*Test* The Hong Kong Massacre : quand Hotline Miami et John Woo ont un enfant...
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Si les influences cinématographiques et vidéoludiques des développeurs de Vreski sont évidentes, The Hong Kong Massacre arrive tout de même à marquer les esprits. La simplicité et l'efficacité du gameplay participent grandement à la réussite du jeu, qui nous offre en plus de jolis effets visuels. En contrepartie, il faut bien reconnaître que tout cela manque quelque peu de profondeur, à l'image de la narration qui se contente du service minimum. Malgré la présence de trente-cinq niveaux, la durée de vie reste limitée à une petite poignée d'heures, la possibilité d'abuser du ralenti et de l'esquive aidant à se sortir un peu trop efficacement des situations les plus compliquées. A réserver surtout aux speedrunners et autres joueurs adeptes de scoring !
- L'ambiance Hong Kong est là
- Plutôt joli
- Simple et efficace
- Le ralenti, c'est toujours réjouissant
- Minimum syndical en ce qui concerne la narration
- Manque clairement de variété
- La difficulté aurait pu être mieux dosée
- Faible durée de vie
Depuis la sortie de Hotline Miami en 2012, les "top down shooters" sont revenus en état de grâce auprès des joueurs, des développeurs et des éditeurs. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, celui qui nous intéresse aujourd'hui ne provient pas d'Asie mais de Suède. Alors pour sa toute première production, le studio indépendant Vreski a-t-il réalisé un coup de maître ou un véritable massacre ? Nous allons voir que la vérité se situe quelque part entre ces deux assertions.
Les événements du jeu se déroulent à Hong Kong entre le 10 et le 14 juin 1992. Un ancien détective de la police locale enchaîne les meurtres pour se venger des triades. Et… c'est à peu près tout ! Si le jeu dispose d'un scénario et tente quelques effets de mise en scène, il se contente en réalité du minimum syndical en la matière. Les scènes cinématiques entre chaque chapitre ne dépassent jamais la dizaine de secondes, et les rares séquences de dialogues non interactives ne durent guère plus longtemps. Bref, ce n'est pas pour son scénario que vous jouerez à Hong Kong Massacre, mais pour son gameplay et son ambiance. Cette dernière reprend tous les clichés qu'on associe généralement aux films de John Woo, ce qui est plutôt une bonne chose. Flic contre mafieux, omniprésence des armes à feu, violence décomplexée, gerbes de sang, vie nocturne, et décors constitués d'appartements, de ruelles, de restaurants et autres laboratoires de cocaïne nous plongent instantanément dans l'atmosphère du grand banditisme hongkongais. Lampions, néons, couleurs bleutées ou orangées… si vous avez déjà joué à Sleeping Dogs, vous ne serez pas dépaysés. D'ailleurs, même si The Hong Kong Massacre est un jeu indépendant en vue de dessus, il s'affranchit de la mode rétro et des gros pixels façon Hotline Miami pour privilégier des graphismes 3D bien plus en phase avec notre époque. La caméra située en hauteur et le budget certainement limité du studio limitent forcément les prouesses techniques, mais les environnements restent très correctement détaillés, tandis que les éclairages diffus, la destructibilité de certains éléments du décor, et les effets de particules assurent le spectacle, notamment lors des ralentis. La seule ombre au tableau technico-artistique concerne le plan de caméra qui marque la fin de chaque niveau. Pour souligner que nous venons d'abattre le dernier ennemi de la zone, le jeu nous gratifie d'une vue à hauteur d'homme et d'un bel effet de ralenti, mais ce plan baigne systématiquement dans un énorme flou, ce qui vient gâcher en bonne partie cette petite récompense visuelle.
HARD BOILED
Sans concession aucune en ce qui concerne la santé du joueur, The Hong Kong Massacre vous affichera un écran de game over à la moindre balle reçue. Autant dire que l'aspect "die & retry" est très élevé, et qu'il vous faudra généralement plusieurs essais avant de venir à bout d'un niveau. Retenir le positionnement des ennemis et l'architecture du niveau est généralement crucial pour sortir vainqueur des fusillades. Cependant, le jeu est très loin d'être insurmontable. Tout d'abord, il est possible d'améliorer les quatre armes à notre disposition, grâce à des étoiles gagnées en progressant dans la campagne. Le pistolet, le fusil, le fusil à pompe et la mitraillette peuvent ainsi gagner en capacité de munitions, en vitesse de tir ou encore en vitesse de rechargement. Sachant que vous pouvez ramasser l'arme de n'importe quel ennemi abattu, il est important de faire progresser autant que possible l'ensemble de l'arsenal. Mais la meilleure manière de se sortir des situations les plus délicates consiste à dégainer les deux "pouvoirs" du héros. Le premier d'entre eux est un véritable bullet-time que ne renierait pas ce cher Max Payne. L'action est alors très fortement ralentie, ce qui permet à la fois de mieux placer ses balles et d'éviter plus facilement les tirs ennemis. La deuxième capacité est un plongeon qui rend virtuellement invincible, puisqu'il permet d'esquiver absolument toutes les balles. De plus, il est possible d'enclencher les deux options simultanément, ce qui permet de compenser largement le fait de mourir instantanément dès que l'on est touché.
HOTLINE HK
D'ailleurs, à part quelques passages particulièrement ardus, le jeu n'est pas aussi difficile qu'il en a l'air, dès lors qu'on abuse du ralenti et du plongeon. Un meilleur compromis entre plaisir de jeu et difficulté aurait sûrement pu être trouvé par les développeurs, notamment en limitant l'utilisation de ces deux capacités surpuissantes. Mais le principal défaut du jeu provient de son aspect très répétitif. C'est bien simple, il faut attendre les deux-tiers de la campagne pour avoir apparaître la première et unique variation de gameplay, à savoir l'apparition d'ennemis vêtus de gilets pare-balles. Ces adversaires un peu plus coriaces que les autres se relèvent après la première balle reçue, et il en faut une deuxième pour les faire définitivement passer de vie à trépas. The Hong Kong Massacre tente également de surprendre le joueur avec des séquences de boss légèrement différentes du gameplay de base, mais les cinq combats qui ponctuent les cinq chapitres de l'aventure se déroulent de la même manière (progression sur des toits parallèles et présence d'une barre de vie pour le boss). Le manque de variété associé à la surpuissance des capacités du héros font qu'on prend rapidement le pli et qu'une soirée suffit pour boucler la campagne. La rejouabilité provient alors des challenges, qui permettent de gagner trois étoiles supplémentaires par niveau (en le terminant en moins d'un certain temps, en n'utilisant pas le ralenti, et/ou en faisant en sorte que chaque balle tirée atteigne un ennemi). Au final, The Hong Kong Massacre s'adresse donc plus aux joueurs qui aiment remplir des défis en boucle qu'à ceux qui privilégient une action variée et hautement scénarisée.