Star Wars : The Old Republic
Il y a bien longtemps, dans notre galaxie, des milliers de joueurs découvraient le premier MMORPG consacré à l’univers Star Wars. Mais voilà, du loot a passé dans les coffres depuis la sortie de Star Wars Galaxies en juin 2003, et Blizzard a dévoré le marché du jeu de rôle en ligne avec son World of Warcraft paru un peu plus d’un an plus tard. Après cinq ans d’hégémonie totale, l’heure est-elle venue pour l’ogre californien de partager son trésor de guerre ? C’est ce que souhaitent quelques concurrents, à commencer par BioWare qui se décide enfin à explorer les exotiques territoires du jeu communautaire.
Ils règnent quasiment sans partage sur le RPG à la mode occidentale depuis quelques années déjà. De Baldur’s Gate à Mass Effect, les Canadiens de BioWare ont largement démontré leur talent, et ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. De sortie lors du showcase hivernal d’Electronic Arts, Ray Muzyka, cofondateur du studio, s’est donc fait un plaisir de nous présenter ses deux futures bombes, Mass Effect 2 présenté ici il y a quelques semaines, et Star Wars : The Old Republic qui s’est laissé manipuler par nos petites mains fébriles.
World of Star Wars
Star Wars, les développeurs basés à Vancouver connaissent bien. N’ont-ils pas signé le meilleur RPG consacré à la saga, l’excellent Star Wars : Knights of the Old Republic ? N’ont-ils pas sous-traité à Obsidian Entertainment le développement du deuxième meilleur RPG consacré à la saga, le très bon Star Wars : Knights of the Old Republic II – The Sith Lords ? Après de tels succès, la collaboration entre Lucas Arts et BioWare ne pouvait être remise en question, et l’annonce du développement d’un nouveau jeu sous licence n’a étonné personne. Ceux qui rêvent de se frotter à l’Etoile Noire en seront toutefois pour leurs frais, puisque cette nouvelle aventure se déroulera plus de trois millénaires avant la saga cinématographique. Que les puristes, comme les simples amateurs se rassurent, l’univers – un peu moins technologique et un peu plus mystique – ne les dépaysera toutefois pas trop. Les deux associés jouent toutefois aujourd’hui sur un terrain bien différent de celui qu’ils avaient précédemment exploré. Ce Star Wars : The Old Republic marque en effet les premiers pas du développeur sur le terrain du MMO, secteur ultra-concurrentiel. Après quelques minutes de présentation et un quart d’heure de prise en main, il nous est évidemment bien difficile de nous prononcer sur l’intérêt du projet, mais cette brève entrevue nous a au moins permis de découvrir quelques-uns des choix opérés par les développeurs. Le premier d’entre eux, c’est un désintérêt total pour l’esbroufe. Loin de chercher à épater la galerie avec des graphismes époustouflants, BioWare nous a dévoilé un jeu techniquement quelconque mais propre et parfaitement à même de tourner sur des configurations raisonnables. Cette modestie esthétique permettra théoriquement de limiter le lag, pire ennemi du rôliste sociable.
Quelques PNJ, pas mal de créatures, une prise en main classique et limpide, l’expérience ne fut pas transcendante mais les affrontements ne manquaient pas de dynamisme, l’action se révélait globalement fluide et l’esprit de la saga [...] animait bel et bien ce nouveau projet."
Quelles que soient ses affinités au sein du panthéon Star Wars, celui-ci devrait trouver ici son bonheur. Bien consciente qu’un MMORPG ne saurait rencontrer le succès sans offrir de héros charismatiques à ses utilisateurs, l’équipe a conçu huit classes distinctes – quatre pour chaque côté de la Force – et toutes à même de ravir les fans. Six d’entre elles ont déjà été révélées (Jedi Knight, Smuggler, Trooper chez les "gentils", Sith Warrior, Imperial Agent et Bounty Hunter de l’autre côté du sabre laser), qui offrent des caractéristiques et des skills évidemment variés. Chaque classe compte également diverses spécialisations, comme le Smuggler, ancêtre d’Han Solo, doué pour l’infiltration et les coups en traitre, qui pourra opter pour la voie du Gunslinger (deux pistolets, attaque à distance, beau parleur), ou celle du Scoundrel (infiltration, soin, attaque au corps à corps). La présentation fut surtout l’occasion de découvrir les deux derniers invités du jeu, le Jedi Counsular et le Sith Inquisitor, aux pouvoirs à peu près équivalents à ceux de Yoda et de l’Empereur. Les deux pourront donc manier le sabre-laser et faire un usage assez immodéré de la Force, pour repousser, soigner, étourdir, ou carrément blesser, le premier utilisant la télékinésie tandis que le second fait usage de l’électricité. Chaque héros pourra s’entourer de compagnons, et BioWare s’est empressé de nous dévoiler deux des compères possibles du Sith Inquisitor, Khem Val the Dashade, un tank forcément adepte du corps à corps aveugle, et Xalek the Kaleesh, un guerrier sith. Histoire de nous familiariser davantage avec les petits nouveaux, nous avons pris le contrôle d’un Sith Inquisitor en vadrouille sur la mère patrie de la Force, Tython. La démo nous plaçait à l’entrée d’un donjon, que nous nous sommes empressés de visiter histoire de tester les pouvoirs rigolos de notre avatar du jour. Quelques PNJ, pas mal de créatures, une prise en main classique et limpide, l’expérience ne fut pas transcendante mais les affrontements ne manquaient pas de dynamisme, l’action se révélait globalement fluide et l’esprit de la saga – ou plutôt l’esprit KOTOR – animait bel et bien ce nouveau projet. BioWare a toutefois rappeler aux journalistes présents que pour faire un bon RPG, et a fortiori un bon MMORPG, il est indispensable de soigner quatre facettes de son jeu : l’histoire, la progression, les combats et l’exploration. Côté combat et du peu que nous ayons pu en voir, Star Wars : The Old Republic est relativement prometteur. Pour le reste, il faudra probablement patienter jusqu’à l’ouverture de la bêta sur PC, quelque part en 2010, pour savoir si le studio interne d’EA a su respecter ces quatre principes, et si ceux-ci s’appliquent en l’état au très difficile marché du jeu de rôle en ligne.