Test A Total War Saga Thrones of Britannia : un nouveau souffle pour la série ?
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Puisqu'il se repose sur une série qui a très largement fait ses preuves depuis dix-huit ans,A Total War Saga : Thrones of Britannia ne manque évidemment pas de qualités. Le gameplay est très solide, tandis que le moteur graphique affiche toujours des milliers d'unités simultanément (même s'il commence à ne plus vraiment flatter les rétines). Cependant, le positionnement du jeu semble un peu bancal. La carte plus ramassée et la disparition de certaines fonctionnalités pointues pourrait le destiner plus particulièrement aux débutants, mais ces derniers se heurteront à un didacticiel très maladroit. A l'inverse, si les habitués de la série se sentiront immédiatement à l'aise, ils risquent tout de même de regretter les éléments de gameplay manquants, voire de se sentir à l'étroit sur les îles de Bretagne. Mais impossible de le nier : dans l'absolu, la recette fonctionne malgré tout très bien.
- Une période historique intéressante
- Des batailles de sièges très plaisantes
- Un système de recrutement amélioré
- Une carte ramassée mais riche
- Une durée de vie toujours au top
- Un habillage médiéval bien sympathique
- Des factions guère différenciées
- Temps entre chaque tour bien longuet
- Pas de grosses nouveautés
- Un moteur graphique qui se fait vieux
- Un gameplay trop simplifié sur certains points
- Un didacticiel maladroit
Prolifique à souhait, la série des Total War compte moult épisodes historiques, quelques déclinaisons fantaisistes, diverses suites, et de nombreux contenus téléchargeables plus ou moins discutables. Et pourtant, The Creative Assembly trouve encore le moyen de nous proposer des dérivés supplémentaires. Ainsi, alors que le futur Total War : Three Kingdoms vient à peine d'être annoncé, nous pouvons d'ores et déjà mettre les mains sur A Total War Saga :Thrones of Britannia qui, comme son nom l'indique, nous propose de partir à la conquête de la Grande-Bretagne.
Si l'histoire de la Grande-Bretagne ne manque pas de rebondissements, les développeurs de The Creative Assembly ont choisi plus précisément de poser leurs valises en 878 après Jésus-Christ et quelques autres événements notables (à commencer par l'assassinat de Ragnar Lodbrok et l'invasion Viking qui s'ensuivit). L'heure est venue d'unifier les îles britanniques et, naturellement, différentes factions adverses cherchent à remplir ce rôle. Concrètement le joueur pourra choisir entre dix clans distincts, répartis en cinq grandes catégories : les Royaumes anglais, les Royaumes gallois, les Royaumes gaéliques, la Grande armée viking et les Rois des mers vikings. Chacune des factions possédant un territoire de départ différent, ainsi que des bonus spécifiques et des conditions de victoire particulières, la campagne peut être rejouée de nombreuses fois, ce qui garantit une durée de vie très élevée. Cependant, il faut reconnaître que les différences entre les factions sont assez faibles, que ce soit en terme de gameplay ou de visuels. La série nous avait clairement habitué à mieux de ce point de vue. Ce défaut est en partie dû au recentrage temporel et géographique qui semble présider à cette branche particulière de la série. En effet, les connaisseurs auront remarqué que le jeu ne porte pas la marque "Total War", mais "A Total War Saga", soulignant ainsi que nous avons affaire à un spin-off et non à une épisode classique et majeur. Les limitations en terme de temporalité et de territoires pourront frustrer ceux qui rêvent de conquérir le monde entier, mais ce changement d'échelle n'est en vérité pas vraiment un problème. La carte de la campagne est certes limitée, la période couverte plus ramassée qu'à l'habitude, mais on gagne en détails ce qu'on perd en grandeur. De plus, à moins d'être particulièrement allergique aux Anglo-Saxons, le contexte historique reste très intéressant.
