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Malgré quelques petites imperfections d'ordre technique et linguistique, Runaway : A Twist of Fate ne faillit pas à la bonne réputation de la série. Les amateurs d'énigmes et de personnages gentiment loufoques ne seront pas déçus par les nouvelles aventures de Brian et Gina, toujours prompts à se fourrer dans les situations les plus improbables. Le scénario est construit de manière à convenir aux joueurs qui ne connaîtraient pas encore la série, et le système d'aide permettra même aux novices du jeu d'aventure de s'amuser, sans jamais avoir à craindre la panne sèche intellectuelle. Ajoutez à cela des graphismes proches d'un véritable dessin animé et vous voilà certains de passer de très bons moments.
- Le système d'aide
- L'ambiance cartoon
- Les énigmes jamais insurmontables
- Certaines répliques mémorables
- Les micro-chargements
- Quelques bugs
- Des problèmes de localisation
On entend souvent dire que le jeu d'aventures est sur le déclin, voire moribond. A bien y regarder, il n'y a rien de plus faux car les titres de ce genre se comptent par dizaines chaque année, et certains d'entre eux marquent durablement les esprits. Les deux premiers épisodes de Runaway, sortis respectivement en 2003 et en 2006, sont dans ce cas et c'est donc avec un plaisir certain que nous accueillons aujourd'hui le troisième volet de la série. Après examen, on se rend compte que la recette n'a guère changé... Et c'est tant mieux !
Alors que Runaway 2 : The Dream of The Turtle se terminait sur un "A suivre..." qui a frustré de nombreux joueurs, les évènements qui débutent ce nouvel épisode ne constituent pas pour autant la suite directe de ceux qui clôturaient le précédent. Que les fans se rassurent, cette nouvelle histoire nous est simplement racontée à coups de flashbacks, et les éclaircissements tant attendus finiront bien par arriver. Ce découpage scénaristique a entre autres mérites celui de ne pas favoriser les habitués par rapport aux nouveaux venus. En effet, tous sont logés à la même enseigne et se voient pareillement déboussolés par le premier chapitre du jeu, qui s'ouvre sur l'enterrement de Brian Basco. Très vite, on apprend qu'il s'agit d'un simulacre et que le corps enterré n'est pas celui du héros. Mais voilà que Brian appelle à l'aide sa compagne d'aventures Gina, et lui annonce qu'il est bel et bien enfermé dans le tombeau. De quoi en perdre son latin ! La fin du chapitre fournira une explication rationnelle à tout cela, et ces premières péripéties donnent le ton : humoristique et délirant. Il faut dire qu'une bonne partie du jeu se déroule dans un asile de fous. Les dialogues et situations ne manquent donc pas de piquant, et le jeu n'hésite pas à multiplier les références les plus actuelles. Certaines répliques font explicitement mention de YouTube, Jackass, Six feet under ou encore Heroes. Ce Runaway n'hésite pas non plus à évoquer à demi-mots son propre statut de jeu vidéo d'aventures, notamment lorsque Gina disserte sur la pertinence de telle ou telle combinaison d'objets ("c'est une idée vraiment débile donc elle pourrait marcher") et encore plus lorsqu'on accède au système d'aide. Nous y reviendrons.
Old school
Vous l'aurez certainement compris, Runaway : A Twist of Fate s'inscrit dans la grande tradition des jeux d'aventure, et repose donc sur un gameplay extrêmement classique. Le héros que l'on contrôle évolue d'écran fixe en écran fixe, ramasse, voire amasse, des objets afin de les combiner ou de les utiliser directement sur certains endroits du décor, et discute avec différents personnages dans le but d'obtenir des informations utiles ou de débloquer certaines situations. Les allers et retours entre les différents lieux sont relativement nombreux, mais facilité par l'usage du double-clic, qui permet non seulement de sortir immédiatement d'un écran, mais également de raccourcir les trajets dans une même scène, le personnage se téléportant alors d'un endroit à l'autre dans un élégant fondu enchaîné. Le découpage du jeu en différents chapitres et en séquences de flashbacks permet quant à lui d'alterner les points de vue et de contrôler alternativement Brian et Gina. A l'occasion, on prendra aussi les commandes d'un ou deux guests. L'ensemble reste parfaitement cohérent et l'histoire prend forme petit à petit, chaque chapitre ajoutant une nouvelle pièce au puzzle. Sur la forme, le jeu n'est pas plus révolutionnaire que sur le fond, mais la réussite est également au rendez-vous. Les décors et personnages 2D ne manquent pas de charme et évoquent un véritable dessin animé. La 3D fait quant à elle une petite apparition lorsqu'on observe les objets de l'inventaire, qui entament alors un mouvement de rotation. Les scènes cinématiques et autres brefs interludes utilisent pour leur part une technique de cel-shading qui relie harmonieusement la 2D et la 3D. Là encore, la cohérence est de mise et aucun gouffre graphique ne sépare les séquences narratives des séquences interactives.
