Test Partisans 1941 : un hommage imparfait mais valeureux à la série Commandos
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Plus modeste que Desperados III, Partisans 1941 souffre forcément de la comparaison avec le titre de Mimimi Games, qui a vraiment placé la barre très haut en juin dernier. Les mécaniques sont plus rigides, la direction artistique est plus terne et, surtout, les bugs sont beaucoup plus nombreux. Mais il en faut plus pour rebuter un fan d'infiltration tactique en temps réel ! Car sur le fond, le jeu respecte parfaitement les codes du genre et se montre donc intéressant à parcourir. De plus, l'ambiance seconde guerre mondiale fonctionne très bien, surtout qu'elle se voit rehaussée d'une petite couche de mélancolie slave, tandis que la gestion du camp vient diversifier un peu le gameplay. Avec un peu de bienveillance envers les quelques défauts techniques du jeu, on passe un bon moment !
- L'ambiance de la seconde guerre mondiale, côté russe
- La gestion du camp, assez riche
- Quelques très bonnes missions (la prison, la dernière gare…)
- Tous les plaisirs de l'infiltration tactique répondent à l'appel
- Graphismes trop ternes
- Pathfinding perfectible
- Gestion d'inventaire pas optimale
- Pas mal de bugs et de plantages
Les jeux d'infiltration tactique en temps réel étant encore bien trop rares, c'est toujours les bras grands ouverts qu'on accueille un nouveau représentant du genre. Quatre mois après la sortie de l'excellentissime Desperados III, Partisans 1941 vient nous rappeler nos premières amours puisqu'il reprend la thématique "seconde guerre mondiale" du fondateur Commandos : Derrière les lignes ennemies. Mais on se bat cette fois du côté russe, ce qui n'est guère étonnant quand on sait que le studio Alter Games est basé à Moscou.
Nous sommes en juin 1941, alors que l'armée allemande vient de pénétrer sur le sol de l'Union Soviétique et de faire tomber plusieurs villes. Le capitaine Zorin est fait prisonnier et aussitôt envoyé dans un Dulag. Tentant le tout pour le tout, l'officier russe réussit à s'évader. Et c'est à ce moment-là que le joueur prend le contrôle du personnage. On découvre alors avec plaisir que nous avons affaire à un émule fidèle des Commandos et autres Desperados, qui n'oublie aucun des fondamentaux du genre. Ainsi, on se retrouve à contrôler plusieurs héros simultanément, les déplacements et les combats se déroulant en temps réel. Mais l'accent est essentiellement mis sur l'infiltration, et on passe la majeure partie de son temps à essayer d'isoler tel ou tel garde pour créer une brèche dans les défenses adverses. On dispose pour cela de nombreux outils, à commencer par l'affichage du cône de vision des ennemis. Il est possible de se dissimuler dans des buissons, des caves ou des placards, toutes ces cachettes pouvant également accueillir les cadavres de nos ennemis, histoire que leurs collègues ne tombent pas dessus et ne déclenchent pas l'alerte.
On n'hésitera pas non plus à lancer des pierres pour détourner l'attention d'un garde, à déposer une bouteille au sol pour en attirer un autre, ou à éteindre des lumières pour qu'un imprudent vienne vérifier le disjoncteur. Les pièges environnementaux servent quant à eux à faire passer nos meurtres pour des accidents. On n'est jamais à l'abri d'un camion en réparation mal calé, d'une cantine militaire mal fixée, ou d'un tas de rondins de bois instables… Mais pour se débarrasser d'une patrouille il est également permis d'employer la manière forte. Soit lâchement en déposant une mine au sol, soit directement à coups de grenades et de fusillades. Pour ces dernières, il est quasiment impératif de se mettre à couvert, car sans cela nos soldats périssent en quelques secondes. Malgré la présence d'un mode tactique qui ralentit le temps et permet de coordonner plusieurs actions, le niveau de difficulté général est très élevé. D'ailleurs, les développeurs recommandent carrément le mode facile pour une première partie. Pour notre part on a joué en normal, et on peut vous confirmer qu'on a souffert et multiplié les sauvegardes rapides.
