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Certains joueurs s'enthousiasmeront à coup sûr pour Firewatch, tandis que d'autres s'y ennuieront à mourir. Avec son gameplay quasiment inexistant et ses dialogues brillamment écrits, la première production de Campo Santo ne peut que diviser. Ce qui est plutôt une bonne chose dans l'absolu. Cependant, il faut reconnaître que le jeu n'est pas tout à fait à la hauteur de l'attente qu'il a suscitée avant sa sortie. Avec un scénario un poil plus fort et des choix ayant de réelles conséquences, on aurait pu crier au génie. En l'état, on se contentera de parler d'un coup d'essai réussi, mais pas encore d'un coup de maître. Au studio Campo Santo de faire encore mieux la prochaine fois !
- Direction artistique réussie
- Jeu d'acteurs convaincant
- Dialogues bien écrits
- Ambiance maîtrisée
- Choix sans conséquences
- Scénario un peu décevant sur la fin
- Pas de sous-titres français
- 4h pour finir le jeu, pas plus
Dès la première bande-annonce révélée au public, l'attente autour de Firewatch s'est montrée très forte. Il faut dire que le studio Campo Santo abrite du beau monde, puisqu'on y retrouve des vétérans ayant bossé dans leurs vies antérieures sur des hits tels que The Walking Dead, BioShock 2 ou encore Mark of the Ninja. De quoi nous faire rêver et saliver, d'autant plus que les premières images disponibles laissaient entrevoir une superbe direction artistique. Mais au final, le jeu se montre-t-il à la hauteur du "hype" ?
Tout commence en 1975 pour Henry, lorsqu'il croise le chemin de celle qui deviendra sa femme : Julia. L'introduction du jeu nous fait vivre à coup de courts textes vaguement interactifs l'évolution de cette relation, avant de nous présenter l'inéluctable conclusion près de quinze ans plus tard : Julia, atteinte de démence, est placée en maison de repos, tandis que Henry, dévasté par cet événement, part s'isoler dans le Wyoming et devient garde forestier pour un été. Sa principale mission consiste à surveiller les départs de feu depuis sa tour de guet, et à les signaler par radio à Delilah, guetteuse en chef et seule personne avec qui Henry peut discuter. Dès lors, les premiers pas dans le jeu sont un peu laborieux, puisqu'on se contente de se rendre à tel ou tel endroit sous les ordres de notre supérieure, afin de procéder à diverses vérifications. Par la suite, si l'aventure réussit à décoller, ce n'est jamais grâce à son gameplay, qui répond quasiment aux abonnés absents. En effet, en dehors de quelques interactions mineures et ponctuelles avec le décor, on se contente de se balader dans la forêt et de parler avec Delilah. Mais, heureusement, ces deux composantes du jeu sont particulièrement réussies. Assez habilement balisé par un level design malin, le terrain de jeu nous guide l'air de rien vers des panoramas toujours plus éblouissants. Canyons escarpés, arbres majestueux, lacs scintillants et autre couchers de soleil rougeoyants font leur petit effet, sublimés par une gestion convaincante de la lumière et une direction artistique au top. Légèrement cartoon mais pas trop, cette dernière impose sa patte alors même qu'on ne croise aucun personnage tout au long de l'aventure et qu'elle ne s'exprime donc qu'à travers les paysages, ainsi qu'un ou deux intérieurs rudimentaires. Un joli tour de force, qui nous évite de trop nous ennuyer lors des différents allers et retours effectués par Henry dans le parc. Cependant, les joueurs en mal d'action risquent tout de même de trouver le temps long, la marche en forêt virtuelle, fut-elle ponctuée de quelques descentes en rappel et escalades de rochers, n'étant pas une activité extrêmement palpitante en soi.
QUI GARDE LES GARDIENS ?
Mais vous pouvez compter sur Delilah pour vous faire régulièrement la causette lors de vos sorties. En tant que joueur, vous aurez alors très régulièrement le choix entre plusieurs réponses, aux tonalités tantôt sarcastiques, tantôt dramatiques. Il est même possible de rester silencieux, à la manière des productions Telltale. Mais les dialogues ont ici encore moins de conséquences que dans ces dernières ! En choisissant telle ou telle ligne, vous aurez droit à une réponse adéquate de la part de votre interlocutrice, mais c'est à peu près tout. Le jeu revient aussitôt sur ses rails et, contrairement à ce qu'on pouvait espérer, le scénario principal n'est jamais impacté par vos choix.
Firewatch aurait pu faire un film très correct et, surtout, un excellent roman. Mais en tant que jeu vidéo, il manque encore un peu de coffre.
Ce qui veut également dire une seule fin possible et une rejouabilité quasi-nulle, ce qui pourra poser problème aux plus comptables d'entre vous, puisque la durée de vie tourne autour des quatre heures. L'intérêt du jeu est donc à chercher ailleurs. Dans l'écriture générale, dans l'ambiance mélancolique et dans les quelques événements perturbants qui viennent ponctuer le quotidien de nos gardiens. Le scénario n'hésite pas à nous lancer sur différentes vraies et fausses pistes (qu'on ne détaillera pas ici afin de ne rien gâcher) et soulève par moments des questions intéressantes. Hélas, la révélation finale manque un peu de piquant par rapport à tout ce qu'on a pu imaginer avant d'en arriver là. Il s'agit clairement d'une véritable volonté de la part des développeurs, et elle aurait pu faire mouche dans un autre cadre. Ainsi, Firewatch aurait pu faire un film très correct et, surtout, un excellent roman. Mais en tant que jeu vidéo, il manque encore un peu de coffre. Au final, la production de Campo Santo se révèle attachante, intéressante, mais également imparfaite et balbutiante. Une chose est sûre : nous sommes déjà curieux de voir ce que donnera le prochain jeu du studio !