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Grâce à son univers de pirates, ses mécaniques de jeu héritées du premier épisode et de la saga Gothic, ainsi que quelques nouveautés plutôt bien senties, Risen 2 force la sympathie. Une fois de plus, Piranha Bytes nous offre un vrai jeu de rôles, qui ne nous place pas bêtement dans la peau d'un quelconque élu surpuissant. Si vous aimez le genre, il n'y a pas vraiment à hésiter. Cependant, il faut tout de même garder à l'esprit les quelques défauts de l'aventure. Si au final les problèmes graphiques n'ont pas trop d'importance (certains d'entre eux étant certainement temporaires) il est en revanche très décevant de voir la licence succomber à la mode des contenus téléchargeables. Le jour même de la sortie, trois DLC différents existent déjà. Pirates !
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Risen 2
- L'ambiance de pirates
- La difficulté réjouissante
- Un gameplay riche
- Certains décors enchanteurs
- Politique de DLC
- Bugs graphiques
- Modélisation parfois sommaire
- Combats et interface perfectibles
Dix ans se sont écoulés depuis les évènements du premier Risen, qui a vu le héros sans nom venir à bout d'un Titan légendaire. Mais les efforts de ce fier combattant ne semblent guère payants. Légèrement alcoolique sur les bords, il ne se voit pas vraiment traité en sauveur du monde. Il faut dire que d''autres Titans continuent de menacer chaque jour la vie des marins. Vous l'aurez compris, il va falloir reprendre du service ! Mais Risen 2 évite intelligemment l'écueil de la redite en changeant sensiblement d'univers. La magie et le médiéval-fantastique s'effacent quelque peu pour laisser la place à une véritable ambiance de flibuste. Un pari relativement audacieux, mais qui s'avère finalement très payant. Evoluer au milieu de pirates délicieusement caricaturaux a paradoxalement quelque chose de très rafraîchissant. C'est à la fois dû à la beauté des décors, qui gagnent en luminosité et en couleurs, et à la bonne dose d'humour irrémédiablement associée à ces marins bourrus et bourrés. Certains dialogues se révèlent ainsi particulièrement savoureux de par leur impertinence, voire leur vulgarité. On évolue dans un monde où le grog et le rhum permettent de regagner des points de vie, où les tavernes regorgent de piliers de comptoir et de prostituées, et dont les habitants sont particulièrement prompts à dégainer le sabre et à faire parler la poudre. Par ailleurs, la géographie insulaire est mise à profit pour proposer un parfait compromis entre monde ouvert et décors soigneusement élaborés et placés à la main. Chacune des îles que l'on peut visiter se parcourt sans aucun chargement, toutes regorgent de lieux intéressants et de trésors à découvrir et, au bout d'un certain temps de jeu, on passe de l'une à l'autre comme on l'entend grâce au navire en notre possession. Il n'est toutefois pas question pour le joueur de prendre réellement la barre, ni de partir à l'abordage d'un quelconque vaisseau ennemi. Qu'on se le dise, nous ne sommes pas dans une simulation navale mais bel et bien dans un jeu de rôles.
La baie des pirates
Car au delà des qualités associées à son univers, Risen 2 vaut également pour son gameplay riche et exigeant. Le studio Piranha Bytes a tout de même mis de l'eau dans son vin puisque, pour une fois, on ne commence pas l'aventure en haillons et totalement démuni. Mais chassez le naturel, et il revient au galop ! Passé le petit prologue où l'on évolue dans un beau costume, on se retrouve tout de même quasiment à poil et désarmé, sous prétexte de se faire passer pour un ouvrier. Les délices masochistes du joueur livré à lui-même en pleine nature hostile peuvent alors commencer. Si les sangliers des Gothic ont traumatisé toute une génération de rôlistes, ce sont cette fois des phacochères et des singes qui nous font trembler. En début de jeu, on préfère souvent raser les murs et faire des détours que d'avoir à affronter les meutes d'animaux sauvages. Naturellement, au fil de l'expérience accumulée le rapport de forces s'inverse, et l'heure de l'exquise revanche finit toujours par sonner. On n'hésitera donc pas à effectuer un maximum de quêtes. Non seulement pour prendre du galon, mais aussi pour le plaisir qu'elles procurent, car il n'est pas rare qu'un même problème puisse être résolu de différentes manières. Par le dialogue, par le combat, par la ruse... Il faut dire que le jeu sait varier les plaisir et nous propose de développer de multiples aptitudes. Le héros peut investir des points dans cinq attributs différents (lames, armes à feu, résistance, ruse, vaudou). Mais chacune de ces catégories regroupe en réalité trois talents et une douzaine de compétences. Sachant que les entraînements auprès des maîtres coûtent très cher, il est conseillé de se spécialiser plutôt que de s'éparpiller. Dans tous les cas, on ne peut qu'apprécier la richesse des possibilités offertes. Et l'on retrouve également tous les petits détails qui font plaisir, comme par exemple le fait de pouvoir faire cuire la viande crue au dessus d'un feu de camp.
De plus, l'ambiance tropicale apporte son lot d'actions spécifiques. Achetez un petit singe et vous pourrez en prendre le contrôle pour explorer les décors en toute discrétion et réaliser quelques menus larcins. Procurez-vous un perroquet et vous n'aurez plus qu'à le lancer sur vos ennemis pour les distraire. Apprenez l'art du vaudou et il vous sera permis de semer la confusion parmi un groupe d'ennemis ou de prendre possession d'un personnage non joueur pour mener à bien telle ou telle mission. Et comme les pirates sont des gens naturellement fourbes, les combats peuvent être pimentés par l'envoi d'une poignée de sable dans les yeux d'un adversaire, ou encore l'utilisation d'un coup de pied pour littéralement retourner certaines créatures. Globalement, le système de combats manque tout de même de génie. Certes il remplit son rôle, mais le fait de de cliquer bêtement sur la souris suffit un peu trop souvent à s'en sortir. Et ce n'est hélas pas le seul reproche qu'on peut faire au jeu. Prévue également sur consoles, l'aventure se dote par exemple d'une interface qui ne répond pas toujours aux canons du PC. On pense notamment à l'inventaire, qui s'affiche sous forme de liste, alors qu'un traditionnel agencement par cases se serait montré bien plus efficace. La présence de sur-titres (au lieu de sous-titres) a également de quoi étonner même si on s'y fait assez rapidement. L'aspect graphique souffle quant à lui le froid et le chaud. Si certains paysages et effets météorologiques sont réellement splendides, la modélisation et l'animation des personnages laissent souvent à désirer. Et il faut faire avec quelques bugs graphiques, comme ces objets qui s'affichent brusquement au loin ou encore ces feuillages qui changent bizarrement de taille selon la distance à laquelle on se trouve d'eux (comme s'ils se gonflaient et dégonflaient selon qu'on avance ou qu'on recule). On espère vraiment qu'un patch et/ou une mise à jour des drivers graphiques viendront résoudre ces petits problèmes agaçants. Dernier grief, et non des moindres : la politique éditoriale qui saucissonne le jeu et nous le vend à la coupe. Trois contenus téléchargeables viennent ainsi "compléter" l'aventure le jour même de sa sortie. C'est évidemment un moyen d'augmenter le prix réel du jeu, et ce n'est pas digne d'une équipe aussi talentueuse que celle de Piranha Bytes.