DSi : au doigt, au stylet et à l'oeil !
Véritable pari qui aura finalement influencé toute la politique actuelle de Nintendo, la DS vient tout juste – et ce, en dépit d’un succès toujours grandissant en Occident – de s’offrir une deuxième révolution baptisée DSi. Un événement arrivé en fin de semaine dernière qui a dû surprendre les moins avertis d’entre vous et qui mérite largement que l’on s’y attarde. En effet, après avoir frôlé le sans-faute avec la DS Lite (la première révision de la machine commercialisée en 2006), comment le leader de notre industrie s’y est-il pris pour donner une nouvelle dimension à sa machine au double-écran ?
Les premiers changements notables avec cette DSi sont forcément visuels, sensoriels. D’un simple coup d’œil, au toucher, la bête étale une métamorphose amorcée avec une certaine finesse. Globalement, la DSi affiche des courbes proches de celles de son aînée, la DS Lite ; tout juste remarquerez-vous qu’elle est légèrement plus longue et fine. En fait, la nouvelle caractéristique que l’on retiendra est la nouvelle robe arborée ici. Les gros maniaques de propreté seront ravis d’apprendre que la machine délaisse sa coque laquée au profit d’un habit mat qui élimine d’office toute trace de doigts un tantinet trop gras. Le toucher s’en ressent forcément, la texture offrant désormais une sensation très légèrement granuleuse beaucoup plus agréable aux phalanges car moins sujette aux altérations poisseuses d’un entourage indélicat. Du coup, le choix de la couleur, noire ou blanche pour le moment, ne posera donc pas problème lors d’un éventuel achat comme cela pouvait être le cas avec la DS Lite. Une fois familiarisé avec ces grandes lignes, on remarque très vite que Nintendo a intégré une petite batterie de nouveautés qui sont les moteurs de l’évolution apportée à la famille DS.
Mue printanière
Les possesseurs d’une console blanche le remarqueront plus vite, le capot supérieur de la DSi est sertie d’un objectif d’appareil photo numérique. Lequel est d’ailleurs dédoublé par une seconde lentille centrale, se situant entre les deux écrans une fois la machine ouverte. Offrant des prises de vue de 0,3 mégapixels, pour une résolution maximale de 640x480, les deux appareils photo ne sont clairement pas destinés à immortaliser les moments clés de votre vie, et font davantage office de gadget dont les vertus ludiques sont encore à définir. L’autre gros bouleversement physique ne concerne pas un ajout cette fois-ci, mais plutôt une suppression : celle du port de cartouche Game Boy Advance. Plutôt mystérieuse, compte tenu des dimensions quasi-identiques des DS Lite et DSi, l’absence du slot GBA condamne la série Guitar Hero : On Tour aux anciennes série de DS et est surtout – pour les joueurs – le témoin le plus parlant de l’évolution de la portable de Nintendo. Nous y reviendrons en temps voulu. L’augmentation d’un quart de pouce (environ 64 mm) des dimensions de l’écran n’est pas forcément évidente pour tout le monde, mais s’avère vite indispensable tant on gagne en confort visuel. Confort d’ailleurs renforcé par la possibilité de régler la luminosité en plein jeu. Moins drôle, le changement de prise pour l’adaptateur secteur peut obliger à investir dans de nouveaux accessoires, comme le chargeur allume-cigare ou USB. Au rayon anecdotique, l’apparition de touches sur la tranche permettant la régulation du volume sonore, et la longueur revue à la hausse du stylet participent un peu plus à l’optimisation des conditions de jeu. Sur la tranche, le bouton Power a, pour sa part, laissé place à un emplacement pour carte mémoire de type SD, ce qui permet dans un premier temps de stocker toute sorte de contenu et d’exporter les clichés pris à l’aide de la console, mais également l’écoute de musique au format AAC. Un mini-scandale pour qui auraient souhaité utiliser sa console comme lecteur MP3, et que l’on espère voir disparaître avec une des futures mises à jour du système. En effet, un peu à l’image des autres consoles du marché, la DSi sera soumise à des updates de firmware, la première étant par exemple impérative pour avoir accès à la Boutique Nintendo DSi.
