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Marier un univers à la GTA avec des mécaniques de jeu héritées des MMORPG était une idée judicieuse. Seulement voilà, les développeurs n'ont pas poussé le concept suffisamment loin et le résultat est bien loin d'un véritable titre massivement multijoueurs. A peu de choses près, APB All Points Bulletin aurait pu constituer le mode multi d'un jeu classique. En l'état, on aura donc un peu de peine à sortir à nouveau le portefeuille une fois les 50 heures de jeu initiales dépassées. De plus, pour que les serveurs soient encore suffisamment occupés dans quelques mois, il va falloir que de nouveaux modes fassent leur apparition. Notamment du PvP sauvage, qui fait cruellement défaut à l'heure actuelle.
- Amusant à petites doses
- La personnalisation poussée
- La recherche automatique de groupe
- Pas un vrai MMO
- Pas de PvP sauvage
- Assez répétitif
- Réalisation technique moyenne
Le succès de World of Warcraft ainsi que celui des GTA fait naturellement des envieux. On s'attendait donc depuis longtemps à voir débarquer un jour ou l'autre un MMOTPS urbain, où de multiples gangs mettraient à sac une ville ouverte. C'est aujourd'hui chose faite, ou presque, avec APB All Points Bulletin. La nouvelle production des développeurs de Crackdown manque tout de même d'envergure, alors même qu'elle repose sur un modèle économique coûteux, puisque basé sur l'achat de temps de jeu.
Comme c'est encore trop souvent le cas dans les jeux en ligne, le scénario d'APB All Points Bulletin s'avère désespérément minimaliste. Il se contente de nous présenter San Paro, une ville en proie à l'anarchie la plus totale. Ce cadre n'est qu'un prétexte à une guerre ouverte entre deux camps diamétralement opposés : les criminels et les justiciers. Les uns comme les autres peuvent réquisitionner les véhicules civils et faire usage d'armes à feu comme bon leur semble. Pour autant, n'allez pas imaginer un univers totalement ouvert où vous pourriez parcourir en toute liberté des dizaines de kilomètres et croiseriez la route de milliers d'autres joueurs. En réalité, la ville est divisée en quelques quartiers indépendants, eux-mêmes dupliqués à l'infini en différentes instances, afin que le nombre de joueurs actifs soient en permanence limité à cent. Nous sommes donc bien plus proches d'un système à la Guild Wars que d'un véritable titre massivement multijoueur. Les limitations sont d'autant plus fortes que la cinquantaine de justiciers présente dans un quartier donné ne peut pas affronter directement la cinquantaine de criminels qui se trouve dans la même instance. Les adeptes du PvP sauvage en seront pour les frais, on ne peut effectivement abattre que les adversaires désignés par la mission en cours. Cela pose un sérieux problème d'immersion puisqu'en pratique, la plupart des joueurs qui peuplent la ville se retrouvent insensibles à nos tirs. Vous aurez beau incarner un justicier et prendre un criminel en flagrant délit de vol de voitures, il ne servira strictement à rien de lui tirer dessus. Le jeu impose de se concentrer sur des objectifs bien précis et limite au final la majorité des combats à des affrontements modestes, réunissant une dizaine de participants. Cela reste sympathique, mais tout de même bien peu pour un jeu exclusivement en ligne. De plus, les différentes missions qui nous sont proposées tournent assez rapidement en boucle. En l'absence de véritables PNJ ou d'adversaires contrôlés par l'ordinateur, on finit toujours par aboutir à un affrontement simple et direct entre deux groupes de joueurs, quel que soit la justification initiale (attentats, trafic de drogue, récupération d'un véhicule volé, tête mise à prix...).
