Deathloop : on l'a enfin vu tourner et Arkane Studios tient un très bon concept de jeu
Studio français au CV quasiment irréprochable (Arx Fatalis, Dark Messiah of Might and Magic, Dishonored, Prey…), Arkane a été racheté par Microsoft, via Zenimax, le 9 mars dernier. Et pourtant c'est bel et bien une exclusivité consoles PS5 que le studio nous a présenté il y a quelques jours. Le jeu sortira également sur PC, mais les Xbox Series en seront (temporairement ?) privées. Nous avons pu voir une bonne demie-heure de gameplay et avons pu nous entretenir avec Dinga Bakaba et Sébastien Mitton, respectivement directeur du jeu et directeur artistique de ce prometteur Deathloop.
Avant toute chose, précisons que cette présentation s'est déroulée en ligne, via un flux vidéo capturé sur PS5 et diffusé en 1080p. Nous nous abstiendrons donc de juger les qualités purement graphiques et techniques du jeu, qui ne peuvent appréciées à leur juste valeur que manettes en main. En revanche, nous pouvons d'ores et déjà vous rassurer quant à la bonne tenue de la direction artistique, qui semble utiliser avec brio tous les clichés des films d'espionnage, des années 60, et des films d'espionnage des années 60 ! Les développeurs citent les James Bond, les films de Tarantino ou encore Point Blank (celui de 1967) comme références. En bons geeks que nous sommes, l'esthétique et l'ambiance du jeu nous ont surtout rappelé celles de No One Lives Forever, Evil Genius ou encore Austin Powers, avec un aspect parodique a priori moins poussé que dans ces différents titres. Couleur orange, formes carrondes, canapés moelleux, tenues colorées et autres papiers peints psychédéliques répondent tout de même à l'appel. Le tout rappelle également les visuels de Dishonored et Prey, ce qui est évidemment une bonne chose. La patte Arkane est bien là ! Jusque dans le gameplay d'ailleurs, puisque Deathloop est bel et bien une "immersive sim" à la première personne, comme on les aime.
COLT ET COLTS
Preuve en est que Colt, le héros du jeu, dispose à la fois de pétoires, de gadgets et de pouvoirs surnaturels. L'arsenal comprend notamment des machettes, pistolets, pistolets mitrailleurs, mitrailleuses, fusils, fusils de chasse, pistolets à clous silencieux, et grenades multifonctions qui peuvent également servir de mines. Il est possible de profiter de certaines armes en "double maniement", mais le mieux semble tout de même de tirer avec la main droite tout en tenant un Hackamajig dans la main gauche. Ce dispositif électronique permet de déverrouiller certaines portes, de créer des distractions (par exemple en faisant sonner un téléphone) et même de pirater les tourelles automatiques pour qu'elles se retournent contre leurs propriétaires. BioShock, Deus Ex et Dishonored ne sont pas loin ! Des "bibelots"("trinkets" en VO) de différentes raretés permettent par ailleurs d'obtenir des bonus variés (visée plus rapide, munitions plus nombreuses, déplacements plus silencieux, etc.), tandis que les artefacts appelés Slabs sont chargés de fournir des super-pouvoirs à Colt.
La capacité Reprise lui permet par exemple de remonter le temps deux fois en cas de mort, le troisième échec restant fatal. Transposition est une téléportation environnementale très semblable à ce qu'on a déjà pu voir dans Dishonored. Ether rend le héros invisible aux yeux des ennemis comme des lasers. Chaos lui permet d'absorber les dégâts reçus puis de les renvoyer sous forme d'explosion destructrice. Karnesis sert à projeter les ennemis en l'air. Et Nexus crée un lien entre différents ennemis, afin qu'ils partagent le même funeste destin ("une balle, trois morts", voilà un concept forcément plaisant). Les possibilités de gameplay sont donc aussi nombreuses que variées, et tous les types de joueurs devraient y trouver leur compte, du bourrin qui recherche des sensations de FPS jusqu'au fourbe qui préfère approcher les ennemis par l'arrière pour les assassiner d'un coup de couteau bien placé... ou tout simplement les pousser dans le vide.
Mais Deathloop a plus d'un tour dans son sac, et ne se contente pas de copier une recette maintes fois éprouvée par le passé. Grâce à un concept de boucle temporelle et de cibles à assassiner, le dernier né d'Arkane Studios prend des airs de Cluedo inversé, en ce sens qu'il faut trouver le bon moyen, le bon endroit et le bon moment pour agir. A la manière de Bill Murray dans Groundhog Day ("un jour sans fin" pour les anglophobes), Colt revit sans cesse la même journée. Pour mettre fin à cette malédiction et enfin briser la boucle, notre héros doit parvenir à tuer huit personnages bien déterminés (les Visionnaires), qui se dissimulent parmi de nombreux adeptes (les Eternalistes). Chaque jour est divisé en quatre périodes temporelles (matin, midi, après-midi et soir) tandis que les cibles peuvent se trouver dans quatre grandes maps différentes (Le Complexe, Updaam, le Rocher de Fristad, la Baie de Karl). La combinatoire rentre alors en jeu, d'autant plus que chaque zone diffère selon le moment de la journée, puisque certains lieux peuvent être accessibles ou non, tandis que les Visionnaires changent régulièrement d'emplacement. Il va donc falloir se renseigner au mieux pour pouvoir dénicher puis assassiner les cibles. Les informations peuvent être obtenues en lisant des messages, en écoutant des enregistrements audio ou même en espionnant des conversations.
