Age of Conan : Hyborian Adventures
Après plus de quatre ans de développement, Age of Conan : Hyborian Adventures, le premier MMORPG sorti des locaux de Funcom depuis l’increvable Anarchy Online (sept ans bientôt !), s’apprête à croiser le fer avec les brutes du genre. Disponible le 23 mai dans nos contrées, la superproduction aura évidemment fort à faire face au titan World of Warcraft qui, fort de ses dix millions d’abonnées, n’a de cesse d’étouffer le marché. Mais les choses s’annoncent toutefois plutôt bien pour le saigneur barbare.
Il n’est en effet pas donné à tout le monde d’éveiller l’intérêt d’un million d’apprentis béta-testeurs. Projet démesuré, Age of Conan : Hyborian Adventures a également poussé bien des fans a mettre la main au portefeuille. De source bien informée et pour le seul territoire français, le nombre de précommandes est déjà supérieur aux chiffres de vente du Seigneur des Anneaux Online sur les premiers mois de sa commercialisation ! Les plus chanceux du million de furieux désireux de s’essayer à la tuerie ont toutefois bien souffert au cours de leurs semaines de jeu. Rarement bêta-test aura si bien porté son nom : multipliant les patches de plusieurs gigas, Age of Conan : Hyborian Adventures a contraint plus d’un utilisateur précoce à faire le ménage sur son disque dur, voire à investir dans une connexion vraiment haut débit. Ces mois de lutte pour les uns feront-elles le bonheur des autres, exclus de la bêta et joueurs patients ? A défaut de donner une réponse claire à cette question, la petite présentation et la grosse soirée – dure vie que celle des journalistes spécialisés, comme vous le verrez en images ! – que Funcom a organisées mardi dernier nous donnent un beau prétexte pour faire un point sur cette expédition brutale en Hyborie.
Le jeu dont Conan n’est pas le héros
Comme son nom l’indique, Age of Conan : Hyborian Adventures se déroule alors que le fougueux barbare de Cimmérie s’est emparé du trône d’Aquilonie. Loin à l’ouest de ces terres riches qui suscitent bien des convoitises, les Iles de Barachan servent de refuge à l’élite de la piraterie, à des hordes de mauvais garçons, ainsi qu’à divers paumés et à quelques tribus sauvages. C’est sur un rivage de la perle de l’archipel, Tortage, que votre héros s’éveille. Entièrement modelé grâce à un éditeur de perso d’une belle exhaustivité, ce galérien amnésique, apparemment seul survivant du naufrage de son navire, est désormais libre de vivre l’aventure de sa vie. Celle-ci va débuter sans douceur : armé d’une rame, vous serez rapidement confronté à des hordes hostiles, que vous démonterez à grands coups francs. Extrêmement dynamique, le système de combat semble constituer le principal atout de la production de Funcom, et vous autorise à massacrer simultanément une demi-douzaine de créatures en enchaînant les combos de la mort. Votre exploration de Tortage vous donnera une excellente opportunité de vous familiariser avec ce type de gameplay, plus proche du jeu d’action à la troisième personne que du MMORPG. Conçu comme un vaste tutorial, ces premières heures se jouent partiellement en solo : de jour, vous devez vous accommoder de la présence d’autres participants sur l’île, mais vous serez seul durant les missions nocturnes. Et si vous souhaitez jouer les sociopathes accomplis, il vous suffit de piquer un roupillon à l’auberge du coin durant la journée et de ne sortir qu’une fois le soleil couché. Ce prologue vous permettra également d’affiner progressivement votre avatar. Le premier choix déterminant survient une fois atteint le niveau 5, puisque vous devrez opter pour l’une des quatre classes proposées : soldat, mage, rogue ou prêtre. Vous pourrez par la suite vous spécialiser, puisque chaque catégorie se divise en quatre sous-classes.
Splendeur et décadence
Une fois l’île de Tortage nettoyée, il vous faudra passer aux choses très sérieuses. Comme le rappelle Gaute Godager : "Robert E. Howard a pris la Rome Antique, l’Egypte ancienne, y a ajouté du sexe et de la violence, a mis tout ça à bouillir, et ça donné Conan." Le game director de Funcom s’est attaché à respecter l’état d’esprit qui habitait les œuvres du créateur de la saga, pour donner naissance à ce qui est indéniablement l’un des MMORPG les plus adultes du marché, le classement 18+ ne semblant pas usurpé. Destiné aux vrais warriors, Age of Conan : Hyborian Adventures n’oublie pas pour autant d’être tactique, notamment une fois le niveau 80 – limite d’XP actuelle – atteint. Après 200 à 250 heures de baston, la vraie guerre commence pour les über-barbares armé d’un équipement de folie et qui se lanceront en bande dans des raids redoutables. Présentés pour la première fois à Oslo, ces assauts titanesques, qui opposeront des dizaines de joueurs à une série de créatures ultra-résistantes et extrêmement vicieuses, ne manquent pas d’allure et ce alors même que la team mise en scène trichait sans vergogne et que le framerate chutait singulièrement. Qu’on se le dise, ce Conan-là ne se laissera pas maîtriser par des configurations maigrichonnes. Somptueusement réalisé, extrêmement détaillé et offrant une distance d’affichage singulière, le plus beau MMO du moment ne manquera pas d’achever bien des PC, et ce malgré les promesses répétées d’une optimisation sans faille. Mais pour les plus riches en ressources d’entre vous, le résultat justifiera amplement votre investissement. Gaute Godager s’est d’ailleurs fait un malin plaisir à présenter les environnements les plus impressionnants de son poulain. Le moteur maison, le Dreamworld Engine, a été exploité comme jamais, et les différents panoramas se révèlent tous plus spectaculaires les uns que les autres. Montagnes escarpées, chutes d’eau en cascade, le clou de la démo fut tout de même la visite de Tarantia et du palais du sieur Conan. Cité perchée, toute en ponts et en palais, entre place forte médiévale, faste byzantin, et références à Dreamfall, la capitale exotique et animée de l’Aquilonie a bluffé l’assistance.
Pas fini mais presque
A dix jours de la sortie, cet émerveillement a toutefois été tempéré par l’incapacité de Funcom à faire une démonstration convaincante de l’une des autres grandes promesses de son nouveau titre : les sièges. Age of Conan : Hyborian Adventures vous permet en effet de rejoindre une guilde, ligue de joueurs qui pourra s’offrir un morceau de terre pour y construire, moyennant d’innombrables ressources difficiles à réunir, une ville. Simple motte fortifiée puis véritable cité, votre nouveau foyer pourra être attaqué par des guildes ennemies, qui emploieront des outils de siège et autres montures féroces pour percer vos défenses. Chaque joueur peut en effet disposer d’un gros canasson, à choisir entre un cheval, un rhinocéros de guerre et un mammouth de guerre, trois véhicules dont vous n’aurez pas besoin de descendre pour vous battre ! Chacune de ces bestioles a évidemment ses propres caractéristiques. Ainsi, dans le cas qui nous intéresse, le mammouth pourra littéralement défoncer les murs et les portes des constructions. Du moins, si l’on en croit le montage vidéo dont nous avons dû nous contenter. Si l’on passe sur cette fausse note finale, le très ambitieux MMORPG nordique a su surprendre un public dont une bonne partie avait pourtant très largement exploré la bêta. Et tout laisse à croire que nous ne sommes pas au bout de nos surprises tant les développeurs cravachent, et ce alors même que le jeu est passé gold il y a quelques jours. Conan n’enterrera peut-être pas le dieu Warcraft, mais sa place au panthéon du MMORPG semble quasi-assuré…