Allo, Pendulo ?
Délicieusement old school, le jeu se permet tout de même quelques innovations bienvenues. Tout d'abord, il reprend à son compte le système d'affichage des zones interactives que Secret Files : Tunguska a su mettre à la mode. Concrètement, il suffit d'appuyer sur F1 pour que tous les points d'intérêt soient signalés à l'écran, ce qui évite de passer des heures à rechercher le moindre élément important du décor. La touche F3 affiche quant à elle l'écran de progression dans l'aventure. Les différents chapitres y sont découpés en une douzaine de cases, dont le contenu se débloque au fil de nos actions. Un clic sur l'une d'entre elles déclenche alors un petit résumé audio des évènements passés, ce qui permet de ne jamais perdre le fil de l'histoire, même si on délaisse le jeu pendant quelques temps. Et la touche F2 alors ? Quel est son usage ? Hé bien, elle sert carrément à appeler les développeurs du jeu à l'aide ! Bon ok, le coup de fil est virtuel et c'est le balayeur de Pendulo Studios qui vous répondra. Par un message plus ou moins sybillin ("un ballon femelle bleu à 5 mamelles" peut ainsi désigner un gant) et une indication visuelle, il vous renseignera sur la prochaine action à effectuer, sans jamais trop gâcher le plaisir de la découverte. Cette nouveauté est franchement bienvenue, puisqu'elle évite de rester bloqué trop longtemps ou d'avoir recours à la solution du jeu. Si les vieux routards du jeu d'aventures n'auront pas à utiliser souvent ce système (à quelques exceptions près, les énigmes sont suffisamment logiques pour qu'on finisse toujours par les résoudre), les débutants y verront en revanche un excellente moyen de découvrir le genre sans crainte de frustration.
Délicieusement old school, le jeu se permet tout de même quelques innovations bienvenues. Tout d'abord, il reprend à son compte le système d'affichage des zones interactives que Secret Files : Tunguska a su mettre à la mode."
Muni de tous ces atouts, le jeu séduit immanquablement et parvient à faire oublier ses quelques défauts, pourtant bien présents. Tout d'abord, le passage d'un écran à un autre entraîne systématiquement un micro-chargement de l'ordre de la seconde. Ca n'a rien de catastrophique mais la répétition de ces écrans noirs ne nous semble pas vraiment justifiée d'un point de vue technique. A l'heure où certains univers virtuels en 3D se parcourent de long en large sans aucun chargement, une succession de décors fixes ne devrait provoquer aucun temps d'attente. De manière nettement plus occasionnelle, il arrive qu'une action refuse d'être validée par un simple clic. Il faut alors répéter le geste pour qu'elle soit prise en compte. Nous avons assisté par ailleurs à un bug de duplication d'un objet de l'inventaire. Le jumeau créé par erreur n'était pas utilisable et a fini par disparaître quand un objet nouvellement ramassé est venu prendre sa place. Au delà de l'aspect purement technique, la localisation présente elle aussi son lot d'imperfections. Nous avons relevé un "je n'est pas de veine" dans le manuel, un "j'ai ai" remplaçant un "j'en ai" dans les sous-titres et même un "j'ai du m'en douter" affiché à l'écran alors que le personnage prononce "j'aurais du deviner". Enfin, terminons l'inspection des travaux finis en signalant que l'écran d'inventaire du chapitre 2 indique de manière erronée que nous sommes dans le chapitre 4. Ouch !