Le concept vous semble encore un peu flou ? Pas de panique, la session de gameplay révélée à l'occasion de cette preview donne un bon exemple de ces principes. A ce moment précis, la cible de Colt est Aleksis Dorsey, un mondain qui aime organiser des soirées masquées dans sa luxueuse demeure en fin de journée. Après avoir couru sur les toits, déniché des raccourcis et éliminé quelques gardes, notre héros arrive sur les lieux. Il peut alors choisir de sortir les flingues et de tuer tout le monde, histoire d'être certain d'atteindre Aleksis, qui se trouve forcément parmi les nombres participants masqués. Les développeurs nous indiquent que cette voie extrêmement abrupte, qui confine presque à l'anti-jeu, est difficile mais possible. Evidemment, mieux vaut la jouer fine, surtout qu'il n'y a jamais qu'une seule façon d'atteindre chaque cible. Ainsi, Colt peut dénicher dans des messages privés le code d'un coffre, ce qui lui donne accès à une information précieuse : le maître des lieux doit donner un discours durant la soirée. Il n'y a alors plus qu'à dénicher l'estrade et à attendre les bonnes conditions pour frapper. Mais ce n'est pas tout ! Afin d'optimiser la journée, le joueur doit réussir à réunir un maximum de cibles au même endroit et au même moment. En l’occurrence, le Visionnaire Egor Serling a également été invité à cette soirée. Mais durant l'après-midi, ce scientifique a réalisé une découverte majeure qui retiendra finalement toute son attention. Muni de ces informations, le joueur peut alors optimiser la prochaine boucle temporelle, en sabotant l'expérience l'après-midi afin qu'en soirée, Igor et Aleksis participent tous les deux à la fête.
FEMME FATALE
Le temps qui passe est donc notre allié et non notre ennemi. Les développeurs tiennent à préciser que la complexité due aux combinaisons de moments et de lieux est entièrement à leur charge et non à celles des joueurs. Ces derniers pourront zapper chaque "quart de jour" s'ils le souhaitent, rester autant de temps que nécessaire dans chacune de ces tranches temporelles, ou encore tomber lors d'une boucle sur une conversation ou un information cruciale qu'ils auraient loupé lors des précédentes tentatives. Par ailleurs, ils disposeront d'indicateurs à suivre et, surtout, deviendront mieux renseignés et plus forts après chaque boucle. Un peu à la manière d'un rogue-like, chaque échec constitue un nouveau et un meilleur départ. A l'aide d'une mystérieuse ressource appelée Residuum, Cold pourra ainsi conserver certaines armes, bibelots et pouvoirs d'une boucle à l'autre, tandis que "re-tuer" une cible dans une nouvelle boucle permettra d'obtenir une meilleure récompense. Dans tous les cas, notre héros devra prendre garde à Julianna qui, même si elle fait partie de la liste des victimes potentielles, n'est pas une Visionnaire tout à fait comme les autres. Cette jeune femme est en effet chargée de protéger la boucle et, à ce titre, traque Colt autant que Colt la traque. Voilà qui rajoute encore un peu de sel à l'aventure ! Lorsque Julianna se trouve dans les parages, une alerte sonore retentit pour le joueur, qui doit alors redoubler de vigilance. On imagine qu'en cas de confrontation directe, il faudra peut-être également remettre à plus tard (comprendre "dans une prochaine boucle") les projets d'assassinats en cours.
Ultime raffinement : par défaut Julianna est contrôlée par l'intelligence artificielle comme tous les autres PNJ, mais elle peut également être incarnée par un autre joueur si on le souhaite ! Totalement optionnelle, cette option multi permet donc à tout un chacun de devenir Julianna le temps d'une partie, et d'envahir ainsi celle d'un autre joueur. Terminons ce premier aperçu de Deathloop par quelques mots sur l'exclusivité consoles PS5, qui devrait être mise à profit par le jeu. La gestion du retour haptique est en effet prévue, ainsi que celle des gâchettes adaptative. On nous promet que chaque arme offrira des sensations différentes en main. De plus, le jeu tournera en 4K adaptative, 60 images par seconde, avec HDR activé. Enfin, l'absence de version "old-gen" a apparemment permis aux développeurs de créer des maps très étendues, les chargements rapides évitant de devoir séparer artificiellement les niveaux en différentes sections.
A tort ou à raison (l'avenir le dira), nous sommes désormais chauds bouillants concernant Deathloop. Cet enthousiasme provient non seulement du concept du jeu, de ses différentes mécaniques et des phases de gameplay aperçues, mais aussi des excellents souvenirs que nous ont laissé les deux épisodes de Dishonored. Le CV d'Arkane Studios incite à la confiance, et la perspective de participer à un "Dishonored / No One Lives Forever / rogue-like qui joue avec le temps" ne peut que nous émoustiller. Le fait que l'aventure ne sorte pas sur les consoles d'ancienne génération semble par ailleurs confirmer une certaine envergure technique, tandis que l'orientation solo mâtinée d'invasion multi totalement optionnelle s'avère également de nature à nous rassurer. Nous avons donc hâte d'être au 14 septembre, et espérons qu'il sera possible d'essayer le jeu en avant-première d'ici là.