Thérapie de groupe
Il convient d'ailleurs de déconseiller d'emblée le jeu à tous les loups solitaires. Seul, on ne survit jamais longtemps et on s'ennuie rapidement. Heureusement, la fonction de recherche de groupe est particulièrement performante. Une simple pression sur la touche B lance le processus, et quelques secondes plus tard, on se retrouve avec de nouveaux amis assignés à la même mission que nous. Evidemment, l'idéal reste quand même de jouer avec des personnes qu'on connaît vraiment, en utilisant un micro-casque. L'aspect tactique du jeu s'en trouve immédiatement enrichi puisque, dans ce cadre, on n'hésite pas à discuter de manœuvres de contournement et à signifier à ses coéquipiers qu'on monterait volontiers dans le même véhicule qu'eux. Outre le plaisir d'une balade à plusieurs et la certitude d'arriver tous en même temps à destination, les passagers peuvent également se régaler de la possibilité de tirer par les fenêtres. Au choix, ils pourront rester sagement dans l'habitacle à l'abri des balles, ou s'asseoir sur la portière, toutes vitres ouvertes, pour canarder les ennemis alentours. Depuis l'extérieur, on aurait aimé pouvoir tirer sur un conducteur afin de créer un accident aussi spectaculaire qu'efficace, mais il semblerait que tous les pare-brises de la ville soient blindés. Les véhicules possèdent en réalité une barre de santé et finissent par exploser lorsqu'elle tombe à zéro. Un système un peu simpliste, qui traduit par ailleurs une réalisation technique en demi-teinte. Si la ville semi-ouverte semble crédible, vivante et reste globalement agréable à l'œil, les graphismes n'atteignent jamais des sommets. Certaines animations, notamment celles de saut, semblent un peu trop raides, et la conduite des véhicules manque singulièrement de souplesse. Quant aux sensations de tir, elles sont plombées par une absence totale de localisation des dégâts. Inutile donc de chercher à réaliser de beaux tirs à la tête, car ils ne feront pas plus de mal à l'adversaire qu'un tir quelconque, grossièrement réalisé. De ce fait, la puissance de l'arme que tient en main le personnage a bien plus d'importance que l'habileté du joueur à s'en servir. De plus, le jeu se montre capricieux avec certains systèmes d'exploitation. Pour notre part, il a été impossible de le faire tourner correctement sous XP, alors que la fluidité s'est montrée au rendez-vous sous Vista (sur la même machine). D'autres joueurs encore parlent de problèmes spécifiques selon qu'ils utilisent un système d'exploitation 32 ou 64 bits.
En revanche, s'il est un point sur lequel All Points Bulletin s'avère irréprochable, c'est bien celui de la personnalisation. A commencer par celle du personnage, qu'on peut réellement modeler à sa guise. Il est non seulement possible de paramétrer finement ses traits physiques, mais également de le tatouer et le maquiller comme on l'entend. Ces opérations peuvent être réalisées en cours de jeu dans un kiosque de personnalisation d'avatar. On en trouve notamment dans le quartier social, zone neutre où il est totalement impossible d'ouvrir le feu et où, accessoirement, le jeu s'autorise à réunir exceptionnellement 250 joueurs. L'action laisse alors la place à un "gameplay" que ne renieraient pas les Sims, Second Life ou encore certains titres grand public réservés aux victimes de la mode. Car on a également accès à un kiosque garde-robe, qui permet d'acheter et de créer différentes tenues avec l'argent récolté lors des missions de combats. La créativité est également au rendez-vous dans le kiosque design, dédié à l'élaboration de logo personnalisés, à placer par la suite sur les vêtements et les véhicules. Ces derniers sont customisables et achetables dans le kiosque garage, tandis que le kiosque à musique autorise la création de jingles qu'entendront nos adversaires au moment de leur mort. Naturellement, vous pourrez également importer votre collection de MP3 dans le jeu, afin de profiter d'un environnement musical aux petits oignons. De quoi rehausser l'intérêt de l'aventure et lui accorder un aspect "persistant" qu'on a parfois du mal à sentir par ailleurs. La progression globale du personnage a beau être représentée par différentes valeurs (rang, niveau de menace, réputation...) et donner accès à des armes de plus en plus puissantes, on ne ressent pas les mêmes frissons qu'avec un véritable MMORPG, où l'évolution du héros est capitale et sans-fin. Dès lors, le modèle économique d'APB apparaît un poil exagéré. Si l'achat du jeu donne droit à un accès illimité au quartier social, il ne permet de profiter des quartiers d'action que pendant 50 heures ! Ensuite, il faudra repasser à la caisse et acquérir des points RTW à échanger contre du temps de jeu ou encore des objets à acheter dans la salle aux enchères. Disponibles à un taux de change de 2,25€ les 100 points, ils permettent concrètement d'obtenir 20 heures de jeu supplémentaires pour un peu plus de 6 euros. Peut-être pas le meilleur investissement à réaliser en ces temps de crise...Nous sommes donc bien plus proches d'un système à la Guild Wars que d'un véritable titre massivement multijoueur. Les limitations sont d'autant plus fortes que la cinquantaine de justiciers présente dans un quartier donné ne peut pas affronter directement la cinquantaine de criminels qui se trouve dans la même instance."