La richesse intérieure
Après avoir abordé la forme, intéressons-nous maintenant au fond. Plus que des gadgets, tous ces ajouts trouvent un prolongement logiciel, multimédia, démontrant la volonté de Nintendo à quitter les sentiers du hardware pur et dur. Avec les petites possibilités de retouche de photos et un studio son qui permet de jouer avec ses enregistrements ou ses chansons (au format AAC, donc), Nintendo entend bien exploiter d’une manière ou d’une autre les attributs de sa petite dernière. Un petit plus qui trouve un intérêt chez quiconque voudra s’y attarder, même si d’un point de vue purement ludique, seule l’appareil photo est en mesure d’être exploité. La Boutique Nintendo DSi offre en effet avec le DSiWare un équivalent au WiiWare de la Wii, qui consiste en la commercialisation de petits jeux qui n’auraient pas de raison d’être s’ils étaient diffusés via les réseaux de distribution traditionnel. Inédits et proposés à un tarif moindre (entre 200 et 800 points, ou 2€ et 8€ après conversion), ils seront rejoints par de petites applications qui ne sont pas sans rappeler celles que l’on trouve sur l’AppStore d’Apple. Le lancement du service vendredi dernier a été l’occasion pour Nintendo de lâcher une première fournée de titres composée de Papier Volant, Pyoro, Art Style : AQUITE, Art Style : CODE, et WarioWare : Snapped! – ce dernier étant certainement le plus intéressant, car exploitant l’appareil photo numérique. Reste maintenant à voir si les éditeurs sauront tirer parti de l’outil pour proposer autre chose que des mini-jeux déjà vus et revus avec l’EyeToy de Sony. Pour en revenir à la Boutique Nintendo DSi, on peut imaginer que Nintendo prépare progressivement les consommateurs à une dématérialisation des softwares. En poussant un peu plus loin, on peut également penser que Nintendo étendra le concept du DSiWare à la Console Virtuelle, ce qui expliquerait alors la disparition de la rétrocompatibilité avec les cartouches GBA. Le catalogue de jeux de la précédente génération de portable de Nintendo serait alors accessible en téléchargement. Toujours est-il qu’en dehors de ces suppositions, la DSi offre une véritable ouverture vers le web, les possibilités de connexion Wi-Fi rehaussées et la gratuité du navigateur Internet Opera en témoigne, et s’offre grâce à ses possibilités multimédia une image high tech l’éloignant du simple support de jeu qu’elle renvoyait jusqu’alors. Ça n’a l’air de rien dit comme ça, mais chez Nintendo, cela constitue un véritable petit tournant.
i pour indispensable ?
Résolument plus séduisante que sa grande sœur, la DSi attire l’œil des technophiles rien que par la modernité que dégage sa plastique. Avec ses écrans plus larges, elle offre également un confort de jeu accru, difficilement perceptible aux premiers abords, mais que chacun saura très vite saluer. Que peut-on reprocher à la petite dernière de Nintendo lorsque l’on ajoute à cela des capacités multimédia totalement inédites et un service de téléchargement au potentiel réel ? En premier lieu : le prix. Vendue au tarif conseillé de 169€, la DSi représente un réel investissement (quasiment le prix d’une Xbox 360 d’entrée de gamme, tout de même !) qui semble difficile à justifier pour le moment, surtout si l’on est déjà heureux possesseurs d’une DS Lite. De même, l’acquisition de la machine paraît inapproprié pour les nostalgiques qui n’auraient pas encore franchi le pas, le port cartouche GBA ayant été tout simplement supprimé. La contrepartie pourrait alors venir de la Boutique Nintendo DSi, dont l’évolution devra être attentivement suivie pour se convaincre de repasser à la caisse. Autrement, vous l’aurez certainement compris, l’achat d’une DSi se révèle indispensable. Que ce soit pour un premier achat ou pour remplacer une console vieillissante, cette troisième évolution de la portable de Nintendo est tout simplement le choix le plus pertinent à faire, tous ceux s’y étant essayés pourront vous en convaincre : revenir sur une DS Lite après un contact prolongé avec la DSi est un pas bien difficile à franchir.