Burnout 3, l'interview


Burnout 3, l'interview

Sans prendre trop de risques, on peut facilement dire que Burnout 3 fait partie des jeux les plus attendus de l’année. Nous avons eu la chance de rencontrer Alex Ward, directeur du design chez Criterion, qui nous a abreuvé de paroles et de blagues et qui, surtout, nous a sacrément donné envie de jouer à son petit chef d’œuvre.


Lors de notre voyage à l’E3, nous avions déjà eu l’occasion de mettre la main sur Burnout 3. Sur le stand surchargé d’Electronic Arts, le dernier bébé de Criterion semblait un peu noyé dans la masse mais pour qui prenait la peine de l’essayer, c’était la claque assurée.

Après un rendez vous avorté sur place à Los Angeles, nous avions hâte de rencontrer des membres de l’équipe de développement de ce grand jeu en devenir. Ce fut le cas la semaine dernière en la personne d’Alex Ward, directeur du design chez Criterion, qui était accompagné de Chris Roberts, game designer. Alex a monopolisé tout le temps de parole, même le nôtre, mais sa fougue et son amour évident pour le jeu vidéo ont réussi à convertir toute l’assemblée de journalistes. Après cette interview fleuve, vous retrouverez d’autres détails concernant le jeu, et quelques gentilles piques de la part d’Alex. Inarrêtable, on vous dit.

 

JeuxActu : On voit ici une Xbox et une PS2, mais pas de GameCube. Aucune version prévue sur ce support, donc ?

 

Alex Ward : « Non, définitivement. A notre avis, Burnout 2 était le jeu de course le plus abouti technologiquement sur GameCube. Cela aurait difficile de faire mieux. Et de plus, nous voulions vraiment axer Burnout 3 sur le jeu en réseau, ce qui est vraiment pénible à mettre en place sur cette console. Je tiens vraiment à couper court à toutes les rumeurs, nous ne développons PAS de version GameCube ! On croise sans arrêt des types qui nous disent « Je sais que vous avez une version sur GameCube, il paraît même qu’elle en est à 51 % de son développement ! » Donc je le répète, c’est non, non et non, il n’y a pas de version GameCube ! »

 

JA : Parlez nous des différences entre Burnout 3 et Burnout 2.

 

Alex : « Alors le jeu a plus de circuits, d’options et de voitures, et alors ? Il est aussi beaucoup plus beau, et alors ? Il peut se jouer en réseau, et alors ? Tout le monde s’attendait à ça. Nous l’avons vraiment refait depuis le début, en gardant les deux éléments centraux du jeu que sont la course et les crashes. Ne faites pas confiance à certains forums anglais qui pensent que nous avons tout gâché en axant notre jeu uniquement sur les accidents, c’est faux ! Il faut toujours faire la course, il faut toujours arriver premier. La différence se situe surtout dans la manière de remplir sa jauge de boost. Dans les deux premiers épisodes, il suffisait de conduire dangereusement pour la remplir. Ici, on gagne carrément des portions de jauge en plus en envoyant valser ses concurrents dans le décor, ce qu’on appelle un takedown. Avant, vos concurrents ne vous importaient guère. Ils roulaient en même temps que vous sur la même piste, et alors ? Ca ne changeait pas grand-chose. Maintenant, c’est différent : vous aurez envie d’arriver premier, mais vous aurez aussi envie de crasher vos adversaires tout au long du trajet! »

 

JA : Verra-t-on une différence entre le mode online et le monde offline ?

 

Alex : « Non, nous voulons que l’expérience soit la même dans les deux cas. Vraiment. La plupart du temps, se connecter à un jeu en réseau s’apparente à se brancher sur un genre de site secret du style « bizarre sex » ou « donjon des tortures » ! Par exemple, je jouais à SOCOM il n’y a pas longtemps et tandis que je m’amusais vraiment en mode offline, à donner des ordres à mes hommes et à élaborer des tactiques ; une fois connecté, c’était comme jouer à Quake ! Tout le monde tirait n’importe où en hurlant, sans aucune tactique ! A la place des « Charlie Bravo parle à Tango » c’était du genre «  Ahh, je vais tous vous tuer, bande d’enfoirés, frag frag frag !!! ». On se rend vraiment compte à quel point les jeux se jouent différemment en réseau. Si nous avions fait Burnout 2 en réseau, vous auriez été en train de rouler tranquillement à fond de boost, quand d’un seul coup trois allemands auraient déboulé en sens inverse ! J’y suis pour rien, c’est toujours des allemands ! Même chose pour Moto GP sur Xbox : c’est un des jeux qui nous a vraiment donné envie de faire du jeu en réseau : tout le monde part en même temps et tout le monde se plante dans le premier virage ! Le premier devient dernier et inversement, c’est vraiment fun ! Et c’est exactement ce que proposera Burnout 3, avec des accidents qui changeront l’ordre des joueurs, c’est vraiment ce qui fait qu’un jeu en réseau est bon. On peut aussi le comparer à Daytona USA en arcade, qui était excellent et proposait une vraie compétition. De toute façon, les jeux en réseau finissent toujours en baston générale, quel que soit le jeu, même Tetris ou Bust A Move ! C’est comme dans un western, tu rentres dans un saloon, tu dis « bonjour, je voudrais jouer ! », et vlan, une bouteille vole au dessus de ta tête, tu te prends une chaise dans le dos, tout le monde se bat ! Voilà pourquoi on a ajouté cet élément dans Burnout 3 : tout le monde voudra se battre une fois connecté, et se chambrer avec le micro ! »