LE CAMP DES PARTISANS
Le jeu propose huit héros en tout, sachant qu'on en contrôle généralement quatre à la fois. Chacun d'entre eux bénéficie d'un arbre de compétences qui regroupe des talents génériques et un ou deux talents spéciaux. Ainsi, Zorin est adepte du lancer de couteau, Valya du chloroforme, Trofim du tir de chevrotine et Sanek du déguisement. Morozov peut siffler pour attirer les gardes, Nikitin peut en choper un pour s'en servir comme bouclier humain, tandis que Fetisov et Belozerova peuvent en abattre plusieurs d'un coup grâce, respectivement, à une rafale de mitraillette ou un tir de pistolet en éventail. Entre deux missions, le jeu nous propose une petite phase de gestion dans un quartier général. On peut construire dans ce camp une cuisine, une tente médicale ou encore un atelier, histoire de fabriquer des grenades, des pansements ou de la nourriture. Un système de blessures et une gestion du moral, avec différents malus et bonus, viennent encore enrichir l'expérience. Et pour couronner le tout, on peut assigner à nos héros différentes tâches, qui sont autant de quêtes automatiques dont l'issue dépend d'un pourcentage de réussite. Il y en a des simples (envoyer un unique personnage récolter des champignons garantit un résultat à 100 %) et d'autres plus risquées et plus rémunératrices (seulement 75 % de chances de réussite avec trois héros sur le job, mais gain d'expérience et d'objets rares en cas de succès). Enfin, ce camp sert également l'histoire grâce à quelques dialogues, non interactifs mais qui renforcent l'ambiance. D'ailleurs, l'atmosphère générale du jeu est très agréable. La seconde guerre mondiale est encore plus intéressante du côté russe, rarement traité dans les jeux vidéo. Et ce contexte permet de se prendre pour de véritables résistants puisqu'il nous amène à détruire des chars, des ponts et des gares ou encore empêcher l'exécution de partisans. Mention spéciale pour la mission de la prison et celle de la gare de Krasnoselskaya, qui proposent des maps grandes et bien fichues. L'ambiance est d'autant plus réussie que les gardes parlent allemands, y compris dans les sous-titres (et tant pis pour ceux qui ont pris espagnol en deuxième langue au collège).
50 NUANCES DE GRIS ET DE MARRON
Si les personnages du jeu sont fictifs, on sent bien que les développeurs ont voulu respecter au maximum les événements passés, et leur gravité. Hélas, ce choix se traduit également dans la direction artistique, qui nous fait visiter toute la palette des gris et des marrons. Cela s'avère tout à fait cohérent avec la représentation que l'on se fait de ces années sombres, mais le résultat nous semble tout de même un peu trop terne. Surtout que la modélisation relativement simple des personnages ne vient pas vraiment compenser ça. De plus, le jeu se déroule quasiment intégralement en automne, ce qui n'apporte pas plus de variétés au niveau des couleurs. Seule la toute dernière mission se déroule sous la neige… mais là encore la grisaille prédomine. Au delà de ces considérations esthétiques, c'est surtout la finition et l'aspect technique qui viennent légèrement noircir le tableau. La gestion d'inventaire est loin d'être optimale (après avoir terminé le jeu, on cherche encore comment fonctionne exactement l'outil permettant de comparer deux armes…), tandis que le pathfinding des héros mériterait d'être retravaillé. On vous déconseille de leur faire confiance pour se rendre d'un point A à un point B sans surveillance ! Ils ont tendance à passer un peu trop systématiquement dans les zones de vision des gardes. Même l'ouverture d'une simple porte les perturbe parfois, et il faut alors s'y reprendre à plusieurs reprises (notre conseil : ne cliquez pas sur la porte, mais directement sur le sol de la pièce où vous souhaitez vous rendre). Enfin, le jeu est sujet aux petits bugs divers et variés, pouvant aller de l'anecdotique (message de didacticiel qui s'affiche juste avant le générique de fin) au rageant (alerte déclenchée sans aucune raison valable). Et nous avons même eu droit à plusieurs plantages clairs et nets, avec retour direct sous Windows. Vous l'aurez compris, Partisans 1941 est plaisant sur le fond, mais imparfait d'un point de vue technique. Alter Games est un petit studio composé de seulement vingt personnes, ceci pouvant expliquer cela. Heureusement, ils semblent à l'écoute des joueurs puisqu'un premier patch a déjà vu le jour.