BioShock 2


BioShock 2

Fruit de longues années de labeur, bijou de game design, merveille technique à son époque, Bioshock avait-il réellement besoin d’une suite ? Magnifiquement menée, l’odyssée sous-marine se concluait de telle façon, et ce quels qu’aient été vos choix au cours de l’aventure, qu’un retour à Rapture semblait, non pas inenvisageable, mais bien inutile. Chacun garde le souvenir d’un titre mythique dont la légende fut ternie par la parution d’une suite bâclée – on pensera très fort à Deus Ex –, et la perspective de voir BioShock souillé de telle manière n’était pas pour nous enthousiasmer. La méfiance était donc de rigueur lors de l’annonce de ce nouvel épisode, méfiance qui laissa place à une certaine anxiété lorsque l’on découvrit l’indifférence de 2K Boston pour le projet, puis à la panique à mesure que le nombre de studios chargés de le mener à bien augmenta. Soucieux de mettre les choses au clair sur son produit-phare, 2K a eu l’excellente idée de nous inviter à prendre le jeu en main durant un peu plus d’une heure.


On connaissait la propension d’Ubisoft à disperser ses développements entre différents sites, tel se chargeant du multi tandis que tel autre travaille sur la campagne solo. 2K se fait à son tour l’apôtre de la programmation parcellaire et Bioshock 2 est d’ores et déjà passé entre les mains de quatre studios différents. Si 2K Marin et 2K Australia semblent avoir fourni le gros du boulot, les Canadiens de Digital Extremes et les Français (et Américains) d’Arkane Studios devront également prendre leur part de responsabilité lorsque viendra l’heure de faire les comptes.

Forer, riveter, tuer

L’heure du bilan a déjà largement sonné à Rapture. La belle utopie imaginée par Andrew  Ryan au plus profond de l’océan n’est plus que ruines et désolation depuis qu’une sauvage querelle d’égos et un usage immodéré de la génétique l’ont défigurée. Dix ans après les événements du premier BioShock, la cité sous-marine est tout de même parvenue à conserver un peu de sa splendeur d’antan, mais ses occupants ne sont plus vraiment sensibles aux charmes de leur lieu de résidence. Désormais dirigés par Sofia Lamb, ancienne opposante altruiste de Ryan devenue depuis une harpie mystique, les cohortes de chrosomes traquent sans relâche les reliquats d’adam, composé cellulaire qui modifie radicalement le métabolisme de celui qui l’absorbe. Les mutants chassent également avec une certaine application tous les organismes vivants qui tentent de leur barrer la route. Inutile de préciser que vous faites partie de ces indésirables. En tant que Protecteur, garde du corps personnel de l’une des Petites Sœurs, ces gamines programmées pour récupérer l’adam sur les cadavres, vous n’étiez déjà pas très apprécié de la horde camée. Maintenant que vous avez, grâce à une nouvelle intervention de cette décidément bien bonne Bridgette Tenenbaum, retrouvé votre libre-arbitre, vous êtes encore plus indésirable aux yeux des citoyens malades de la ville engloutie. Alors que vos pairs sont des brutes bornées et sans âme qui s’en tiennent rigoureusement à leur seule mission de protection, votre sens de l’initiative fait peser un lourd danger sur le fragile écosystème local, lourd comme votre équipement de destruction ! A nouveau héros, nouvelles armes, et BioShock 2 permet de manier un attirail plutôt costaud.

Présenté comme un épisode bien plus orienté action, ce BioShock 2 s’est pourtant révélé relativement contemplatif et bien éloigné de la frénésie de certains FPS concurrents."

Reprenant le meilleur des deux types de Protecteurs présents dans le premier volet, votre personnage peut utiliser des armes de poing académiques, mais il dispose également d’une foreuse. Attendue comme le messie, à l’instar de la tronçonneuse de Left 4 Dead 2, cette arme ne nous a pourtant guère satisfait sur la démo. Assez lente et finalement bien moins puissante qu’il n’y paraît, la foreuse manque clairement d’impact. Nous ne disposions néanmoins que d’une version de base de la bête qui pourra largement être modifiée si vous achetez les upgrades adéquats au fil de vos péripéties. Autre arme de base, donc pas franchement puissante aux premières minutes de la partie, la riveteuse permet néanmoins de prendre un peu de distance vis-à-vis de l’action. De plus, le niveau testé débordait de munitions alternatives (rivet lourd, rivet piégé) autrement plus efficaces que les rivets simples avec lesquels vous débuterez la partie. Deux autres outils de mort étaient également disponibles dans cette version : une mitrailleuse lourde de type gatling, sans grande surprise dans sa version standard, et un lance-harpon qui vient habilement remplacer l’arbalète du précédent opus. Utilisé à bout portant, ce bel engin permet de clouer au mur les chrosomes standards (sans gâcher de munition, puisque le harpon ainsi utilisé peut être récupéré), voire de faire de sacrés dégâts si vous obtenez des harpons explosifs, dont la mèche s’enflamme jusqu’à explosion dès qu’ils atteignent leur cible. L’arme se révèle particulièrement utile dans cette dernière configuration, puisque les chrosomes travaillent davantage en bande qu’autrefois et se tiennent parfois un peu trop près les uns des autres. Ces furieux développent toutefois une intelligence tactique assez correcte, courent dans tous les sens, se mettent immédiatement à couvert après vous avoir canardé et foncent sur vous en groupe. Rien d’insurmontable ni de révolutionnaire, mais l’IA est satisfaisante.