 

JA : Comment s’articule le mode solo ?

 

Alex : « Déjà, l’interface du mode solo reprend ce que l’on trouve dans les navigateurs qui fonctionnent sur satellite, dans les vraies voitures. On trouve ça marrant parce qu’habituellement, ce genre de navigateur sert à éviter lez bouchons alors que le nôtre sert justement à montrer les bons endroits où provoquer de bons accidents ! On trouve donc des courses et aussi des crash modes, directement sans avoir besoin de les débloquer. Le jeu débute aux USA, et propose plusieurs courses, et surtout plusieurs types de courses. Vous pouvez donc choisir l’ordre dans lequel vous allez faire le jeu. L’ensemble des courses disponibles est environ plus grand de deux tiers que ce que l’on trouvait dans Burnout 2. Cet épisode pouvait se finir en 8 à 9 heures en terminant entièrement le mode Crash, alors que pour le 3, cela devrait vous prendre une quinzaine d’heures. »

 

JA : Quelles sont les nouveautés dans le mode Crash ?

 

Alex : « Nous avons sérieusement amélioré ce mode et nous l’avons enrichi avec des rampes, des bonus et des explosions ! Justement, il y a un bonus qui s’appelle le Crash Breaker qui s’apparente à une bombe à retardement. Quand le décompte se termine, la voiture explose et provoque une réaction en chaîne. Il y a énormément de moyens d’augmenter son score, et il ne faut surtout pas zapper la séquence d’intro qui vous montre où se trouvent les bonus et quel est le meilleur chemin à prendre. Enfin, nous avons incorporé un mode deux joueurs pour le Crash Mode, où il sera possible soit de coopérer pour provoquer le meilleur crash possible, soit de jouer l’un contre l’autre. »

 

JA : Y a-t-il des différences entre les versions Xbox et PlayStation2 ?

 

Alex : « Les rivières et la mer sont plus jolies sur XBox. C’est tout. Ce que je veux dire, c’est que nous nous sommes spécialisé sur PlayStation2. Et nous avons voulu faire sur PS2 le plus beau jeu Xbox qu’on n’ait jamais vu ! Donc sur Xbox, c’est également le cas ! Plus sérieusement, nous avons réellement conçu ce jeu à l’origine sur PS2… Et aujourd’hui, on ne peut pas vraiment faire mieux sur cette console. Pour la Xbox, on reconnaît ne pas avoir poussé la machine dans ses derniers retranchements. Et franchement, nous pensons que personne n’y est encore arrivé. »

 

JA : Peu après la sortie de Burnout 2 et malgré son succès, vous aviez déclaré chez Criterion ne pas vouloir faire de nouvel épisode. Qu’est ce qui vous a finalement décidé à vous y remettre ?

 

Alex : « Vous avez parfaitement raison. En fait, nous voulions attendre la prochaine génération de PlayStation. Mais l’année dernière à l’E3, tout le monde nous demandait de faire un nouveau Burnout, c’était assez incroyable. Et comme à l’époque, les consoles de nouvelle génération étaient encore loin, on s’est dit qu’on avait le temps de sortir un nouvel épisode. Et puis on courait le risque de voir le nom Burnout se faire oublier avec les années… De toute façon, nous avions beaucoup d’idées pour ce Burnout 3. Mais aujourd’hui, je peux vous le dire, nous n’en ferons pas d’autres ! Ah si, sur PSP ! Franchement, vous n’auriez pas envie de jouer à ça dans la rue ou dans le métro ? Avec du jeu en réseau et des crash! » (voir news ici)

 

JA : Est-ce que vous avez d’autres jeux en préparation chez Criterion ?

