Test Ghostwire Tokyo : un open world classique, mais le charme est certain
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Ghostwire Tokyo n'échappe hélas pas au syndrome "un open world de plus", mais il s'agit là quasiment de son seul défaut. Si la structure générale est indéniablement classique, l'environnement l'est heureusement beaucoup moins. Les quartiers de Tokyo sont fidèlement représentés, et dépaysants pour nous autres occidentaux, tandis que le morbide bestiaire surnaturel issu du folklore japonais ne manque vraiment pas de charme. De plus, le scénario utilise à bon escient les codes de l'horreur, sans trop tomber dans les clichés, et l'exploration met à profit les gratte-ciel nippons et nous offre donc un peu de verticalité. Indispensable pour tout "otaku" qui se respecte, l'aventure de Tango Gameworks saura également convaincre et divertir les autres types de joueurs, en dehors des allergiques aux mondes ouverts.
- Un voyage virtuel à Tokyo, ça ne se refuse jamais !
- Le bestiaire issu du folklore japonais est aussi inquiétant que dépaysant
- Le scénario et son ambiance fantastique sont intéressants
- L'exploration n'oublie pas de jouer avec la verticalité
- Assez beau par moments, notamment grâce à la direction artistique
- La VF intégrale est présente, et les doublages sont de qualité
- L'open world est finalement très classique
- Quelques mécaniques de jeu guère utiles ou redondantes
- Tokyo paraît un peu vide et statique, puisque les humains ont disparu
- Pas de claque next-gen malgré tout
Créé en 2010 par Shinji Mikami (Resident Evil, Devil May Cry, Dino Crisis…), le studio japonais Tango Gameworks était uniquement connu jusqu'à aujourd'hui pour les deux épisodes de The Evil Within, sortis respectivement en 2014 et 2017. A l'avenir, c'est très certainement Ghostwire Tokyo qui se fera le plus remarquer sur leur CV. Avec cet action-RPG en monde ouvert, le studio passe la vitesse supérieure et s'éloigne quelque peu du genre survival horror, tout en conservant les thématiques du fantastique et de l'horreur qui lui sont chères.
Les graphismes nous offrent quant à eux de chouettes moments, mais c'est la direction artistique qui fait le travail plus que la technique à proprement parler. L'aspect "next-gen" de cette exclusivité PS5/PC (et Xbox Series l'année prochaine) ne se ressent pas vraiment.
La reconstitution de Tokyo est d'ailleurs l'une de ses forces, puisqu'on reconnaît sans peine certains endroits célèbres tandis que les rues plus anonymes évoquent parfaitement l''ambiance de la capitale nippone. Néons luisant sous la pluie, buildings modernes et sanctuaires anciens, supérettes de type konbini, bains publics, larges distributeurs de cannettes et autres distributeurs de tickets de métro forment un paysage urbain très fidèle à la réalité. A la manière d'un Yakuza, Ghostwire Tokyo nous propose même d'en apprendre plus sur la nourriture locale, puisque les consommables fournisseurs de santé prennent la forme de différentes spécialités culinaires (Inrarizushi, Konpeito, Ohagi, Dango, Dorayaki, Isobeyaki…), accompagnées d'une illustration et d'une petite description didactique. Un détail sympathique que certains joueurs zapperont certainement... à tort. Dans tous les cas, ils ne pourront pas passer à côté des très nombreux termes japonais évoqués dans les dialogues. Soyez prévenus : Katashiro, Kagura suzu, Yokai, Kappa, Kendama, Magatama et Rokurokubi vont devenir votre quotidien, et seul le contexte et quelques descriptions vous permettront de comprendre plus ou moins de quoi il s'agit. Le dépaysement est donc garanti.
SHIBUYA M’ÉTAIT CONTÉ…
Ghostwire Tokyo plonge également dans ses racines japonaises en ce qui concerne les Visiteurs. Ces ennemis sont en effet majoritairement issus du folklore fantastique japonais. Hommes sans yeux, écolières décapitées, femme élégante à la paire de ciseaux géante, pendu recouvert d'un drap, personnage brumeux vêtu d'un ciré et autres créatures maigres, pâles et aux longs cheveux noirs font ainsi partie du bestiaire. Il faut ajouter à cela la présence de nombreux esprits moins hostiles mais tout aussi inquiétants, à l'image de ce cyclope boursouflé bloqueur de portes. Par ailleurs les développeurs utilisent leur expérience acquise sur The Evil Within pour nous proposer quelques mini jumpscares (juste ce qu'il faut) ainsi que différentes visions inquiétantes et scènes surréalistes, le mélange entre Japon et Horreur fonctionnant très bien. Bref, si vous avez toujours rêvé de combattre des écolières sans tête dans une salle d'arcade située en sous-sol d'un centre commercial de Shibuya, vous êtes au bon endroit !
Dans la catégorie des indispensables figurent en revanche l'attaque ultime qui se recharge au fil des combats, ainsi que la vision spectrale qui permet tout à la fois de suivre des traces du passé, de révéler des points faibles, de lire les pensées des animaux et d'observer les silhouettes des ennemis à travers les obstacles.
