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Ce troisième épisode d'Alerte Rouge suit l'exemple de Command & Conquer 3 et se montre donc d'une efficacité à toute épreuve. Les joueurs novices apprécieront l'accessibilité du jeu et l'orientation action des missions solo, tandis que les stratèges émérites sauront faire bon usage des spécificités et de la variété des unités lors des affrontements multijoueurs. Mais c'est surtout par la présence d'un mode coopératif fort bienvenu que le jeu se démarque de la concurrence. A quelques détails prêts, Electronic Arts a réalisé un sans-faute et la série Command & Conquer confirme incontestablement son statut de RTS culte. En attendant Dawn of War 2 et Starcraft 2, on ne pouvait rêver mieux...
- Graphismes explosifs
- Vidéos typiquement Command & Conquer
- Des unités originales
- Mode coopératif
- Doublage français décevant
- Zoom arrière limité
- Chat room perfectible
A l'heure où le développement du FPS basé sur l'univers de Command & Conquer se voit avorté par son éditeur, il est bon de pouvoir se reposer sur des valeurs sûres. Tout comme Command & Conquer 3 l'année dernière, Alerte Rouge 3 remet au goût du jour une recette stratégique qui a fait maintes fois ses preuves par le passé. Si les bases sont extrêmement classiques (récolte de minerai, édification de bâtiments, développement d'unités...) Electronic Arts a su innover ici ou là, de manière toujours judicieuse.
Puisqu'elle se concentre sur des évènements du XXème siècle, la série Alerte Rouge constitue en quelque sorte la branche passéiste de l'univers Command & Conquer. Mais pas de panique, armement de haute technologie et unités futuristes répondent tout de même à l'appel. Le scénario ne se veut d'ailleurs absolument pas réaliste puisqu'il met en scène une machine temporelle, qui permet aux forces soviétiques d'assassiner Albert Einstein avant qu'il ne développe sa théorie de la relativité. Quelques années plus tard, les Alliés ne pourront donc pas disposer de l'arme atomique ! Mais il ne faut jamais sous-estimer l'effet papillon... Au final, les communistes se retrouvent à affronter des Alliés certes affaiblis mais également le flambant neuf Empire du Soleil Levant. C'est tout bénéfice pour le joueur, qui profite ainsi de trois factions distinctes, chacune ayant droit à sa propre campagne solo. La plupart des unités sont spécifiques à chaque camp et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles ne manquent pas d'originalité. Dauphins équipés d'armes soniques et espions transformistes chez les Alliés, ours guerriers et canon propulseur d'infanterie pour les Soviétiques, ninjas et véhicules protéiformes façon Transformers pour l'Empire. Ajoutez à cela quelques héros dotés de capacités très spéciales, une multitude de pouvoirs de soutien dévastateurs, et vous obtenez un arsenal aussi enthousiasmant que fantaisiste.
Le kitsch, c'est chic
A l'inverse d'un Command & Conquer Generals, Command & Conquer : Alerte Rouge 3 a le bon goût de ne jamais se prendre au sérieux. C'est manifeste dès le didacticiel, qui joue à fond la carte de l'humour. On y croise une boutique de donuts bio, un fast food Burger Kong ou encore des chars parlants qui tirent des feux d'artifice et n'hésitent pas à vous apostropher d'un "que diraient vos amis si vous foiriez un tuto ?". Le ton est donné ! Dans la campagne à proprement parler, ce sont surtout les vidéos qui donnent le sourire. Dans la plus pure tradition Command & Conquer, elles mêlent acteurs réels et décors virtuels, avec juste ce qu'il faut de kitsch assumé pour qu'on les regarde toujours avec plaisir. A la pléiade d'acteurs américains plus ou moins connus vient se joindre une collection de babes que ne renierait pas un stand de l'E3. Electronic Arts joue l'atout charme jusqu'au bout puisqu'un poster des sept créatures de charme du jeu est inclus dans le boîtier. Les geeks apprécieront et les geekettes n'auront pas à s'en formaliser. L'ambiance est plutôt sexy / sympa que vulgaire et déplacée. Si les vidéos constituent un point fort de Command & Conquer : Alerte Rouge 3, elles sont également l'occasion d'en pointer l'un des rares défauts : la version française. Sans être catastrophique, cette dernière peine à convaincre. On reconnaît pourtant la voix de doubleurs professionnels, mais ils sont manifestement peu inspirés et ne prennent même pas la peine de reprendre les accents soviétiques présents en V.O. De plus, la synchronisation labiale est tout simplement inexistante. Dommage qu'on ne puisse pas passer le jeu en anglais, malgré la présence d'un trompeur "Choisir la langue" dans le menu de lancement. Bon point en revanche pour la possibilité de relire à la suite les unes des autres toutes les vidéos débloquées.
A deux, c'est mieux
Mais la véritable nouveauté du jeu concerne l'apparition d'un mode coopératif. Chaque mission de la campagne met en scène deux commandants, qui collaborent pour éradiquer l'ennemi. En solo, c'est naturellement l'I.A. qui se charge de l'un d'entre eux, de manière assez efficace qui plus est. Mais il suffit de se connecter au net pour pouvoir la remplacer avantageusement par un joueur humain. Les rôles n'étant jamais bêtement symétriques ni outrageusement disproportionnés, cette fonctionnalité conviviale est une totale réussite. Les deux commandants partagent équitablement les ressources récoltées et doivent impérativement coordonner leurs attaques pour remporter la victoire. Une petite composante stratégique supplémentaire forcément bienvenue dans un RTS tout de même majoritairement porté sur l'action ! Le mode coop' constitue de plus un bon moyen de rallonger la durée de vie du jeu. Naturellement, les classiques escarmouches et affrontements multi répondent également à l'appel. Un seul regret pour le moment : l'interface de discussion en ligne ne permet pas de classer les pseudos par ordre alphabétique, ce qui ne permet pas de retrouver facilement un utilisateur pour lui envoyer un messages privé ou l'ajouter à sa liste d'amis. Gageons qu'un patch viendra rapidement corriger cela, un premier correctif étant déjà disponible pour remédier à un bug qui ralentissait parfois l'affichage du menu principal.
Dans la plus pure tradition Command & Conquer, les vidéos mêlent acteurs réels et décors virtuels, avec juste ce qu'il faut de kitsch assumé pour qu'on les regarde toujours avec plaisir. A la pléiade d'acteurs américains plus ou moins connus vient se joindre une collection de babes que ne renierait pas un stand de l'E3."
Il faut le reconnaître, les développeurs d'Electronic Arts ont le sens du travail bien fait. L'habillage, tant visuel que sonore, rappelle efficacement l'époque de l'URSS. C'est un régal pour les yeux comme pour les oreilles et, de plus, tout est fait pour faciliter la vie du joueur. Ainsi, des petites vidéos sont disponibles à tout moment dans le jeu pour détailler les spécificités de chaque unité. Et alors que la plupart des RTS butent sur la question des forces maritimes (soit totalement absentes, soit mal intégrées au reste des combats), Alerte rouge 3 résoud le problème en proposant beaucoup d'unités aussi à l'aise sur l'eau que sur terre. Ainsi, certains bateaux se voient pousser des pattes lorsqu'ils touchent terre tandis que les ingénieurs embarquent sur un canot pneumatique dès qu'ils font trempette. Malin ! Enfin, si le moteur 3D, identique à celui de Command & Conquer 3, se montre toujours aussi limité en ce qui concerne la portée du zoom arrière, il affiche avec fluidité des graphismes extrêmement colorés, voire tape à l'oeil, qui s'accordent parfaitement avec l'univers du jeu.