 

Alex : « Oui, nous développons en ce moment un FPS nommé Black, prévu pour l’année 2005 sur PlayStation2 et plus tard sur Xbox. »

 

JA : Vous êtes maintenant publié par Electronic Arts, craignez-vous la concurrence de la série Need For Speed Underground ?

 

Alex : « Pas du tout. J’aime beaucoup ce jeu, le premier de la série sur 3DO m’a donné l’idée de créer Burnout ! Mais le nôtre est tout de même deux fois plus rapide ! Et puis il y a tout cet aspect tuning dont je me moque complètement. De toute façon cela n’aurait pas de sens, dans notre jeu on passe son temps à fracasser les voitures ! C’est pour ça que je ne conduirai jamais de Twingo, je sais très bien qu’elles finissent toujours pas se faire cabosser !!! »

 

JA : merci !

 

 

« On va les faire pleurer ! »

 

Tous les modes de jeux seront jouables en réseau, exception faite du mode « Eliminator », qui est une course où le dernier de chaque tour est éliminé. Alex explique pourquoi : « Normal après tout, imaginez, si vous êtes en train d’héberger une partie comme ça et que vous perdez dès le premier tour, vous n’aurez aucune envie de regarder les autres s’éclater sans vous ! Rien à foutre, je me déconnecte !». Les développeurs de Criterion testent tous les modes en réseau depuis le mois d’octobre sur PS2 (la version Xbox est plus récente) et se rendent compte de ceux qui valent le détour.

Pour ce qui est des circuits, il y en aura pour tous les goûts, et la France n’est pas épargnée par les sarcasmes d’Alex ! « La France est représentée dans Burnout 3, mais il n’y a pas Paris. Pourtant, c’est vraiment LA ville où se trouvent les pires chauffeurs au monde ! On a l’impression que personne ne travaille par ici tellement il y a de monde sur les Champs Elysées ! Entre deux Mercedes, vous tombez toujours sur une Twingo amochée, c’est l’enfer ! On devrait faire une course en Crash mode ici… On mettrait une rampe sur le côté, là, on devrait fracasser le scooter, ce serait marrant !! ».

 

On a donc Monaco, qu’Alex voit dans tous les jeux de Formule Un depuis dix ans mais il trouve ça terriblement ennuyeux. Voilà pourquoi il a voulu mettre en scène une course de Burnout 3 dans les alentours de cette ville, mais pas exactement sur le circuit officiel. Il y a aussi des circuits en Asie comme Bangkok, Hong Kong, et un circuit sur une île. « On a fait ça parce qu’on a vraiment aimé le circuit de Gran Turismo 3 sur une île genre Tahiti… On a pensé que ce serait sympa de marier cette beauté avec le carnage d’une course de Burnout ! Pour ce qui est de Hong Kong, on l’a fait parce qu’on trouve que cette ville ne ressemble à rien dans Project Gotham 2, on va faire mieux ! Nous sommes aussi de grands fans de Ridge Racer et on va faire pleurer les équipes de Namco ! D’ailleurs on les a rencontrés à l’E3 et ils pleuraient déjà ! On va aussi les retrouver au prochain Tokyo Game Show et ils vont nous montrer leur Ridge Racer sur PSP… On va leur dire « ouais, c’est la version PSOne, c’est pas mal, mais je l’ai déjà acheté il y a longtemps !! ».

 

Les Twingo cabossées

 

Nouveauté dans la série, votre voiture garde des séquelles de vos accidents, mis à part après un énorme crash dans lequel votre caisse finit en miettes. Pourtant, Alex Ward n’était pas chaud au départ : « Franchement, on se demandait qui ça intéressait de conduire une bagnole accidentée de partout… les parisiens font déjà ça tous les jours ! ». Cela n’influe par contre pas du tout sur les performances, c’est juste esthétique. Autre chose : les explosions. Quand vous foncez dans un mur, la voiture explose, même chose quand vous rentrez dans un camion citerne, par exemple. Enfin, il y a de vraies chansons composées et interprétées par de vrais artistes, mais il y a de grandes chances que ce soit en majorité de la jeune pop californienne… EA, quoi.

 

Pour le mot de la fin, laissons la parole à Alex :

« Il s’agit d’un vrai nouveau jeu, tout est nouveau ! C’est même tellement nouveau qu’on aurait pu l’appeler Burnout 4, ou même 5 ! Alors si je lis dans la presse française des trucs du genre « c’est comme Burnout 2 mais avec du jeu en réseau », alors là je vais hurler ! C’est pas comme SSX Tricky sorti après SSX 

 

Rien à rajouter. Merci Alex, Chris, Criterion et Electronic Arts !




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Bertrand Jouvray

le mardi 29 juin 2004, 13:22




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