LE JEU DES TRÔNES
Naturellement, Thrones of Britannia conserve les principales qualités d'un Total War classique. On se régale donc à gérer nos provinces et nos armées sur la carte stratégique au tour par tour, avant de présider à des combats tactiques en temps réel. Très impressionnants, ces derniers n'hésitent pas à mettre en scène des milliers d'unités simultanément, qu'on prend plaisir à observer de très près et à contrôler de très loin. A ce titre, les batailles faisant intervenir des engins de siège sont certainement les plus impressionnantes, en plus d'être particulièrement intéressantes d'un point de vue tactique. Si le moteur 3D gère tout cela avec fluidité, il faut tout de même reconnaître que l'aspect purement graphique commence à dater. Les modélisations et les animations sont relativement sommaires, les collisions approximatives, et on peut véritablement parler de guerre des clones puisque les soldats d'un même groupe sont tous identiques. C'est forcément un peu regrettable, même si on se doute bien que les développeurs gardent les éventuelles (et bientôt nécessaires) grosses améliorations graphiques pour les épisodes majeurs de la série. Sur le fond, The Creative Assembly a procédé à quelques ajustements de gameplay, que les habitués de Total War ne manqueront pas de remarquer (et donc d'apprécier ou de regretter selon les cas). Dans la catégorie des changements positifs, on classera volontiers le nouveau système de recrutement, qui permet d'enrôler des unités depuis n'importe quelle cité sous le contrôle des joueurs, les soldats étant prélevés à partir d'une unique réserve commune. Avec une subtilité supplémentaire : les groupes engagés ne sont pas d'emblée au meilleur de leur forme, et il faut attendre plusieurs tours pour qu'ils puissent enfin exprimer tout leur potentiel. Le concept de Ferveur de guerre est une autre nouveauté intéressante. Cette valeur représente le désir qu'a votre peuple de voir votre faction participer à des opérations militaires. Il faut donc prendre garde à ne pas guerroyer outre mesure, ni à trop se reposer sur ses lauriers.
LA GUERRE DU POUR QUI
Au rayon des changements mi-figue mi-raisin, on pourra classer la disparation des garnisons dans les colonies secondaires. Certains joueurs apprécieront de devoir tenir compte de ce paramètre, et d'autres y verront une simple lacune. Et puisqu'on évoque les carences, il faut bien admettre que le gameplay a été simplifié de manière parfois un peu brutale. Ainsi, les agents sont totalement absents de cet opus, la marche forcée a disparu, il n'est plus possible de régler les taxes région par région, et les améliorations des bâtiments ne s'effectuent plus à travers divers embranchements mais suivent désormais un chemin parfaitement linéaire. On pourrait encore citer quelques autres ajustements qui tendent à une certaine simplification. Et après tout, la série pourrait légitimement vouloir s'ouvrir à un plus large public via ces spin-off "A Total War Saga". Mais dans ce cas, il aurait fallu retravailler totalement le didacticiel, qui survole bien trop de concepts et ne détaille pas suffisamment les commandes et l'interface. Un habitué des Total War ne s'en formalisera pas, mais les nouveaux venus risquent de faire la tronche lors de leurs premières parties. Refermons le chapitre des doléances en évoquant le temps nécessaire à l'intelligence artificielle pour effectuer son tour sur la carte stratégique. On perd à chaque fois plusieurs dizaines de secondes de notre vie. Moins abouti qu'un Total War classique, et pas totalement débarrassé des scories habituelles de la série, Thrones of Britannia ne doit tout de même pas être pris pour un mauvais jeu, loin de là. A l'image de l'habillage médiéval semi-naïf bien sympathique (les portraits des unités, les illustrations de certains textes, et les petites scènes animées qui servent de cinématiques ne manquent pas de style), l'expérience reste très agréable. La concentration sur une période historique et une géographie restreintes apporte indéniablement une petite touche de fraîcheur à la série. De quoi attendre sereinement le prochain épisode majeur.