Test également disponible sur : Wii U

Test Devil's Third : ni fait, ni à faire !

Test Devil's Third sur Wii U
La Note
note Devil's Third 8 20

Il fut un temps où Tomonobu Itagaki savait faire des jeux, où il n’avait pas besoin de monter au créneau pour tenter de décrédibiliser les testeurs, les taxant de joueurs no skill. Certes, Devil’s Third n’est pas un jeu qui se finit en claquant des doigts, mais ce n’est pas non plus Ninja Gaiden. Même si le jeu présente quelques similitudes avec ce dernier, il n’a malheureusement pas hérité de ses qualités. Mélange entre beat’em all à l’arme blanche et gunfights en vue FPS, Devil’s Third aurait pu être intéressant au jouer, mais il est plombé par une réalisation techniquement tellement à la ramasse qu’il a perdu toute sa crédibilité juste en s’affichant sur l’écran. C’est laid et c’est assez honteux de sortir ça en 2015. Le gameplay, qui a le cul entre deux chaises, ne manque pas non plus de nous faire sortir de nos gonds, avec des carences qui nuisent terriblement à l’envie de jouer au titre. Reste alors l’esprit un peu con-con de ce nanar qui ne se prend volontairement pas au sérieux mais qui fait rire quand même à ses dépens. Quelle tristesse sérieux…


Les plus
  • L’univers décalé et volontaire con
  • Un mode multi carré…
Les moins
  • …mais qui n’apporte au final rien au jeu
  • Les serveurs sont vides de toutes les manières
  • D’une laideur assez surprenante
  • Un chara-design de très mauvais goût
  • Un gameplay bancal, mal pensé et mal optimisé
  • La jouabilité manque de précision
  • L’I.A des ennemis est inexistante
  • Le scénario de bas étage
  • Se joue très mal au Wii U Gamepad
  • Un jeu comme ça en 2015 ? Seriously ?


Le Test

Cinq ans. C’est le temps qu’il aura fallu au studio Valhalla Game pour accoucher de leur premier jeu. Un développement compliqué qui a débuté sur PS3 et Xbox 360 sous l’égide de THQ, pour finalement atterrir en exclusivité sur Wii U avec l’aide financière de Nintendo. Avec à la tête de cette production japonaise le célèbre Tomonobu Itagaki, on était assez confiant quant au résultat de ce jeu d’action calibré pour un public occidental. Mais il semblerait que le créateur des séries Ninja Gaiden et Dead or Alive ait quelque peu perdu la main…


Devil s ThirdAvec sa peau ravagée, sa longue tignasse, ses lunettes de soleil et son look de vieux rockeur, Tomonobu Itagaki est le genre de créateur qu’on n’oublie pas une fois qu’on a croisé sa route. Car le physique va aussi avec la personnalité et le bonhomme n’est pas du genre à esquisser un sourire à la première personne venue.  Froid, distant, parfois hautain, Itagaki est aussi connu pour ses frasques sexuelles qui lui ont valu d’être rétrogradé au sein de Tecmo en 2006. Ses créations (Dead or Alive, Ninja Gaiden et Dead or Alive Xtreme Beach Voley-Ball) sont finalement assez proches de l’idée qu’on peut se faire du game designer japonais, qui a toujours su maîtriser tous les aspects de développement de chacun de ses jeux. Malheureusement, pour son premier titre en tant que véritable indépendant, il semble avoir quelque peu perdu les pédales. Ceci dit, ce n’est pas pour le scénario digne d’une série Z que Devil’s Third est aujourd’hui catalogué comme étant l’un des pires jeux de l’année. Certes, Ivan (le héros du jeu) comme tous les protagonistes de l’histoire sont tous de gros stéréotypes, mais on reste au final assez proche des histoires ringardes qu’Itagaki nous racontait dans Dead or Alive ou même Ninja Gaiden. Non, là où le bât blesse, c’est que Devil’s Third est un jeu à la réalisation obsolète, caduque et ce même s’il s’agit d’un jeu développé sur Wii U. A l’exception peut-être de la modélisation de certains personnages, le titre est à la ramasse techniquement. Mais vraiment. Les textures sont vilaines, les décors sont vides, sans vie et les animations nous renvoient directement à l’ère des jeux PS2 en extrapolant à peine.

 

BORDEL, C’EST MOCHE !
 

Devil s ThirdAu-delà de sa laideur surprenante pour un jeu qui sort en 2015, Devil’s Third est également handicapé par un gameplay assez bancal, qui mélange plusieurs genres. Pour faire simple, Itagaki a voulu séduire un large public occidental et sa meilleure des idées aura été de mélanger combats à l’arme blanche façon Ninja Gaiden et tir aux pigeons en s’inspirant des plus grands FPS de notre industrie. Concrètement, cela signifie qu’Ivan est un soldat complet, capable de manier aussi bien le sabre que le M16. En mode beat’em all, Devil’s Third se joue à la troisième personne, alors qu’on passe en vue subjective pour tout ce qui est gunfight. Dans l’absolu, on est censé pouvoir passer d’une vue à une autre avec une fluidité sans faille, mais il semblerait que les développeurs aient jugé bon de vouloir à tout prix intégrer des séquences d’animation supplémentaires qui hachent complètement le rythme. Dans un souci d’authenticité, Ivan range sa lame avant de dégainer son fusil d’assaut. Une chouette initiative pour l’immersion mais qui n’apporte pas grand-chose au schmilblick, surtout quand on constate à quel point le pattern des ennemis – et surtout des boss craqués – n’autorisent pas ce genre de handicaps. Car c’est en clairement un. Alors oui, les ennemis ne sont pas bien intelligents, mais ces derniers sont plutôt du genre pot de colle et coriaces, sans compter qu’ils ne loupent rarement leur cible. C’est d’autant plus rageant que la visée en mode FPS est d’une lenteur pachydermique qui tranche complètement avec le côté viscéral des combats à l’arme blanche.