Malgré la vue à la première personne, les combats sont basés sur des pouvoirs surnaturels et non des armes à feu. On dispose bien d'un arc, mais son utilité n'est pas flagrante comparé aux attaques d'éther. Ces dernières peuvent être de vent, de feu ou d'eau, chargées ou non, et affaiblissent les ennemis jusqu'à révéler leur cœur, que notre héros peut alors saisir au contact ou à distance, afin de les achever. Le jeu se dote également d'une petite composante d'infiltration, qui permet de réaliser des "épurations rapides" si l'on arrive à approcher les ennemis par l'arrière à la suite d'un déplacement accroupi. Nous ne sommes pas dans un Splinter Cell ou un Deus Ex, mais plusieurs améliorations de compétences (ainsi que des talismans générateurs d'obstacles et de la nourriture boostant la furtivité) permettent tout de même de rendre viable cette option discrète. Pas avare en mécaniques de gameplay, Ghostwire Tokyo nous propose également de tracer des sceaux à l'aide du stick droit pour détruire certains envoûtements, des chapelets à équiper pour obtenir différents bonus, un système de divinations Omikuji offrant un effet choisi aléatoirement, un système d'offrandes, divers talismans à usage unique (étourdissement, leurre…) et plusieurs arbres d'améliorations de compétences (capacités, attaques, armes). Certaines de ces options ne sont guère utiles, d'autres légèrement redondantes, mais après tout, mieux vaut avoir trop d'outils à notre disposition que pas assez. Dans la catégorie des indispensables figurent en revanche l'attaque ultime qui se recharge au fil des combats, ainsi que la vision spectrale qui permet tout à la fois de suivre des traces du passé, de révéler des points faibles, de lire les pensées des animaux et d'observer les silhouettes des ennemis à travers les obstacles. Le système d'expérience est quant à lui basé essentiellement sur la récolte d'esprits, certains d'entre eux étant bien dissimulés dans les décors. Il faut dans un premier temps les absorber à l'aide d'un objet de papier, puis trouver des cabines téléphoniques pour transférer leurs âmes afin qu'elles puissent retrouver leurs corps plus tard. Si nous évoquions 240 300 esprits à libérer plus haut, soyez tout de même rassurés : chaque silhouette fantomatique aspirée rapporte de nombreux esprits.
DES TOURS AUX TORII...
Il n'empêche que le jeu souffre tout du même du syndrome de l'open world "trop rempli", "à l'ancienne", ou "ubisoftien", appelez-cela comme vous voudrez. Concrètement, des portes torii à purifier tiennent ici le rôle des tours de Far Cry ou d'Assassin's Creed. Leur capture permet de dissiper le brouillard alentours et de révéler de multiples quêtes secondaires, points d'intérêt et autres points de déplacement rapide sur la carte. Un air de déjà vu se dégage immanquablement de ce système, qui souffre également de la comparaison avec le récent Elden Ring. Nous n'aurions pas été contre une exploration plus libre, moins encadrée et moins mécanique. Les quêtes secondaires consistent généralement à résoudre une situation pour un esprit qui n'attend que cela pour être libéré. Ce qui donne parfois lieu à des situations cocasses, comme avec ce spectre enfermé aux toilettes et à qui il faut fournir deux rouleaux de PQ, ou effrayantes. Les commerçant de la ville ont quant à eux été remplacés par des esprits-chats, ce qui ne manque pas de charme mais ne résout pas une autre faille de l'aventure : l'absence d'humains qui rend le monde un peu trop vide et statique.
Ghostwire Tokyo n'échappe hélas pas au syndrome "un open world de plus", mais il s'agit là quasiment de son seul défaut. Si la structure générale est indéniablement classique, l'environnement l'est heureusement beaucoup moins.
Les graphismes nous offrent quant à eux de chouettes moments, mais c'est la direction artistique qui fait le travail plus que la technique à proprement parler. L'aspect "next-gen" de cette exclusivité PS5/PC (et Xbox Series l'année prochaine) ne se ressent pas vraiment. Heureusement, l'exploration reste réjouissante dans tous les cas grâce à la verticalité des environnements. Les gratte-ciels de Tokyo ne sont pas là que pour la déco, puisque le couple fusionnel Akito/KK dispose d'un grappin à utiliser sur des Tengu, des points d'accroche vivants, volants et parfois mobiles. Et une capacité de vol plané, doublée d'une absence de dégâts de chute, est offerte par la maison ! Il ne faut donc pas hésiter à prendre de la hauteur, notamment pour dénicher les esprits et les objets les mieux planqués. A noter que l'intérieur de certains bâtiments est également visitable, à l'occasion des quêtes principales et secondaires. Terminons par un ultime point positif, qui concerne la version française. Si les puristes pourront choisir de conserver les voix japonaises, un doublage français est bel et bien présent. Et il s'avère de très bonne qualité, les acteurs incarnant Akito et KK sonnant juste et collant bien aux personnages.