Harvester of sorrow

Présenté comme un épisode bien plus orienté action, ce BioShock 2 s’est pourtant révélé relativement contemplatif et bien éloigné de la frénésie de certains FPS concurrents. Sur la grosse heure de jeu passée dans le Ryan Amusements, parc d’attractions délabré et anxiogène construit afin de sensibiliser les jeunes pousses de Rapture aux dangers du vrai monde, l’on doute sérieusement d’avoir éliminé plus de cinquante ennemis, et ce malgré trois grosses vagues d’assaut. Cette mission vous invite à retrouver une Petite Sœur puis, une fois son Protecteur mis hors de combat, à l’accompagner dans sa récolte d’adam. La demoiselle peut en soustraire à deux cadavres distincts, et dans les deux cas, une horde mutante déferlera sur votre protégée et tentera d’interrompre l’extraction. Une fois son panier plein, vous pourrez accompagner la Petite Sœur jusqu’à un conduit d’extraction, non sans l’avoir préalablement sauvée… ou récoltée. Car vous avez vous aussi besoin d’adam, une ressource qui financera vos plasmides. Ces améliorations génétiques, qu’il est possible d’acquérir dans des distributeurs spécifiques, modifient vos capacités physiques et vous dotent de nouveaux pouvoirs. Les cinq plasmides offensifs (arc électrique, télékinesie, incinération !, éclats cryogéniques et hypnose) présentés dans cette démo ne nous ont pas dépaysé, si l’on passe sur les nouveaux effets graphiques qui accompagnent leur utilisation, mais 2K Games annonce avoir revu leurs caractéristiques avancées. Il faudra là encore attendre une version plus aboutie pour être fixé. Cette brève entrevue nous a toutefois permis de prendre la pleine mesure du nouveau système de hacking, plus dynamique qu’auparavant. Adieu le mini-jeu à base de tuyaux qui mettait la partie en pause, désormais le hack se fait en temps réel, et si un ennemi vous tire dessus pendant que vous faites votre affaire, vous souffrirez. Afin de réduire votre vulnérabilité, vous disposez toutefois d’un outil de piratage à distance. Ce drôle de machin utilise des fléchettes que vous devez lancer sur le terminal à corrompre. Son utilisation est donc recommandée lorsqu’il est dangereux de s’approcher de l’objet ciblé, et notamment lorsque vous vous attaquez aux caméras de surveillance et autres tourelles. Que vous agissiez de loin ou au contact, le boulot est ensuite le même. Une jauge apparaît à l’écran, divisée en secteurs colorés. Une flèche balaie le cadran, et vous devez appuyer lorsqu’elle passe sur les petites zones bleues ou vertes sous peine de vous prendre une décharge. Le vert assure votre réussite, mais si vous parvenez à bloquer l’indicateur sur un tronçon bleu, vous obtiendrez une récompense : un kit de soins gratuit si vous vous êtes frotté à une station médicale, plus d’argent si c’est un coffre-fort, etc.

Le même… en mieux ?

BioShock 2 évite au maximum de toucher à la légende de son prédécesseur et se contente donc d’enrichir timidement la formule originale, retouchant ici l’interface, créant ici une nouvelle créature, telle la Big Sister, Protecteur vif mais peu résistant. Le multi, avec ses sept modes, devrait compléter agréablement l’expérience, mais cette suite semble n’avoir été conçue que pour prolonger un peu une aventure mémorable et expliciter davantage une histoire pourtant fort bien écrite. Les documents audios et écrits à collecter sont donc légion, les environnements, toujours superbes, regorgent de détails intrigants ou effrayants et la promenade au pays des horreurs de Ryan s’avère tout à fait plaisante. L’originalité et l’effet de surprise se sont toutefois quelque peu dissipés, même si ce Bioshock 2 restitue fidèlement la fabuleuse ambiance qui régnait déjà sur Rapture il y a deux ans. Avec sa bande-son ultra-soignée – les voix étaient coupées, mais musiques et bruitages s’annoncent, une nouvelle fois, d’une qualité exceptionnelle – et son bestiaire plus effrayant et un poil plus varié, la licence déjà culte de 2K Games fait toujours son effet. Mais tétanisés par les enjeux,  les différents studios qui ont participé à l’élaboration de cette suite semblent vraiment avoir manqué d’ambition. En l’état et pour le peu que nous en ayons vu, BioShock 2 ressemble donc à un gros DLC destiné au premier volet. Reste à savoir si la mise à jour, franchement jolie et toujours aussi prenante, fait honneur de bout en bout au modèle original. Avec une sortie prévue pour le 9 février 2010 sur PC, PS3 et Xbox 360, nous n’aurons pas longtemps à attendre pour être fixés.




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