 

A l’exception peut-être de la modélisation de certains personnages, le titre est à la ramasse techniquement. Mais vraiment. Les textures sont vilaines, les décors sont vides, sans vie et les animations nous renvoient directement à l’ère des jeux PS2 en extrapolant à peine.
 

Devil s ThirdTomonobu Itagaki a beau accuser les journalistes de n’être pas à la hauteur de son jeu et de manquer de skill, la vérité, c’est que Devil’s Third a été calibré avec les pieds. Et on vous passe bien évidemment tous les passages d’escalade et de saut qui ont eux aussi été développés à la va-vite. De même, le système de couverture fait fichtrement peine à voir, avec un Ivan qui se planque, sans vraiment se planquer, d’autant qu’il est impossible de passer d’une couverture à une autre, histoire d’aller jusqu’au bout de la démarche. De même, impossible d’enjamber un élément du décor en étant couvert, ce qui en 2015 est une parfaite hérésie. En fait, le problème de Devil’s Third, c’est qu’il souhaite toucher à tout sans jamais parvenir à atteindre son but. C’est bien connu, à force de vouloir tout faire, on finit par ne rien faire. C’est un peu la problématique de ce jeu qui partait pourtant avec de bonnes intentions et qui arrive aussi sur le marché avec 10 ans de retard. En fouinant un peu plus dans les aberrations du jeu, on remarque aussi que ce dernier a clairement manqué d’un contrôle-qualité, puisqu’il est souvent capable de gruger le jeu sans que celui-ci ne le remarque. Je m’explique. Dans le jeu, il est souvent demandé de nettoyer une zone de tous ses ennemis avant de pouvoir débloquer la suivante, mais avec un peu de culot et de la chance, il est possible d’esquiver les ennemis, d’ouvrir une porte qui déclenchera alors la cinématique annulant alors la mission qui était en cours. Et dans le jeu, ce genre d’absurdités ne nous ait pas arrivé qu’une seule fois.

 

COCKTAIL CORROSIF

 

Devil s ThirdMalgré ces grosses tares, Devil’s Third essaie tant bien que mal de vouloir séduire un public ciblé, celui ayant grandi avec les jeux d’action du début des années 2000. Le titre de Valhalla Game tente par exemple de varier les situations, et nous propose tantôt de prendre les commandes des armes lourdes d’un bombardier en feu, tantôt de piloter différents engins, un peu à la manière des Warthog de Halo. L’intention est louable, mais le résultat manque tellement de conviction qu’on finit par enchaîner les missions sans trop se poser de questions. Il ne vaut mieux pas d’ailleurs, car on passe souvent d’un niveau à un autre sans vraiment comprendre comment on a été catapulté à cet endroit. Il y a bien sûr des cinématiques pour nous expliquer le pourquoi du comment, mais on sent bien que la progression et le rythme n’ont pas fait l’objet de brainstormings très poussés. Là où Devil’s Third aura retenu notre attention, c’est davantage dans sa façon à imposer au joueur une certaine lecture des situations de danger dans lesquelles il se retrouve. Si les ennemis restent bêtes dans le fond, ces derniers attaquent en nombre et sont plutôt du genre coriace. Cette faculté à nous décapiter en un rien de temps oblige le joueur à ne pas foncer dans le tas tête baissée, mais à analyser le terrain pour soit privilégier le gunfight à distance, soit attaquer au corps-à-corps. C’est là où l’on reconnaît la patte d’Itagaki qui a clairement pensé le jeu pour ses premiers fans, les joueurs les plus hardcores. Ça sera malheureusement insuffisant.

 

A l’exception peut-être de la modélisation de certains personnages, le titre est à la ramasse techniquement. Mais vraiment. Les textures sont vilaines, les décors sont vides, sans vie et les animations nous renvoient directement à l’ère des jeux PS2 en extrapolant à peine.

 


Devil s ThirdReste alors le mode multi, lui aussi placé ici pour tenter de séduire un maximum de joueurs, même s’il semble assez incongru de se retrouver à défourailler des ennemis humains dans un jeu de cette trempe. Là encore, n’étant pas à l’aise avec ce genre de contenu, Itagaki et son équipe se sont reposés sur ce qui se fait chez les voisins, et c’est sans surprise qu’on retrouve tous les modes classiques des FPS qui se jouent principalement online. Les fans de customisation seront également ravis d’apprendre que Devil’s Third comporte un éditeur – assez complet – qui permet de personnaliser avatar, armes et spécialisation de classes. A l’instar du solo, le multi n’hésite pas à mélanger beat’em all à l’arme blanche et gunfights en vue subjective. Là encore le mélange des genres n’est pas fameux, même si se battre contre d’autres joueurs se révèle être plus intéressant qu’affronter des bots neuneus. Mais bon, pour pouvoir profiter complètement du multi, il va falloir être sacrément motivé, les serveurs étant en prime complètement désertés. Développé sur la base du mode économique du free-to-play (pour préparer l’arrivée de la version PC), le mode multi est truffé de contenu à débloquer moyennant des œufs dorés qu’on récupère en jouant un maximum aux modes proposés. Mais comme dit plus haut, faut de la volonté et de la motivation pour aller jusqu’au bout.


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