement de souffrir la comparaison.