Test Leisure Suit Larry Wet Dreams Don't Dry : son humour graveleux fait-il mouche ou fait-il tâche ?
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Disponible depuis novembre dernier sur PC, le nouveau Leisure Suit Larry fait aujourd'hui une entrée remarquée sur PS4 et Switch. On retiendra plus particulièrement cette dernière version car, en mode portable, les contrôles tactiles offrent une maniabilité digne d'une souris. Au stick, c'est un poil plus laborieux. Sur le fond, Wet Dreams Don't Dry est un bel hommage aux premiers jeux de la série, même si leur créateur original n'a pas travaillé sur ce nouvel épisode. On retrouve quelques lieux connus et, surtout, un humour toujours aussi graveleux. Voilà donc un point-and-click à l'ancienne, qui ne fait pas du tout avancer le genre mais qui repose sur des bases solides. Si Larry Laffer vous avait manqué ces dernières années, les retrouvailles devraient bien se passer !
- Un humour en dessous de la ceinture...
- Le bond dans le temps fonctionne bien
- Pas de chasse au pixel
- Sur Switch, le tactile est un vrai plus
- … qui ne conviendra pas à tout le monde
- Ne propose absolument rien de révolutionnaire
- Une fin un peu décevante
- Le stick n'est pas l'outil idéal pour manier un curseur
En plus de trente ans d'existence, la série des Leisure Suit Larry a connu des hauts et des bas, la période honteuse étant représentée par les deux épisodes mettant en scène Larry Lovage, piètre neveu du seul et unique Larry Laffer. Heureusement, c'est bien notre anti-héros préféré qui est de retour aujourd'hui sur la prude PS4 et sur la console familiale de Nintendo. Voilà qui est surprenant, car Larry n'a pas changé : langage fleuri, humour douteux et situations graveleuses répondent une fois de plus à l'appel.
Au siècle dernier, durant l'âge d'or des jeux d'aventure, un anti-héros se démarquait : Larry Laffer. Loin de ses collègues archéologues, aventuriers ou détectives, Larry n'avait qu'une seule quête : choper un maximum de gonzesses ! Trente ans plus tard, nous allons voir que rien n'a changé… à part le monde qui nous entoure. Mais avant de profiter de l'aventure, il faut montrer patte blanche et prouver que l'on est bien majeur. Pour cela, le jeu nous impose un questionnaire de culture générale à choix multiples en début de partie, les adultes étant en théorie les seuls à pouvoir connaître les références évoquées. Ce système de protection a le bon goût de rendre hommage à celui des premiers épisodes de la saga, mais il s'avère beaucoup moins pertinent qu'à l'époque, puisque aujourd'hui n'importe quel jeune sachant utiliser Google saura trouver les bonnes réponses. Une fois cette étape franchie, on se retrouve aux commandes d'un Larry qui ne sait pas trop où il est… ou plutôt quand il est !
En effet, le dragueur au costard ringard se retrouve mystérieusement propulsé au vingt-et-unième siècle, alors qu'il appartient à la fin des années 80. On peut d'ailleurs apercevoir une affiche datant de 1987 (date de sortie du premier jeu) dans les décors. Mais alors qu'une personne lambda se renseignerait sur la présence des fameuses voitures volantes qu'on nous promettait pour l'an 2000, l'indécrottable Larry cherche surtout à savoir s'il existe maintenant des robots sexuels. La réponse étant négative, le voilà parti pour draguer la seule cliente du bar dans lequel il se retrouve (pour les connaisseurs de la série : il s'agit toujours du Lefty's). Mais cette dernière semble captivée par un étrange objet, que l'homme des années 80 identifie comme une "boîte lumineuse". Bienvenue à l'ère des smartphones, Larry ! Très vite notre héros va devoir se mettre au goût du jour, et apprendre à utiliser Instacrap, Farcebook, Timber et autres Unter. Quant au PiPhone, il est fabriqué par la société Prune Incorporated, que dirige un certain Bill Jobs (initiales BJ, if you know what I mean…). Dès lors, le scénario va se dérouler essentiellement autour de ces innovations technologiques.
ÇA FERA LAFFER
Même s'il est toujours traité sur un mode léger, le contraste entre le monde moderne et un Larry fraîchement débarqué du vingtième siècle est intéressant. Et sans être forcément hilarante, la parodie des géants du numérique donne régulièrement le sourire. Mais ce sont bien sûr les références à caractère sexuel qui fonctionnent le mieux. Après tout, il s'agit de la marque de fabrique de la série. Les dialogues très crus et les situations parfois quasiment malsaines pourront d'ailleurs déranger certains joueurs. Mais il faut prendre le jeu la légère, car c'est ainsi qu'il a été conçu. Cactus et bâtiments ont une forme phallique, un bruit de braguette accompagne l'ouverture du menu principal, les hommes sont tous des obsédés sexuels, les femmes sont forcément légères (et parfois légèrement vêtues), et les lieux représentés s'avèrent propices à la drague bas de gamme. Bar, salle de sport et sex-shop sur le déclin sont ainsi de la partie. D'ailleurs, un peu honteuse, la tenancière du sex-shop est obligée d'ouvrir une supérette clandestine dans l'arrière boutique pour pouvoir survivre face à la concurrence d'Internet. Humour toujours ! Tous ces lieux sont représentés à travers des graphismes 2D aux couleurs vives, qui font correctement le job.
Mais il faut prendre le jeu la légère, car c'est ainsi qu'il a été conçu. Cactus et bâtiments ont une forme phallique, un bruit de braguette accompagne l'ouverture du menu principal, les hommes sont tous des obsédés sexuels, les femmes sont forcément légères (et parfois légèrement vêtues), et les lieux représentés s'avèrent propices à la drague bas de gamme.
La bande-son profite quant à elle d'un doublage intégral (voix en anglais ou en allemand uniquement, mais les sous-titres français n'ont pas été oubliés). Et le gameplay, fidèle aux principes des point-and-click à l'ancienne, se base sur des dialogues à choix multiples et de multiples objets à ramasser, utiliser et combiner. La seule concession, bienvenue, à la modernité provient de la commande permettant d'indiquer immédiatement à l'écran l'ensemble des zones interactives. La chasse au pixel est une activité qu'on laisse bien volontiers derrière nous. Sur les deux consoles, les contrôles permettent de déplacer Larry au stick gauche et le curseur au stick droit. Cette double manipulation est un peu perturbante, et malgré l'option permettant de régler la sensibilité, le déplacement du curseur au stick n'est pas idéal. C'est là que la version Switch se démarque, puisqu'elle supporte les contrôles tactiles lorsqu'on joue en mode portable. On retrouve alors la facilité d'utilisation d'une souris. Terminons par préciser que la fin de l'aventure manque hélas clairement d'envergure. Mais cela n'empêche pas Wet Dreams Don't Dry d'être le digne hériter des premiers Leisure Suit Larry. Et c'est bien là le principal.